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Ça tourne mal !

L’apathie générale est grande.
Penser que les gens tiennent à la démocratie, à la liberté du commerce et à celle d’entreprendre, est faux.
Les gens sont complètement hors sujet, en phase ou, si on veut, en « idylle » avec une morale d’Etat, même si certains d’entre eux vivent sans éthique, s’en défendant pour éviter la sanction.
C’est une des premières réflexions de la philosophie :
L’Homme est rassuré quand il pense que l’Etat veille sur lui ! Il ne pose la question de la liberté que lorsque celle-ci n’existe plus et qu’il est trop tard pour la sauver. Mieux encore, la plupart vivent et meurent sans la conscience de ce qu’est la liberté.
Il besogne quand il le peut, consomme s’il a les moyens et se résigne dans tous les cas de figure de n’être pas à la hauteur, quand on lui demande de faire plus d’efforts et qu’il ne le peut pas.
Il vit de plaisirs simples à sa portée et qui ne le portent pas à réfléchir sur sa condition, des plaisirs passifs où il n’est pas acteur, mais spectateur. Quand il en est privé, il se dit d’abord que la cause première de cette privation gît en lui-même. Il estime que cette régression n’a été possible que parce qu’il n’a pas été assez performant, que l’esprit de compétition est moins prégnant en lui et il s’en désole.
C’est dire que cette crise, il ne l’analyse pas. Il n’en cherche pas les causes. Il la subit, c’est tout. Il gobe les sornettes des économistes, se réjouit des « mesures » pour redémarrer l’économie et croit – dur comme fer – que ça va repartir comme avant, comme si de rien n’était...
Il aura subi quelques retards : salaire, espérance, plan de carrière, mais, baste ! il pense qu’il va rattraper demain le temps perdu, par plus de travail.
Il a bien une vague idée de l’écologie, mais il ricane aux propos de ceux qui prédisent des pénuries, des conditions nouvelles de vie, etc. Il écoute, il acquiesce tout en restant dubitatif.
Il ne croit pas possible de revenir en arrière tant son confort est encore modeste.
Quand Jean-François Kahn, Michel Onfray et combien d’autres, par exemple les rubriques de Marianne (Les Blogueurs associés, Malakine cette semaine), disent que nous ne sommes plus dans le système capitaliste, et que c’est en vain que l’on essaie de moraliser ce qui reste, il refuse d’entrer dans ce raisonnement, sans pouvoir en donner les raisons !

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Bien sûr, l’opinion dérangeante est complètement ou presque censurée. On entend rarement des arguments qui désavouent le consensus officiel. Ils font peur, donc ils sont hors norme, impossibles ! C’est comme si les gauchistes avaient brusquement raison ou que Sarkozy était devenu fou !
Les gens n’ont pas compris qu’en sauvant les banques, on a sauvé des intérêts, des emplois, tout ce qu’on voudra sauf la pérennité du système capitaliste, essentiellement basé sur la liberté d’entreprendre, mais aussi sur la responsabilité de l’entrepreneur d’assumer ses échecs.
Ils n’ont pas compris que les plans de relance et les aides aux entreprises procèdent de la même logique et que, à moins d’un passage en force d’une forte opposition, le capital collectif mis à contribution ne contribuera pas à améliorer le sort collectif.
Les gens ne comprennent pas pourquoi les milliards versés dans les trous du système ne pourraient pas l’être pour améliorer leur pouvoir d’achat, la sécurité sociale et les pensions ? Ils ne saisissent pas la réalité d’un courant qui passe du travail à la fortune, en un véritable essorage d’une classe productive pour une autre productiviste par délégation, et qu’il est impossible sous peine de chaos que ce courant s’inverse.
Le système capitaliste a vécu entraînant dans sa chute les semblants d’une démocratie qui ne s’est pas faite avec lui, mais plutôt contre lui. Un régime nouveau se cherche.
Il émerge déjà. Ce sera sans doute une oligarchie camouflée, sous le motif qu’il n’y a pas moyen d’échapper à la tradition économique, de la banque et des Bourses.
Pour l’instant, ce n’est encore qu’une démocratie en phase de rétrécissement.
Et puisque les gens ne voient pas, en décembre 2008, que ce n’est plus le régime dans lequel ils avaient vécu jusqu’en 2007, cette oligarchie aura tout le temps de se perfectionner, de resserrer les mailles du filet, avant de placer les masses devant le fait accompli.
Il est à retenir que les acteurs actuels du pouvoir en sont les complices.

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