Dernières nouvelles de la crise.
La BMW est très prisée à la Chambre et au Sénat. Les présidents en sont pourvus. Espace assez vaste à l’arrière de sorte que l’on peut étendre les jambes, du plein cuir partout, la finition en bois précieux, le prix aussi, c’est sans doute cela qui a déterminé le choix. Ce qui ne veut pas dire que Mercedes c’est moins bon, non… mais, c’est d’un cossu qui fait parvenu, la classe ce n’est pas ça…
Les couleurs ne sont pas trop voyantes, le noir fait évidemment très chic, très sobre, presque dépouillé comme l’actionnaire de base de chez Fortis…
Les comparaisons sont plus faciles à faire en temps de crise. C’est un défilé, presque comme au Salon. Les pontes vont et viennent. Les populations ébaubies croient assister à un rallye pour une cause humanitaire. Les passagers ont l’air suffisants, mais plus préoccupés que d’habitude.
Par rapport à l’avant-guerre, il manque les chapeaux, le gilet gris perle sous la jaquette…
Tout le parc automobile aux petits numéros est à la fête.
Cette année, ce qui fait tendance, c’est d’être vu à côté du chauffeur. Très prisé parmi les présidents de parti, certains vont même jusqu’à tenir le volant.
Les vitres teintées sont d’usage. Cela fait mystérieux. On se dit « Tiens, c’est la voiture de Chose ». Vitres relevées, peut-être a-t-il été pressenti par le roi pour remplacer Leterme et qu’il passe devant la meute dans la plus entière discrétion.
Les gendarmes fluos ouvrent et ferment la grille du château, parfois ils saluent, à d’autres moments pas… Ils ont la liste des immatriculations. Les visiteurs ont le petit macaron des parcs de voitures fédéraux ou régionaux.
La nuit, c’est fantasmagorique.
Une 3000cc troue la nuit de ses phares halogènes. Elle sort quasiment du néant des néons jaune tous les cent mètres. Puis c’est l’arrivée devant la grille, le gendarme sort de la poterne. Il est prévenu. La fouille au corps c’est pour Mohammed aux Marolles. Ici, c’est du sérieux. C’est la Nation qui passe, au château madame !...
A l’autre bout de l’allée sur les cailloux desquels les pneus crissent, on devine l’arrivée sous le portique du perron. Un attaché de la maison du roi attend. Un valet de pied se précipite…Il tient ouvert un grand parapluie de golf… En général, la clim des grosses cylindrées permet de garder la tenue de ville sans pardessus. On ne refroidit pas sur cinq mètres de parcours avant de retrouver le royal chauffage, la salle d’attente, ou directement les appartements dans lesquels le roi choisit un bureau, un salon, parfois une salle à manger pour un encas.
Seul inconvénient de ce luxe discret, le confort amollit, la chaleur engourdit.
C’est le contraire d’un cabinet médical. Ici, celui qui reçoit consulte.
Les chauffeurs contrairement à ce que leur fonction indique, ne se chauffent pas directement en poussant sur vingt-cinq le thermostat royal. Ils s’installent dans une sorte de corps de garde à proximité des voitures. Comme ils peuvent y attendre des heures, il y a des illustrés et des revues comme chez le dentiste. Peut-être échangent-ils quelques plaisanteries en flamand, bien entendu, puisque les consultations balaient le Nord du pays ce soir, et que ce serait un monde qu’un CD&V engageât un chauffeur francophone.
La Presse tient le public au courant des allées et venues. C’est une fonction majeure de la démocratie (pas les allées et venues, la Presse). Ainsi, le public est en direct du comings and goings (en anglais c’est plus chic).
Hélas ! les temps sont difficiles. La frilosité bannit l’ostentatoire. Seule la grosse bagnole persiste contre vents et marées. Une passion que le monde officiel partage avec les truands.
Depuis belle lurette, les toilettes ne se détaillent plus. Sauf peut-être pour les quelques femmes qui réussissent à se maintenir dans ce milieu d’hommes. Que les puristes se rassurent, les couturiers belges sont chers aussi.
Quant à nos importants, c’est bien simple, on ne trouverait pas un seul hurluberlu sans cravate. Elle est de rigueur sur un costume croisé de couleur sombre.
Comme il faut un leader dans l’art de s’habiller au plus haut niveau, c’est Armand De Decker qui joue le rôle du beau Brunel. Il y excelle. C’est très british, très enlevé…
Un premier ministre au costume ? Assurément Armand serait désigné d’office.
Voilà, c’est le compte-rendu le plus exact pour ce soir. Vous savez tout !
Juste une information qui n’est pas digne de figurer parmi les Nouvelles de ce soir, il paraît que le groupe K (Kauphting) a été sauvé du désastre par Kadhafi… Quand nécessité fait loi…
C'était prémonitoire, K... comme Kadhafi. L'homme ne pouvait pas faire autrement.