Fin de la Mittalurgie !
Il y a une différence évidente entre les pourparlers en Belgique sur la fermeture par Mittal du chaud à Liège et ceux qui ont lieu en France pour le site de Florange.
En Belgique, sous la pression des ministres socialistes en charge des responsabilités régionales, les syndicats ont résolument tourné le dos à la poursuite des activités et commencé des démarches auprès de leur employeur pour financer les départs et l’arrêt définitif.
En France, Montebourg a l’air de vouloir remuer ciel et terre afin de poursuivre les activités du site, hors du contrôle de cette pieuvre mondiale qu’est Arcelor-Mittal dont le but est de rentabiliser le fer au maximum, dans des entreprises à main-d’œuvre moins chère.
Ce sont deux philosophies évidemment fort différentes.
La solution belge est celle d’un abandon de la lutte, la reconnaissance des syndicats et de la Région de toutes les décisions de Mittal.
Les menaces de Mittal d’un éventuel boycott en cas de poursuite des activités métallurgiques sous la responsabilité de la Région en attendant un repreneur, sont patentes.
C’est assez surprenant que la Région wallonne, le parti socialiste, la FGTB et surtout le MR qui y met une sorte d’acharnement, cautionnent l’auteur d’un délit appelé en économie « monopole naturel » (natural monopoly) passible des tribunaux de commerce pouvant entraîner de lourdes amendes (des centaines de millions de dollars), délit d’autant plus grave qu’il est assorti d’une menace de boycott.
On voit bien que la position des pantouflards de la Région est à court terme, celle d’un lâche abandon, avec des syndicats plus sensibles au fric qu’aux vies brisée et au travail perdu pour tous ceux qui n’entreront pas dans l’accord, notamment les sous-traitants, dont les boîtes fermeront sans autre chose qu’un droit de s’inscrire au chômage.
C’est tout à fait lamentable !
Sans doute, entre-t-il aussi dans la capitulation des travailleurs du chaud un intérêt financier qui en fera des chômeurs de luxe ou des préretraités à l’aise, sans se soucier des dégâts collatéraux et de la fin d’un savoir exceptionnel de plus de deux siècles.
Et dire que des libéraux de l’Open VLD pensent que le gouvernement Di Rupo est trop à gauche !
Tout cela est profondément écœurant et augure mal des luttes futures, quand Di Rupo en viendra aux choses sérieuses sur la manière dont la Belgique remboursera la dette.
Autre langage en France, de gesticulation peut-être, mais qui a de la gueule : "Nous sommes aujourd'hui dans un bras de fer qui commence, et nous allons le mener ensemble", a déclaré Arnaud Montebourg, le 27 septembre 2012, devant les salariés du site d'Arcelor-Mittal de Florange. Le ministre du Redressement productif a essuyé les sifflets des salariés pendant toute la durée de sa prise de parole alors que la direction d'Arcelor-Mittal a confirmé au gouvernement la fermeture définitive des deux hauts fourneaux de l'aciérie. »
On ne sait pas si Montebourg réussira. Mais au moins aura-t-il essayé. Ce qui n’est pas le cas chez nous.
La FGTB et Marcourt ont vendu le droit de casser l’outil du chaud et font perdre au moins le double des 795 emplois direct à Seraing, pour 138 millions d’euros de promesses pour le froid !
Mittal aura beau signer, l’enveloppe va s’échelonner sur plusieurs années et peut-être, puisque chez Arcelor-Mittal on n’en est pas à un reniement de signature prêt, le froid ne verra-t-il jamais le moindre euro.
On l’a déjà dit, ce n’était déjà pas trop malin de couler des brames à Seraing pour les utiliser à Chertal, ce sera encore moins rentable de les faire venir d’encore plus loin.
Il paraît que c’est la façon aujourd’hui de faire commerce : on casse l’outil plutôt que de le céder à un concurrent et ceux qui regardent casser l’outil, disent qu’on a raison.
Et les loustics de Namur voudraient qu’on applaudisse !