La mondialisation : une affaire de voyous ?
Régner sur les populations sans partage, c’est ce que fait un gestionnaire politique, quitte à ce qu’il y ait de temps à autre une alternance. C’est-à-dire des gens qui pensent absolument comme lui, mais qui tiennent un autre langage, pour un résultat identique.
Bien certainement, il existe des analyses vraiment contradictoires, mais elles ne sont absolument pas prises en compte, dans un système qui a érigé la démocratie comme élément de base et la ploutocratie comme critère de sélection.
Le dilemme pour les tenants du système est d’arriver aux mêmes conclusions des scientifiques et des économistes, sans passer par la case déballage public et explication générale.
Exemple la mondialisation.
Comment expliquer aux foules que cette mondialisation n’est que le fruit du progrès des moyens de transport et s’arrêtera nécessairement avec la montée des prix du kérosène ?
Ce serait accuser de faiblesse nos grands économistes qui ne tarissent pas d’éloges – encore aujourd’hui – sur les bienfaits de la mondialisation. C’est évidemment taxer de légèreté nos chers libéraux et leur soif de marché, synonyme de bienfaits (que l’on attend toujours).
Le bilan de la mondialisation est assez clair : nous lui devons la crise qui ravage l’économie mondiale. Seuls l’Asie, l’Inde et le Brésil – et c’est tant mieux – ont bénéficié des délocalisations forcenées. Nous ne pourrions qu’y applaudir si cette montée de la productivité en Asie et en Amérique du Sud arrêtait la sauvagerie avec laquelle la main-d’œuvre, y compris celle des enfants, y est exploitée.
Ce n’est pas le cas. Nous avons bénéficié du quasi prix plancher de certains produits, parce que derrière, nos fournisseurs favorisaient l’esclavage, avec l’approbation de nos industriels émigrés dans ces pays.
Moralité, les progrès dans ces régions du globe ont surtout permis à de très grosses fortunes de s’établir (1). En imitant les princes arabes du Golfe, elles rachètent nos marques de prestige. Nos entreprises ferment les unes après les autres et le chômage à un taux très élevé s’installe en permanence.
Seule l’Allemagne s’en tire assez bien, parce qu’elle a su protéger son tissu industriel et que ses marques – si elles ont sous-traité comme tout le monde – ont conservé le pouvoir de finition et d’assemblage. Ce que nos industriels, encouragés par les libéraux et les socialistes n’ont pas cru devoir faire.
Comment expliquer que les militants de la mondialisation ont, par leur propagande, fait croire que nous allions nous convertir en économie de service et que nos travailleurs deviendraient tous des ingénieurs travaillant dans des entreprises à haute valeur ajoutée ? Alors que nos zones industrielles désertifiées sont incapables de fabriquer des choses les plus élémentaires comme une chemise ou un peigne, et que nos enfants sont destinés à des insuffisances d’emplois, engendrant un nouveau lumpenprolétariat ?
Voilà plus de septante ans que le géophysicien Marion King Hubbert suggéra que la courbe de production d'une matière première donnée, et en particulier du pétrole, allait aller de son apogée à son périgée, ce que tout le monde comprend. Comme je l’ai maintes fois rappelé, l’huile extraite du sol ne peut que devenir rare et chère, avant de disparaître quasi complètement.
Il faut s’attendre à un bouleversement de la manière dont nous envisageons la vie en commun et les moyens de production capables de nous procurer l’essentiel.
Et ce phénomène explicable, ce n’est pas pour dans mille ans, c’est pour ce siècle.
Par conséquent, la mondialisation est une belle foutaise, indéfendable à long terme.
Comme les politiques travaillent à court terme, ils ne peuvent pas argumenter sur des faits qui se passeront dans vingt ou trente ans. Tandis que nos industriels ne voient que le profit immédiat. Donc, ils nous mentent et particulièrement ceux qui disent travailler pour les générations futures.
La politique et l’économie, telles qu’elles sont pratiquées, rend impossible une vision à long terme.
Colbert qui fit planter des chênes à l’époque de Louis XIV pour que la génération venant trois siècles plus tard en profite, est à inscrire au sommet du Panthéon.
Comment arriver aux mêmes conclusions que les scientifiques, quand l’économie mondiale se fait au jour le jour, au même rythme et au même niveau d’imprévoyance que les spéculations en Bourse ?
Pourtant, le système basé principalement sur l’approvisionnement en carburant des navires et des avions est un système qu’il faudra bien un jour réviser de fond en comble.
Un séisme qui menace le transport aérien est cependant prévisible. Il a déjà des répercussions sur Airbus et Boeing. ILFC. En 2012, entre 25 et 30 % des carnets de commandes sont menacés par des annulations ou des reports..
Quand il deviendra plus onéreux de transporter par bateau une barre de béton, en avion, des fraises hors saison d’Argentine, on se trouvera en Europe sans hauts-fourneaux et sans terre agricole.
Merci, les politiques et bonsoir le système économique.
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1. Y compris des fortunes d’Etats, comme la Chine.