Quand Zineb el Rhazoui sauve la RTBF.
Comme dans « Le repos du guerrier », Renaud, le personnage central du roman, s’engage dans l’écriture à reculons et noirci des pages de la même phrase. C’était un peu ça, ce dimanche sur nos deux chaînes. Le débat, une fois de plus identique des deux côtés, venaient après une semaine de blabla sur « la liberté d’expression et de religions », donc sentait le réchauffé, le déjà entendu et vu.
Le réchauffé ne passe décidément plus, surtout quand le sujet a été traité toute la semaine en France. C’est même fâcheux pour la réputation de nos présentateurs de l’émission, puisqu’on peut les comparer avec d’autres qui leur sont de loin supérieurs.
Il eût été plus malin de choisir des sujets bien belges dans lesquels les confrères français sont nuls à pleurer.
Pour la petite histoire, on a failli se passer de Maroy. Des indélicats s’en sont pris à sa voiture et ont dérobé les éléments du programme de Mise au Point de ce dimanche. Il parait qu’il les prépare ! On n’aurait pas cru… Comme c’est le même débat chez Domino, en femme charitable, elle aura passé ses notes à Kroll qui aura fait suivre.
Si bien qu’on est parti pour le doublon hebdomadaire.
La soirée du samedi avait pourtant bien commencé. En journaliste probe, Maroy s’était renseigné sur les mœurs des religieux de la consommation à Ciné-Télé-Revue. C’est ainsi qu’on prend le vent à la RTBF. La qualité du champagne et la composition des petits fours sont des appréciations indispensables pour des débats sereins.
D’après Ciné-Télé-Revue, mis à part les légers ennuis de Maroy, le pays se porte bien et la prospérité est au zénith. Les gens des services publics aiment se produire en extra de charme dans le privé. Dommage qu’ils n’exercent pas leur métier d’informer du côté d’Ougrée et de Seraing. C’est moins mondial, mais c’est aussi urgent.
On aurait pu penser, par exemple, puisqu’on a amplement débattu de la question des religions « intouchables », d’avoir un débat sur l’avenir de la sidérurgie en pays de Liège et du sort qui attend des milliers de gens qui dépendent des vues stratégiques de l’Indien Mittal.
Mais, bon, le film sur Mahomet et l’opportunisme médiatique de Charlie Hebdo ne pouvaient passer inaperçus sur nos chaînes à la pointe de l’info branchée.
Heureusement que ce dimanche n’a pas été perdu pour autant en blabla attendus et prévus.
Nous avons assisté avec émotion et intérêt à la démonstration d’une journaliste de Charlie-Hebdo, Zineb el Rhazoui, sur l’opportunité de la satire et de l’humour, dans un contexte du politiquement correct assorti de l’aplatissement des notables devant l’Islam.
Du coup l’iman invité ne savait plus où se fourrer.
Cette jeune Marocaine me donne envie d’être Marocain !
Non, les gens ne doivent pas être classés selon leur nationalité et la religion du pays d’origine. Et notre grande bouffonne nationale, Joëlle Milquet, a grandement tort de purger le riche vocabulaire français de mot comme « allochtone », de peur de froisser la sensibilité des étrangers.
Marocaine, Zineb el Rhazoui l’est et en même temps, elle est la raison même de ce pourquoi il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. C’est elle qui le dit, les régimes totalitaires, le sien est le Chérifat marocain, sont des régimes condamnables et, comme par hasard, la religion musulmane y est en état de monopole.
L’humour – considéré et inconsidéré – celui qui parfois me fait rire et à d’autres fois me paraît lourdingue – est indispensable à la liberté d’expression, c’est-à-dire au bonheur de dire ce que l’on pense, même si comme a dit Anatole France « c’est un plaisir coûteux, mais trop vif pour que j’y renonce jamais ».
Pourquoi les religions ne supportent pas l’indifférence ou pire l’athéisme ? Mais parce qu’elles sont intransigeantes et désespérément bâties sur des mythes. La foi n’est pas une vérité, c’est le côté absurde de la chose, c’est un antidote contre la douleur d’être né pour certains. Elle est donc indispensable pour beaucoup. Mais que les croyants fichent la paix aux autres, à partir du moment où les autres ne mettent pas le bordel dans les mosquées, les synagogues et les églises. Ce qui ne va pas, c’est le contraire. A savoir que ce sont les croyants qui sortent de leurs lieux du culte. Ils agressent les incroyants, veulent le pouvoir pour imposer dans le sang l’absurdité de leurs lois. Finalement, ce sont eux qui foutent le bordel !
Ils trouvent des alliés dans nos gouvernements dits démocratiques où les « arrangeurs », sortis des grandes écoles, entendent se partager tous les pouvoirs dans le calme et la discrétion. Pour ces champions de l’intelligence, tout désordre implique les deux parties.
Chèvrechoutistes diplômés, ils ne savent pas trancher. Ils sont du camp d’un ordre qui met de l’eau dans son vin, un point c’est tout. Leur appartenance à une idéologie ne leur sert qu’à manger mieux que les autres au râtelier collectif. Ils sont d’accords pour accorder l’inaccordable.
Merci à la Marocaine Zineb el Rhazoui d’avoir essayé de nous le faire comprendre, malgré la grossièreté de Maroy, la coupant sans cesse et ne lui donnant pas la parole à la fin de l’émission, alors qu’elle la demandait pour une conclusion que nous n’aurons pas.
Grâce à elle, je n’ai pas perdu mon temps.