Cest pas tout ça. Où tas mis lbeurre ?
Elle : Tu remarques rien ?
Lui : Ouais
Elle : Quoi « ouais » ?
Lui : Tas enfin rangé la tondeuse dans la remise ?
Elle : Mais non voyons…
Lui : Comment « mais non voyons », à la prochaine pluie, elle marchera plus !
Elle : Je veux dire « si, voyons », mais, cest pas ça que tu dois remarquer…
Lui : Ah ?
La radio : Un missile a été tiré sur un camion américain à Bagdad. Un marine a été tué. Il semble que la situation évolue vers une guérilla que les autorités américaines redoutent.
Elle : Jai changé de coiffure ! Tu vois la vague sur le côté gauche, je voyais plus pour conduire de lœil gauche. Alors, Josy ma fait retomber les mèches sur le front mais pas trop longues…
Lui : Un peu plus, taurais plus vu des deux yeux. Pour conduire, cest embêtant…
La radio : Bassora, la deuxième ville du pays est toujours la proie de troubles autour de la mosquée que les Anglais ont investie la semaine dernière et dans laquelle se cacherait des terroristes.
Elle : Moque-toi ! Et puis cest plus pratique pour bêcher le jardin, quand je me penche…
Lui : Tas repiqué les pommes de terre ?
Elle : Pas encore…
Lui : Je me demande ce que tu fous ?
La radio : Le premier dérapage de léquipe Verhofstadt concernant le survol de la capitale. Pas daccord entre les parties. Une fois encore, ce problème va être en commissionné, un de plus.
Elle : Tu sais ce quelle ma dit Josy ?
Lui : Non.
Elle : Que Frédérique va peut-être quitter son mari samedi !
Lui : Comment ça peut-être ?
Elle : Cest ce quelle a dit à Josy qui lui a promis de ne rien dire à personne.
La radio : Bush et Tony Blair auraient menti concernant les armes de destruction massive de Saddam Hussein. De faux rapports ont été présentés au Parlement de Londres.
Lui : Qua-t-elle besoin daller raconter ça à Josy ? On est bien assez embêté !...
Elle : Surtout que cest un type marié et quelle sait pas sil quittera sa femme…
La radio : Deux chars des Marines se sont tiré dessus dans la tempête de sable. On déplore plusieurs blessés dont un grave…
Lui : Franchement, darranger les têtes, ça dérange la sienne à la Josy.
Elle : Elle a pas un bigoudi sur la langue… Elle coiffe bien, sinon…
Lui : Sinon…
Elle : Je serais allée à Bijou-Coiffure.
Lui : Mais cest loin ! Tas pensé à tout ce que tu dois faire dans la maison ?
Elle : En ce moment, Bijou-Coiffure a une promo sur le brushing…
Lui : Et les petits pois ? Qui cest-y quon prendra pour la cueillette, si tu perds ton temps à faire des chemins ? Ta mère ? …Déjà pour les écosser avec son Parkinson !
La radio : La pénurie deau persiste dans les grandes villes de lIrak. On boit toujours leau salée des puits. Une épidémie est à craindre…
Elle : Técoute la radio, toi, à présent ?
Lui : Non, jattends le match Manchester - Fulham …
Elle : Je vais aux petits pois !...
Lui : Cest pas tout ça ! Mais où tas mis lbeurre ?
Elle : Cest toi qui la fichu hier soir sur la télé pour tes petits pains en regardant Colombo… Je te lapporte.
Lui : Salope pas le sentier. En revenant bouge tes bottes aux rhubarbes.
(Elle sort)
Lui : Allo, Frédérique ? Japprends que tas fait ta valise pour samedi ? Bravo !
- …
- Ouais. Heureusement que je le sais par Josy qui la dit à ma femme. Eh bien ! taurais pas dû…
- ….
- Ouais, cest ça…tu savais que je quitterais pas ma femme. Alors, pourquoi tu le dis à Josy avant de men parler quon se barre samedi ?
La radio : Et voici depuis le stade de Manchester la retransmission du match tant attendu…
Lui : Faut que je raccroche. Y a comme une urgence. Des fois quelle reviendrait du jardin… oui, on en reparlera. Daccord… avant Josy. Autrement, cest pas la peine, je le demande à ma femme quand on part nous deux… Samedi, cest un peu juste…
La radio : Bonne assistance ce soir, de 25 à 30.000 personnes. Le référé Charlie Beugh regarde sa montre. Et cest parti pour 45 minutes…. Alors que déjà des spectateurs qui arrivent seulement aux couloirs des tribunes de face se donnent des gnons parce quils ne voient rien tant que ceux de devant nont pas rejoint leurs places… On ne va pas commencer le match par des bagarres ?
Lui : Ah ! la connerie des supporters ! Bel exemple pour la jeunesse…
Elle (revenant du jardin) : Tu sais quoi ?
Lui : Avec Frédérique ?
Elle : Non. Les voisins me disent…
Lui : Quoi les voisins ?
Elle : Il paraît que les Américains et les Anglais vont demander de laide à lEurope pour lIrak !
Lui : Ils sont en guerre contre lIrak ? Le jour où Manchester joue sur son terrain ! En voilà des nouvelles…