La fuite en avant.
En ces temps de canicule, tout se disloque, sévapore au moindre courant dair.
Les gens, dhabitude si peureux, qui resteraient pas une heure en ville sans penser quun voyou pourrait mettre tout en charpie dans leur appartement, saccager jusquaux photos de famille, pour rien… de la thune sous le matelas ou le plaisir décrire au ketchup sur les murs, eh bien ! ils se dispersent, vagabondent, sont au vert.
Ils traînent plus dans les rues. On voit plus personne.
Quand on nest pas ciblé ville de vacances sur les répertoires, aux agences, dans les gares faut sattendre à des déserts. On a eu lidée Simenon, à Liège. La-t-on assez clamé, chanté, joué, le bougre. Nib de badauds… Pas un Allemand sort de lautoroute, pourtant le chemin nacht côte dAzur, autoroute des Ardennes, voie tracée soixante ans à lavance… von Rundstedt…
Liège nest pas répertorié transit, séjour possible, hôtel, chambre dhôte. Pendant deux mois, cest inutile dinsister : cest la zone. On nest pas terre daccueil, cest un fait, ces deux mois-là…
En plus la boulange sest passé le mot, tous en congé aux même dates, pour pas se faire mal à la concurrence, des fois que celui qui reste serait plus méthode artisanale, cuit au chêne, et ferait pas reluire ses sandwichs au mazout. Méfiance de boutiquier, comme dirait le Schpounz…
Les bonnes nouvelles passent inaperçues. Par exemple sur Teledis, un médecin australien en est sûr, la masturbation après 60 ans évite la prostate. Si le traitement se confirme, faudra engager des jeunes aides-soignantes dans les hospices. On va refuser du monde.
Mais à quoi ça sert les nouvelles ? Un américain, par ci, par là, qui calenche à Bagdad. Notre gouvernement si incomparable tout gaillard réjouissant les cœurs, quand les cœurs se sont fait la paire ?
Le diariste retrouve sa liberté dexpression sans clientèle. On est en apesanteur. Toutes les bouffonneries que lon peut proférer ont linsignifiance dun manuel militaire en temps de paix.
Cest comme les blogs, autant recopier la feuille de la Meuse qui pend dans les waters. Le lecteur est aux abonnés absents, des sites qui se faisaient quelques centaines de voyeurs la journée, dépassent plus 50 visites. Alors vous pensez des petits jeunots de mon genre… Je vais pourtant pas cliquer pour faire avancer le compteur !
Faudra attendre début août, pour que se ranime le centre ville et se rallume lordinateur. Quand les retours et les départs animeront les carrefours, on saura quon est à 30 jours de la rentrée.
Faut-il que les gens semmerdent dix mois de lannée malgré tout ce que les patrons et le gouvernement racontent sur le goût dentreprendre, le challenge – personnellement que je trouve imbécile – de prouver quon est le meilleur… celui à qui doit revenir tout le fric, pour foutre le camp vite fait, tout moyen de transport à portée !
Une belle devise quon devrait accrocher à la porte du G8 : « Tout pour moi, rien pour les autres ! »
Enfin, on pensera à cela en septembre, quand on recommencera à faire semblant…
Ce qui soulage celui qui reste, cest quon a plus de blèmes pour garer la voiture. Les passants réapprennent à flâner. On dirait que le collectif de ceux qui restent au moment où notre beau système socialo-libéral rejoint son cantonnement entre Hyères et Menton, ressoude la cohésion nationale. Avant juillet, on était trop nombreux à jouer des coudes. La démocratie pour quelle soit vivante, quelle ait un sens, doit copier le modèle grec : un agora pour une ville de trois à quatre mille citoyens, pas plus… Nest-ce pas dans notre communauté de millions dindividus que gît la raison principale de notre échec ? Ici, cest le contraire. On attend juillet pour nous balancer en douce quelques impôts supplémentaires. Le hobby gouvernemental 2003 serait daugmenter les accises du mazout, histoire de renflouer les caisses et non pas de faire payer les pollueurs, puisque les transporteurs qui sont les plus gros consommateurs de Belgique donc les plus gros pollueurs bénéficieraient dune détaxation compensatoire ?
Quand je vous disais quen juillet tout le monde raconte nimporte quoi ?