Pandémie et tiroir-caisse
Pourtant si optimiste à me fendre la gueule dans le pire des cas, javoue que des mauvaises impressions me retournent la tête.
- Ah ! le con, disent les Bénis-cocos du système, il est pâle des genoux depuis quil se lâche à la demi-douzaine de fondus qui titillent le point virgule de son Richard III.
- Et encore que jy dis, je parle pas trop de ma nature, des richesses de mes relations, du général dAccent-Aigu, de sa mignonne et de son baise-en ville, au vestibule, à côté du téléphone pour les urgences, des fois quelle plairait encore, quelle aurait bénéficié dun faux jour, dun crépuscule flatteur… de Lola Rastaquouère quavait pas lair, mais dès quon était seuls, fallait se défendre… par contre en groupe, la sainte femme à son Nico… Non, mais ! De Victor, lapeuprèiste, qui disait grave dune commande pressée à son patron scié : « Mais, vous menculez au pied du mur ! » Jvous jure quil le faisait pas exprès… La grande Josée, quavait que son corps pour elle, mais tellement parfait quelle en attrapait de lesprit, rien quà lui mater les fesses…
- Arrête, tu vas pas aligner lagenda de tes luttes finales ! Tu vas pas faire ton Freddy, tombé en plein ciel de gloire, le Saint-Ex des chattes de gouttière…
- Je surveille lépée du chevet. Je prends garde au fourreau… Cest pas ça. Non. Je crois plus aux hommes.
- Cest pas vrai, tu te faisais péter la tubulure, dis, ma douce ?
Comme on le voit, ces natures à la sucette du régime, comprendront jamais rien
- Poor Richard, poor Richard, répète celle qui me plaint à longueur de journée.
Elle non plus…
Je croyais que cétait fini la douleur, quon allait pouvoir samuser, avec Daisy…
Elle voulait tellement être bien dans son rôle de femme convenable, quon faisait plus rien ensemble. Il est vrai quavec une Anglaise, on navigue à vue dans le non-sens ! Cest Jenny, lécossaise de mon passé composé quaurait pas dit le contraire. Ah ! jai donné dans le British, quand on pense le peu de goût que jai pour Tony Blair…
Dans le temps, je refaisais surface après la visite des catacombes. Mais, des limites à tout. Le seau dans la chambrée est plein et sa mouque le porc. Jai pas le jus pour me lever et le balancer par la fenêtre…
- Tas plus Liège à la bonne, mon faquin ? Tes sorti de ta nationalité ? Tes plus fier dêtre Wallon à la majorité silencieuse!
Linjure suprême tombe à plat. Voilà longtemps que cest plus quà la remise des prix au « Pip club Simenon » quon pousse des cocoricos.
Je moufte plus. No trouble, Daisy… Cest rien vous autres…
Qui comprendrait ?
Personne, par les temps qui courent…
- Cest quoi Toto, ton problème ?
Ils insistent les vers à bois.
Le feu qui me monte.
- Vous voyez pas où on est, mes glands ? Vous me cernez, les Dupont-Lajoie. Je me saborde. Quitte le ponton Daisy, retourne à Liverpool ma grande. Et vous autres, débarrassez… Je veux plus voir personne. Comment vos lunettes grossissent plus ? Cest pas assez la première page des gazettes ?
- Mais tu vas caner, pépère. Nous lâcher dans les doigts, paroles ? Les journaux, mec, au mois de juillet, mais cest des blèmes à louragan qui pardonne pas pour les toiles des campeurs, cest le vioque fin saoul au cacheté qui prend lautoroute à contre-sens, cest Verhofstadt quécrase son gros cul sur une bicyclette à Eddy, cest kitsch tour de France, le Belge moyen à la récré…
Ils voyaient pas ces caves où je voulais en venir… la honte mondiale. Ce qui sautait pas aux yeux à ces adorateurs de la croissance, ces veaux de léconomie de marché, ces truands de la rentabilité, ces enculés tous régimes confondus ?
- Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tubercu et le palu, sait pas financer sa campagne 2003, que jy balance, tas de veaux !... Ça va faire des millions de morts supplémentaires dans le contentieux.
Bravo. On est tous dans un monde corps et âme à la société anonyme, cadavres et charognes fin de parcours... Pourtant, ces misérables quont les millions de morts futurs sur le paletot, …plus forts en gueule que jamais, osent toujours se faire reluire. On voit queux, nous faire des prêches sur les génocides, les tribunaux internationaux, les chiures de mouche. Cest comme si Eichmann revenait dans ses fourgons nous relancer dans lhumanitaire et quon marcherait comme un seul homme. Mais à côté, le boyau quécope de vingt plombes pour avoir dessoudé une grandmère, cest un coquelicot des champs !
On sest dit des choses encore longtemps.
Je prenais trop au tragique. Javais tort. La fatigue, les nerfs, Daisy à qui ça disait plus rien de tenir la chandelle… On a bu, histoire davoir moins chaud, un tiers de pastis, un tiers de vodka et un tiers sans rien. Petit à petit, je me suis fait une raison.
Cest vrai que tous les hommes sont des salauds, dinfâmes crapules, que les dirigeants, cest de la crotte de chien… Et puis après ?
- Est-y pas belle, la vie ?
Cest Henry quétait plus allumé que les autres, parce quavait pris un train avant, qui venait de la sortir de sa gueule au moulu fin.
Vous me croirez si vous voulez, on a tous éclaté de rire. On savait pas pourquoi, cétait ainsi, le parfait rire crétin qui soulage. On savait plus sarrêter, à devenir malade, je crois même quon létait déjà un peu.
Daisy quétait en cycliste était belle comme tout. On est sorti faire un petit tour de France. Pas loin. On a pris à Cabrel la cabane au fond du jardin. La tondeuse à gazon comme matelas, cest un peu dur. On sarrange de tout avec lamûûûr.
De la soirée, personne a plus dit un mot sur le fiasco mondial. Y a comme ça des choses si abominables et si dégueulasses que rien que den parler on se pourrit les dents.
Demain, on espère il y aura les gus du Tour de France, le tennis, le triathlon.
Paraît quils sont dans les Pyrénées.
Le sport, y a pas mieux pour digérer la merde.