Un Liégeois au sommet de l'Everest
- C’est une grande première, un Liégeois au sommet de l’Everest !
- Oui, je dois dire…
- Comment ça s’est passé ?
- D’abord faut arriver au camp de base. Il y a du monde sur les pistes.
- C’est difficile ?
- Un Sherpa s’est battu avec une touriste allemande qui avait coincé son talon entre deux morènes et qui ne voulait pas dégager.
- Et le camp est bien situé ?
- Il est à 8.000 m et il fait froid. C’est sur un glacier. Il y avait huit cents alpinistes avant moi.
- Comment avez-vous résisté ?
- Nous avions nos Sherpas qui nous ont préparé le terrain.
- C'est-à-dire ?
- Nous ne dormions pas sous tente, comme les autres expéditions. Ils nous avaient aménagé un petit chalet gonflable, avec télévision, salle de bain et même un jacousi…
- Les conditions étaient pourtant très dures. Le froid…
- C’est vrai, la température oscillait entre – 20 et – 30 sur le glacier. Mais nos Sherpas avaient bricolé un conditionnement d’air. 22° dans la salle de séjour et 18° dans les chambres.
- Ce n’est pas mal.
- C’est le confort minimum.
- Mais, ça n’a pas duré, j’imagine ?
- Non. Il a bien fallu partir pour s’installer plus haut.
- Où là les conditions étaient différentes ?
- Oui. Nous avons beaucoup souffert. Sans eau chaude, sans nos feuilletons à la TV…
- Je parle de la dure marche vers le sommet, le manque d’oxygène…
- Nous ne marchions qu’aux endroits difficiles. Quand c’était possible, nos Sherpas nous portaient. Quant au manque d’oxygène, nous étions ravitaillés…
- ..par les Sherpas…
- En bonbonnes que nous ne portions pas, puisque c’étaient…
- ..les Sherpas…
- qui avaient bricolé un flexible qui nous fournissait l’oxygène. Le problème, c’est que toutes les 2 heures, il fallait changer la bonbonne. Nous restions parfois trois minutes avant de pouvoir respirer un air plus riche en oxygène que…
- …les Sherpas…
- …qui dévissaient les bonbonnes vides, puis vissaient les bonbonnes pleines
- Enfin vous êtes arrivés au sommet !
- Pas tout de suite. Il y avait beaucoup de monde. On a fait la file cent mètres avant la plate-forme terminale.
- Qu’y a-t-il la haut ?
- On trouve de tout au sommet. Nos Sherpas ont dû faire de la place, sacrifier les drapeaux des autres, jeter des bouteilles plastiques. On a même trouvé un préservatif !
- Il n’y a pas de service propreté au Népal ?
- Ils sont très en retard. Michel Firket a l’intention de leur offrir des pipes Simenon pour rassembler les déchets. On va faire un concours, une nouvelle bande dessinée, Simenon sur l’Everest.
- Après la file, qu’avez-vous fait sur le toit du monde ?
- Nos Sherpas avaient apporté un pique-nique. Nous avons mangé et bu le champagne avant de planter le Coq wallon, malgré une équipe d’Anvers qui voulait la même place pour le Lion des Flandres. Ce sont les…
- ..Sherpas.
- …des deux équipes qui ont trouvé un accord.
- …ils ont allongé la hampe du drapeau flamand qui se trouvait plus bas, de sorte que les deux drapeaux flottent à la même hauteur.
- Vous êtes redescendus ?
- Pas tout de suite. Les Sherpas ont installé la réplique du Perron en fonte Arcelor. Nous avons offert à la déesse Montagne une photo de Michel Dardenne et un vélo du gouverneur. Puis nous avons attendu le service d’hélicoptère pour redescendre.
- Et les Sherpas ?
- Ils sont redescendus à pied. Leur paie n’est pas suffisante pour ce moyen de transport.
- C’est quand même grâce aux Sherpas que…
- Pensez-vous ! Des fainéants plutôt. Si vous saviez comme ils nous ont secoué dans leurs chaises à porteurs !
- Quels sont vos futurs challenges ?
- Trouver des laveurs de vitre qui n’ont pas le vertige pour la nouvelle gare des Guillemins !
- Pourquoi pas des Sherpas ?
- Où voulez-vous qu’on les installe ? En Belgique, nos rencontres au sommet font à peine cent mètres au-dessus du niveau de la mer ! Ils ne le supporteraient pas.
- A votre retour, vous avez reçu un bon accueil à Liège ?
- Franchement, j’ai été déçu !
- Pourquoi ?
- Ils auraient pu engager les intermittents du spectacle pour nous applaudir !