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Ben Ladden n’est au courant de rien.

La panne monstrueuse du siècle !... Les new-yorkais donnent dans le superlatif !
Pourtant la troisième en vingt-cinq ans. Et en durée crescendo. Manhattan est toujours sans courant depuis jeudi.
L’avant-dernière avait vu les pillards, celle-ci les dormeurs dans les rues. Chaque épisode a son folklore…
On prend la chose à la rigolade, puisque le président l’a dit : « Ben Ladden n’est au courant de rien !
En Belgique, le porte-parole des électriciens nous l’affirme : nous ne sommes pas à l’abri du black-out total. La catastrophe de New York nous pendrait sous le nez…
Qu’est-ce que cela signifie ?
…que nous construisons – enfin quand je dis nous – ils nous construisent un monde qui, plus il se complique, plus il s’avère d’une grande fragilité.
Un géant au pied d’argile. Plus de courant : c’est l’âge du bronze tout de suite, à la différence que nos lointains ancêtres se débrouillaient, nous, à la bougie, on vaut pas grand-chose.
C’est à se demander ce qu’on considère être le progrès ?
Sommes-nous dans une ère de progrès durable ou dans un moment où l’homme devient fou et confond progrès et gadget ?
Les populations n’ont jamais fait la loi.
Les délégués au pouvoir politique de ces populations en accord avec les grandes sociétés industrielles sont les réels détenteurs des moyens permettant de modeler l’avenir.
Ils sont évidemment bien placés pour bénéficier à titre personnel de tous les progrès et tous les gadgets qui en découlent. Pourquoi voulez-vous qu’ils mettent un frein à leur soif inextinguible d’accaparement et de puissance ?
N’en profitons-nous pas également, même si c’est dans une moindre mesure ?
Tandis que dans certaines parties du monde on se chauffe encore à la bouse de vache et on s’éclaire à la graisse de porc, dans la nôtre, nos maisons ressemblent à des sapins de Noël. Jusqu’à nos taille-crayons sont électriques.
Le décalage entre la nudité et la profusion ne va-t-il pas un jour nous péter à la gueule ?
Que nous le voulions ou pas, le progrès nous fragilise de plus en plus, parce que nous sommes tributaires d’éléments que nous ne pouvons contrôler et encore moins maîtriser. Tout ce que nous utilisons fonctionne à l’électricité. Nos savoirs dépassent la capacité de nos mains, nous créons plus avec la machine qu’avec nous-mêmes. Réduit par un cataclysme à une vie élémentaire, nous ne survivrions pas, là où le paysan des rizières a une grande chance de s’en tirer.
Le non renouvellement de la plupart des sources d’énergie dont nous avons besoin pour asseoir notre supériorité occidentale sur le reste de la planète signifie que si nous ne trouvons pas un autre moyen de produire de l’électricité qu’en utilisant les huiles, les houilles et les matières fissiles du sous-sol, la fin de la civilisation « bourgeoise » est programmée par épuisement des gisements.
Certes, nous en avons au moins encore pour trois cents ans de franche rigolade. A l’échelle du temps, c’est moitié moins que la civilisation romaine et dix fois moins que l’égyptienne.
Nous sommes les joyeux fous qui dansons sur le Vésuve en l’an 67. A la différence que nos experts savent en 2003 qu’un jour le bouchon va sauter. Les leurs n’en savaient rien.
Cette inconscience est à mettre au compte de la Belgique joyeuse, associée à l’Europe de la rigolade au service de l’Organisation mondiale de la supercherie.
Et après cela, comment voulez-vous que nos responsables soient pris au sérieux ?
Quelle importance, me direz-vous, dans trois cents ans, je ne serai plus là.
Colbert, sous Louis XIV a fait planter des chênes dont la forêt française s’enorgueillit aujourd’hui. Nous faisons l’inverse. Nous détruisons pour que dans quelques générations nous en revenions à la danse du calumet, comme dirait Voltaire. Seulement voilà, nous n’aurons même pas l’occasion de faire le guignol avec les autres. Ils nous détruiront aisément. Au tir à l’arc, ils sont meilleurs que nous. Si on pousse le raisonnement un peu plus loin, je me demande si nous ne rendons pas un mauvais service à ceux du tiers monde que nous acceptons du bout des dents. Au règlement de compte, ils paieront l’addition avec nous.
Et avec des messieurs aussi imprévoyants que celui que vous avez juste au-dessus de ces lignes, on aura beau dire que nous avions du bon sens, nos successeurs nous passeront à la casserole.

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