Où Richard dYork sexplique.
Le duc de Clarence : Vous semblez, cher frère, avoir une prédilection pour des locutions égrillardes, des tournures libres, des expressions puisées du ruisseau…
Richard dYork : Certes. Comment décrire autrement certaines choses ? Avez-vous lu Giovanni Boccaccio, en latin évidemment ?
Le duc de Clarence : Comme il meût été agréable que vous vous reprissiez. Lorsque vous êtes en présence de notre mère, vous paraissez un autre homme……
Richard dYork : Et si nous parlions du complot que vous ourdissez contre Edouard, notre frère ? Cest plus que de lincorrection…
Le duc de Clarence : Ne rêvez pas, mon cher, je suis la victime de la cabale de la reine Elisabeth. Voyons Richard, nêtes-vous quun homme de plaisir ?
Richard dYork : Jeusse aimé quil existât des choses qui valussent quon leur sacrifiât les plaisirs.
Le duc de Clarence : Navez-vous pas reçu une bonne éducation ? Vos rabelaisiens discours…
Richard dYork : Anachronisme, mon cher, Rabelais nexiste pas encore à lheure où vous me parlez, de même notre inventeur William Shakespeare, non plus. Je vais cependant faire comme si… Mon intention initiale na pas changé. Un blog peut faire office de conservatoire des manuscrits, comme la Société des Auteurs. Ainsi, dûment daté et publié, mes écrits ne peuvent être plagiés sauf antidater le plagiat, ce qui me paraît difficile pour le déposer.
Le duc de Clarence : Vous voulez parler de votre pièce « Une ambition anglaise » ?
Richard dYork : Absolument. Tel que vous me voyez, jai terminé le premier acte avant de minquiéter de la réelle histoire dEdouard IV, de sa famille, cest-à-dire nous, ses enfants, la reine Elisabeth, etc.
Le duc de Clarence : Vous vous êtes conduit avec beaucoup de légèreté.
Richard dYork : Je ne suis pas le seul. Que penser de notre dramaturge, notre grand Will qui écrivit Richard III sur le seul récit quen fit Thomas Morus ou More dont jai la chance de posséder un exemplaire. Or, « LAngleterre au temps de la guerre des Deux-Roses » de Paul Murray Kendall que je viens de lire nest pas du même avis que More sur ma participation à votre assassinat, mon cher frère. Richard III a été sali par Shakespeare. Cétait un infirme qui ne devait pas régner et qui sest trouvé dans lalternative de périr ou de prendre le pouvoir.
Je vais réécrire « Une ambition anglaise » de manière à me réhabiliter.
Le duc de Clarence : Je ne suis pas daccord. Dans la mesure où je vais assumer une partie de vos crimes, tout au moins jusquà mon propre assassinat.
Richard dYork : Que voulez-vous, mon frère. Vous ne pouvez rien faire, puisque je tiens la plume et que jen décide selon mon bon plaisir.
Le duc de Clarence : Je cours à mon destin. Je réintègre la tour de Londres. Adieu Monsieur.
Richard dYork : Prenez donc avec vous cette courte scène que jai ajoutée au « Misanthrope » de Molière. Cela vous fera passer le temps.
Le duc de Clarence : Cest un plagiat ! Alors que vous êtes contre.
Richard dYork : Non monsieur. Vous ne trouverez ce texte écrit nulle part. Cest une recréation…
Acaste
Parbleu ! sil faut parler des gens extravagants
Je viens den essuyer un des plus fatigants ;
Andrimont, sans repos, ma, ne vous en déplaise,
Une heure au grand soleil, tenu hors de ma chaise.
Célimène
Cest un fort beau parleur, et qui trouve toujours
Lart de vous rien dire avec de grands discours ;
Dans les propos quil tient on nentend jamais goutte,
Et ce nest que du bruit, que tout ce quon écoute.
Acaste
Il tient pour rien les gens qui jamais ne voyagent.
Il est de sur la brèche à laise malgré lâge.
Dame ! dun grand seigneur il est le protégé ;
Sa chose, son laquais, en un mot son cocher.
Célimène
Son propos sarrondit…
Acaste
…de lardons et de crème..
Célimène
…Ce qui nenlève rien à lamour de lui-même.
Acaste
On dit quil sest payé, dun mari bien berné,
Avecques sa catin, des noces de papier
En la cité lacustre où il était sicaire,
Que le Doge chassa pour cause dadultère.
Célimène
Cest le bruit qui en court. Avoueré-je haut ?
Javais cru jusquici la dame sans défaut.
De grâces et dattraits, je crois quelle est pourvue ;
Et les tares quelle a ne frappent point la vue.
Acaste
Andrimont en jouit à son banc de cocher,
Laissant le couple défait et les cœurs affligés.
Fin de la scène.
Le duc de Clarence : Une remarque, cher frère : « Andrimont en jouit à son banc de cocher ». Cette image doit-elle être prise au propre ou au figuré ?
Richard dYork : Prenez la comme il vous plaira.
Le duc de Clarence : On croirait presque que vous lavez vécue…
Richard dYork : Jai simplement voulu marquer mon mépris pour cet Andrimont et comme Alceste :
Je veux que lon soit homme, et quen toute rencontre,
Le fond de notre cœur dans nos discours se montre…
Le duc de Clarence : Encore un plagiat, je présume ?
Richard dYork : Non, Monsieur, cest une citation.