Le roi est mort. Vive le roi.
Oui, mais lequel ?
Guy Mathot qui vient de mourir était un homme qui tenait beaucoup de place où il allait.
Son parcours est édifiant de ce que peut être une « carrière » au PS. On la vu partout. Il a occupé tous les mandats possibles avec une boulimie de travail et un appétit peu commun pour les emplois les plus lucratifs, mais cela est monnaie courante dans ce parti, et il ne faut pas y voir autre chose quun désir de reconnaissance, par le statut.
Bien entendu, le grand public na retenu de lui que les coïncidences qui le voyait côtoyer des relations douteuses qui dune façon ou dune autre étaient marquées par des affaires sans que jamais la Justice réussisse à le déstabiliser et à limpliquer officiellement dans lune dentre elles. Mais la régularité avec laquelle il a été cité à comparaître dans presque tous les scandales de ces 25 dernières années, donnait de lui, en-dehors des socialistes de Seraing qui ladoraient, une image négative.
Pour mémoire, un bref rappel non limitatif des affaires au cours desquelles son nom a été cité.
En 1998, il sera blanchi dans laffaire Agusta. Son nom nest pas parmi les personnalités politiques citées à comparaître devant la Cour de cassation.
Une affaire de faux tableaux (surnommée le scandale du Gotha) où des proches de Guy Mathot étaient impliqués, laffaire du circuit de Francorchamps, dans laquelle la Cour des comptes dénonça certains abus, alors que Guy Mathot était ministre des Travaux publics et enfin en 1984, la tentative descroquerie organisée autour du rachat de la raffinerie de Feluy, une affaire dans laquelle une amie de Guy Mathot, Eliane Van Vreckom, avait tenté de négocier un faux chèque au porteur de 10 millions de dollars.
Fatalité ? Amitié douteuse ? Volonté délibérée de lui nuire ? Peut-être un peu de tout cela.
Mathot était aussi un épicurien, grande gueule et bon vivant. Ce qui ne la pas toujours servi.
Sa disparition va provoquer des remous place Sainte Véronique au sein des seins du PS de Liège.
On sait limportance de la présidence au national dans lattribution des mandats. Depuis que Di Rupo est président, Mons ne se porte pas mal. La rénovation de son terrain de football avec largent du Régional fait des envieux jusquen Flandre. Marie Arena est un pur produit du crû. Linfluence de la région montoise est grandissante.
Depuis lassassinat dAndré Cools, Liège a perdu son aura. Cest une Fédération en déclin. Elle na plus de ces grands gabarits comme létait le maître de Flémalle pour redonner de la couleur à notre Région. Mathot a beaucoup souffert indirectement des affaires. Sans quoi, il aurait eu toutes ses chances à la succession de Philippe Busquin.
Mathot nétait probablement élu à la fédération liégeoise du PS que pour assurer la rénovation. Il sétait impliqué avec Michel Daerden, dans le redéploiement économique de la région après lannonce de la fermeture de la ligne à chaud de Cockerill par Arcelor, sans grand résultat. Ensemble, ils devaient ramener la paix au sein de la fédération liégeoise du PS, particulièrement divisée après lassassinat dAndré Cools. Il faut craindre que cette paix tant souhaitée ait du plomb dans laile avec son départ de la scène politique.
Parfois, des échos nous parviennent par les journaux de cette pétaudière où les candidats se marquent à la culotte, mais où personne némerge. En attendant Liège végète. Le PS toujours très puissant dans le bassin sépuise dans des coups de théâtre où les petits chefs, tous plus anonymes les uns que les autres, saffrontent. Guy Mathot est le père du député fédéral, Alain Mathot (32 ans). Ce dernier, na pas le sens politique et la finesse de son père. Il nen est pas moins lhéritier. Il va recueillir toute la sympathie des gens. Conseiller communal à Flémalle, il a récemment annoncé son déménagement à Seraing, pour pouvoir succéder à son père lors des prochaines élections communales.
Cela a toujours été une tradition au PS, davoir des dynasties de plusieurs générations amuser le tapis et reproduire des carrières. Alain en sera-t-il capable ? Il part à lassaut avec quelques avantages sur déventuels concurrents. A moins que pour calmer le jeu, Michel Daerden qui est le seul personnage nationalement connu place Sainte Véronique ne reprenne les rênes juste le temps de la réflexion.
Le seul qui pourrait mettre tout le monde daccord, cest le bourgmestre de Liège qui fait son petit bonhomme de chemin, comme son homologue parisien, Bertrand Delanoë qui avant son élection était inconnu. Willy Demeyer est sans doute la personnalité davenir de la Ville. Il inspire confiance aux Liégeois et est très populaire. Mais voudra-t-il ramasser ce sceptre local qui le rend quasiment prisonnier des situations vaudevillesques dont la Fédération est coutumière ?
La fonction quil occupe est-elle compatible avec une présidence locale ?
Nous le saurons très vite.
Commentaires
Demeyer est un médiocre. Tous les socialistes de Liège et des environs sont des médiocres. Ceux qui ont un peu denvergure sont au national (Onkelinx), ou écartés (Dehousse). A Liège, il nous reste les clampins, les poivrots, et les dinosaures du syndicalisme. Le Di Ruppo Liègeois, ce nest pas pour demain.
Postée par Ulrich von Trollereï | 22 février 2005 - 00:21