ARCELOR : la fermeture.
A Liège-Seraing, ce nest pas tant la fermeture du Haut-fourneau n° 6 qui inquiète, même si ARCELOR la unilatéralement avancée de deux mois, mais le flou autour des reconversions : le sous-vide… le plasma et patati et patata… avec la mise en place dune technique quasiment expérimentale. Cest-à-dire pour une production aléatoire, de léchec éventuel de laquelle on pourra culpabiliser nos techniciens, avec un capital de départ très loin derrière les investissements de modernisation que lon avait promis et qui ne se feront pas.
Quant à la collaboration avec lUniversité de Liège, cest un projet. Cest comme qui dirait le projet dun émule dun Kubla du Café du Commerce.
Le développement dARCELOR est ailleurs quen Europe. Tenté par la Chine et déjà en phase avec lindustrie brésilienne, ce groupe ne sest implanté dans le bassin que pour avancer ses pions en vue du contrôle de la production dacier de la Communauté européenne.
Lorsque Cockerill se redressait seul, rappelez-vous, lARBED et la nouvelle sidérurgie flamande sétaient tout de suite groupés pour mettre Cockerill par terre. Chose étrange, une décennie plus tard, les ennemis dhier entraient dans un groupe qui fédérait en une seule les entreprises rivales. Qui pourrait nous assurer que le plan du début na pas été poursuivi, cette fois plus facilement puisque nous nétions plus quune succursale ?
USINOR puis ARCELOR avaient à redouter en Belgique et dans le Nord de la France le développement dune industrie du fer créative et concurrentielle, qui aurait pu obtenir dimportants marchés. Cest le coup classique : on achète en faisant miroiter un avenir prometteur, pour mieux étrangler un concurrent gênant, tandis que secrètement, on oriente ailleurs des productions à haut besoin de mains-dœuvre.
Les patrons dARCELOR sont évidemment friands des législations et des coûts salariaux des zones hors contexte européen.
Cockerill nest pas le seul en cause dans cette stratégie du n° 1 mondial de lacier. Le but final ne sera peut-être même jamais atteint, tant lavenir peut réserver des surprises, mais le plan secret dARCELOR exige la forte diminution de la production dacier en Europe, pour ses seuls profits.
Comme quoi, on peut se dire bon Européen et jouer contre lEurope en la fragilisant dans un domaine qui peut conduire ses citoyens, ne serait-ce quen matière de défense et dautonomie, à des situations de dépendance touchant leur sécurité.
En guerre, cela sappelle une haute trahison et valoir le poteau dexécution. En paix, cest tout le contraire, avec réception, tapis rouges et admiration du monde des affaires.
Lhistoire de Cockerill, cest véritablement le procès des concentrations monstrueuses, sans état dâme, sans égard pour les travailleurs, sans émotion apparente pour les vies de milliers de personnes. Cest - en un mot qui résume tous les autres – le scandale permanent des dérives du capitalisme.
Cest aussi la limite dun socialisme de collaboration dans le bassin..
En dautres termes, la Région Wallonne à un moment propriétaire des installations sidérurgiques liégeoises na pas osé aller jusquau bout de sa démarche de défense contre le désir dun concurrent de détruire Cockerill.
On se souvient du fameux chèque à quelques zéros exhibé lors de la vente à USINOR par nos malheureux mandataires, si fiers de leur connerie !
Daucuns diront que ce nest pas la vocation des politiques à devenir industriels.
Ils lavaient pourtant été jusque là, non ?
La volonté ny était pas. Cétait une trop grande responsabilité pour ces médiocres.
Cest dommage.
Le souci pour Seraing et Ougrée sera dobliger ARCELOR de remettre en état les sites. Lancien bourgmestre de Seraing, Onkelinx, par une politique extrêmement laxiste a permis aux sidérurgistes et ce bien avant ARCELOR, de polluer gaillardement les bois de la Vecquée et des Biens Communaux. Cest ainsi que du côté de la Mare aux Joncs, les fondrières de tous les sentiers de la dernière forêt de proximité ont été comblées par des résidus de fonderie, des excédents de terrils. Par temps de pluie, il nest pas rare de découvrir des taches suspectes qui irisent les flaques de pluie. Des morceaux de masque de protection, des tuyaux en matière non dégradable émergent parfois des empierrements anciens.
Dici à ce quARCELOR laisse ses dernières poubelles aux Liégeois devenus éboueurs et pollués, cela nétonnerait personne.