Dessine-moi un mouton !
On sexcite, on sexcite sur les chances que la Constitution Giscard a dêtre adoptée un jour dans lEurope des vingt-cinq. On a tort.
Si au lieu de manger son nœud pap en écartant lidée dun referendum en Belgique – ce nest pas la parodie au Congrès du PS qui changera rien – Elio avait joué la carte du bon démocrate, il aurait eu lestime de tous, pour pas grand-chose. Car, départager des Oui ou des Non, quest-ce que ça change, puisquil faut lunanimité des 25 et sil y en a quinze qui se passent de lopinion de leurs populations, il y en a dix qui font voter ! Parmi les dix, il y a les Palotins de Pologne où un referendum nest validé que sil y a 50 % de participants au vote et enfin les British, pour lesquels les sondages évaluent les probabilités du oui à 30 %.
Quand on voit la tendance du Non prendre de lampleur en France, on se dit que Stan Giscard et Oliver Dehaan devront revoir leur copie.
Tony Blair qui a choisi dêtre le dernier sur la liste pour consulter doit bien se marrer de voir comme le Oui passe plutôt mal en France, malgré le frétillement perceptible des BCBG et les jumelages terribles entre un François Hollande inconscient et un Sarkozy réjoui de voir lautre tomber facilement dans le panneau.
LHaut-lieu sétait dit que le populo, avec tout ce quon lui avait donné à bouffer comme salade sur lEurope, allait frétiller de la queue comme Médor devant une boîte de Canigou.
Aussi, sur sa lancée, les Yvette Horner de laccordéon à bretelle du rond-point Schumann, avaient ouvert le bal sur leur fonds de commerce dans lequel on pouvait voir lentrée prochaine de la Turquie, Frits Bolkestein dans ses œuvres, lOTAN et les rouleaux de papiers hygiéniques qui nous servent à essuyer le cul des Américains, lOrganisation Mondiale du Commerce et son nouveau patron, un ex de la CIA, le libéralisme chrétino-libéral et enfin la multiplication à linfini des Services et des Ministères, des parlementaires et des employés de la tour de Babel que les Européens ont sur le dos pour sentendre donner des directives sur la longueur des frites en sachet.
Que nenni ! Il faudra revoir tout cela à la baisse et traiter avec plus de modestie les bons sauvages que nous sommes.
Ils y ont pourtant laissé quelques nuits blanches à la gamberge de ce jusquoù nous irions dans la bassesse pour accepter lEurope. Ils ont même assimilé les refuznik aux gauleiters de lextrême droite et aux nationalistes genre breton, têtus et cons !... Ils ont eu le culot dun Oliver Dehaan qui ne sest pas gêné de nous faire savoir que si nous eussions voté « non », il eût fallu que nous recommençassions le referendum jusquà ce que nous votassions « Oui ». (Jadore les subjonctifs.)
Nous serions allés tellement de fois aux urnes, quà la fin, lassés de sacrifier tous les dimanches matins à la folie votante, nous aurions fini par lâcher un oui, franc et massif, comme un gros pet dans lurne qui, de cette façon aurait été sans doute décrite par les futures générations comme la poubelle de lhistoire.
Ah ! cette démocratie tarte à la crème, on finirait par la regretter dans sa forme actuelle : elle a le goût, laspect, la manière, mais ce nest pas une démocratie !
Un peu comme en métaphysique à la recherche du sens au mot vérité en la sortant du puits pour létendre raides damour sur la margelle. La vérité, elle sest fait la malle pour une destination inconnue. Et, au train où vont les choses, on nest pas près de la retrouver.
A sa place, jaurais fait pareil. Elle ressemblait à quoi, la Liberté, avec nos vices de commerçants patibulaires ? Nos pauvres gueules de cocus et nos allures gens de maison, que même quand lun ou lautre se détache pour faire parlementaire ou ministre, il a toujours lair dun domestique ?
Après le non annoncé, le fiasco franc et massif du oui, quallons-nous devenir ?
Christine Ockrent, à défaut darguments, nous menace déjà indirectement en supposant que notre mauvais vouloir sera la pire des catastrophes.
On nen est pas encore là. En France, les maîtres plongeurs se rassemblent au bord de la piscine pour ramener les nageurs imprudents. En Belgique, on mange des frites en pleurant le pape. Ailleurs, on se demande si on ne ferait pas mieux dadhérer directement à une économie de libre échange où lAngleterre serait la vedette américaine.
On ne pourrait mieux dire.
En Belgique, on na pas didée. Cest ça qui fait notre force.
Commentaires
Le blog de Snoopy du 7 avril (http://snoopy.blog.lemonde.fr/) est une bonne argumentation du "non".
Postée par J-P | 09 avril 2005 - 00:15