Rose na plus ses règles.
A force de voir leurs élus ramer sur la même galère pour faire cause commune avec les libéraux, les gens de la rue ont fini par confondre socialisme et libéralisme.
Ils nont pas tort, quand on voit en Belgique lunion qui de « contre nature » est devenue naturelle entre une droite qui reste elle-même et une gauche qui a cru malin daller à la pêche aux électeurs du centre en salignant sur les « impératifs » économiques de la première.
Ce qui est grave pour la gauche, cest que les dirigeants qui ont commis cette erreur historique sont toujours à la tête du parti socialiste et nont pas lintention de céder leur place à des militants moins marqués par cette politique collaborationniste.
On sait bien, par exemple, que Di Rupo nest pas linitiateur de ce rapprochement contre nature. Il nest que celui qui a recueilli la succession. Mais il en a accepté le bonus et le malus et, par conséquent, na pas dautre choix que de poursuivre « laccouplement monstrueux ».
Quoi quon dise, lélecteur de la rue est fortement imprégné de culture socialiste. Il vote traditionnellement « à gauche ». Quon ne se fie pas trop à ce conditionnement quasiment héréditaire. Le contentieux devient sérieux entre les petites gens qui souffrent dune situation difficile et ceux qui leur assurent que demain tout ira bien.
Dautant quil apparaît quavec lEurope et le déclin des politiques locales, il sera de plus en plus difficile aux partis de gauche de quitter le train en marche, tant lEurope retiendra « ses créatures » par le veston si, par aventure, ils voulaient sauter sur le ballast.
Leffet du « non » en France a été redoublé par les photos prises de François Hollande et Nicolas Sarkozy, main dans la main, pour, croyaient-ils, une alliance de bonne guerre en faveur du « oui » de la Constitution.
En Belgique, même si on ne nous demande pas notre avis sur cette importante question, à force de voir Di Rupo et les autres aux réceptions académiques, aux séances solennelles et aux audiences royales en compagnie des mêmes et sempiternels partenaires des droites flamandes et francophones, on a fini par les confondre dans le « tous pareils » ou « tous pourris » qui les met dans un unique sac dembrouilles.
On se dit, encore un petit effort, un rien de compréhension supplémentaire du VLD et du CVP et nous assisterons à la grande réunion des familles politiques dans laquelle on verra Di Rupo installé sur un fauteuil de la même rangée que les Gus du Vlaams Belang.
Jamais ! sexclament pétris dhorreur nos resplendissants ténors des causes perdues.
Ce quils oublient de dire, cest quils servent lextrême droite flamande en lâchant du lest à chaque fois sur les revendications des pointus du Nord du pays. Et quainsi, même sils aident leurs homologues modérés flamands, ils confortent lextrême droite à passer pour le seul parti capable de comprendre le malaise flamand.
Aujourdhui quil ny a plus grand-chose à moudre au moulin de la collaboration de classe, force est de constater que ces gens de pouvoir nont strictement plus rien à dire.
Les espoirs conçus dans leuphorie des 30 glorieuses daugmenter toujours le niveau de vie des bas salaires, décarter le chômage et dindemniser au mieux ceux qui en sont victimes se sont dissipés dans les fantasmagories dun système économique qui nous tourne le dos, dune conjoncture qui fiche le camp comme les industriels pour recommencer ailleurs ses séductions trompeuses.
En un mot, le système capitaliste auquel le PS sest attaché comme le lierre à un tronc pourri est en train de montrer ses limites. On voit la trame du tissu. Di Rupo en couturière ajoutant des pièces à nos manteaux rapiécés est une image qui ne lui convient pas du tout. Pourtant, cest la seule qui soit adaptée à la situation.
Déjà, la distorsion, entre les intérêts des électeurs du centre qui ont rallié le PS et ceux des petites gens, est tellement patent, quil ne métonnerait pas que les avocats qui composent pratiquement lessentiel de lintelligentsia de ce parti ne conduisent à lirréparable. Quand on voit la politique de la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx, en pointe pour la répression et laccroissement des mesures allant dans ce sens, plutôt que privilégier léducation de rue et le dialogue, et son collègue du SP renforcer les mesures contre les chômeurs, on se dit que dans ce parti, ce nest plus que les représentants du Centre qui décident.
Le PS français a une opposition interne à la politique de François Hollande. En Belgique, lunanimité autour de Di Rupo a quelque chose dinquiétant. De deux choses lune, ou bien nous sommes devenus incapables davoir des idées, ou bien le terrorisme intellectuel des avocats du PS a atteint un degré incompatible avec la démocratie.
Au choix.
Lun comme lautre, il ny a rien de réjouissant quant à lavenir de la gauche !