Suite du Da Vinci Code.
Comme peuvent en attester 3.574 japonais, 218 américains, 3 Belges et 2 Français, dont le gardien de la salle, on a vu couler quelques larmes sur les joues de la Joconde, derrière sa vitre blindée, au musée du Louvre, vendredi 8 avril dernier. Le conservateur, aussitôt alerté, a pensé, en raison des derniers et tragiques événements, au drame qui saisit ce jour-là le monde entier, depuis le Vatican. La vieille dame aurait-elle été le siège dune action miraculeuse qui, comme on le sait, accompagne souvent le décès des saints ?
On sen est ému. LHaut-lieu en a été bouleversé.
Pour bouleverser lHaut-lieu, il faut se lever tôt matin. Deux événements pouvaient seuls lémouvoir : une atteinte à son compte en banque et la canonisation du pape. Cette seconde hypothèse fut la plus vraisemblable à la suite dune vérification qui fit douze victimes parmi les agents de sécurité des plus grosses fortunes dans un exercice dattaque de fourgons blindés à armes réelles. Les valises étaient vides, bien entendu.
Monseigneur Canonnosso dépêché par le nonce, prit laffaire en main.
Entre-temps, la famille de Monaco, par lentremise dune presse favorable, avait voulu détourner à son profit ces larmes miraculeuses, en suggérant que le Prince de Hanovre, avait plus besoin de miracle quun autre, dautant quil était toujours en vie et fortement demandeur pour le rester...
Après quune presse figarotisée eut écrit que cétait la réponse de Jean-Paul II à ses détracteurs stupides et laïcs, dont le scepticisme à lencontre de ses manifestations miraculeuses retardait son dossier de sainteté, dautres explications peu convaincantes survinrent, toutes tirées par les cheveux.
On crut deviner dans les prophéties de Michel de Nostradamus lexplication du mystère dautant que le polisson est né le jour où Leonardo pris dinspiration étendit la première couche de blanc de céruse sur le support bois de ce qui allait devenir loeuvre la plus célèbre au monde.
Quest-ce que le tableau, peint entre 1503 et 1505 pouvait avoir de commun avec Nostradamus ? Si ce nest une coïncidence de date qui sera exploitée dans le tome VI de lauteur du Da Vinci code, nen doutons pas.
Qui pouvait bien avoir fait couler des larmes des yeux de Mona Lisa ? On saperçut que la jalousie de la Joconde pouvait en être la cause. Lenterrement de J.-P. II avait attiré à Rome 4 millions 108 visiteurs. Lépouse de Francesco del Giocondo nen aurait vu défiler de toute lannée 2004 au Louvres que 4 millions 107 !...
Cette contre-performance avait déjà été signalée en 1920 par Marcel Duchamp.
A chaque événement considérable, la Joconde arrive bonne deuxième. Cest le Poulidor de lart !
Aussi, pour relancer cette popularité sans cesse battue en brèche par des outsiders qui surgissant du diable vauvert la coiffe invariablement sur le poteau, lanalyse du panneau de peuplier de 77 cm x 53 cm sur lequel elle repose a permis de démontrer que la Joconde est en réalité un Jocond et que son sourire nest quune contraction des lèvres suite à la douleur dune pénétration dans les fondements par un Léonard échauffé qui a pérennisé la scène en la fixant à jamais. « Vinci avait le bois. » telles furent les paroles de François 1er , quil aurait prononcées en recevant son achat, aussitôt accroché dans la galerie royale de peinture, comme en témoigne les écrits de lhagiographe de la Cour que tout le monde peut consulter dans la salle des Archives de la bibliothèque des Orléans à Dreux.
En définitive, Monseigneur Canonnosso sen retournera faire son rapport au Saint-Siège, persuadé que si jalousie il y eut, ce fut uniquement entre lenveloppe de châtaignier du cercueil du Saint-père et lhumble support de peuplier de la gracieuse florentine.
Lessence précède la matière, surtout dessences communes à nos bois et à nos halliers.
Les larmes de la Joconde nétaient pas métaphysiques, mais sylvistiques.