Justice : 10 ans quon a compris.
Le plus évident dans le procès Dutroux, cest linquiétante façon dont la Justice sest arrangée pour escamoter le fonds de laffaire, la saucissonnant, même en attrayant Dutroux après les Assises, dans un deuxième procès correctionnalisé avec le dossier des vols de voitures.
Tout a été bien ficelé, empaqueté. Justice « enfin » a été rendue, si lon peut dire… On a descendu les milliers de pages dans des caves, plus profondes que celles du Vatican et claquemuré les condamnés, afin quils paient leur dette, comme on dit, le temps réglementaire.
Seul le remord davoir failli aurait dû rester en surface… même pas !
Seul fait troublant - cest lunique curiosité judiciaire qui restera - les coupables ne sortiront pas de sitôt. Contrairement à la tradition laxiste en matière de remise de peine, ceux-là peuvent être sûrs de rester au trou jusquau bout.
La défense avait bien plaidé lexemplarité de la conduite de Lelièvre en prison. Malgré la réticence de la Commission des peines, ce comparse de Dutroux avait droit après laccomplissement des 3/5 de sa peine, à une libération conditionnelle. Cet immature au sourire perpétuel était une sorte de miraculé grâce à laction éducative pénitentiaire en faveur des studieux et des repentis. Il avait quasiment refait son retard intellectuel au point de vouloir entreprendre des études universitaires, disait de lui son avocat. Bref, on travaillait lopinion au corps pour ne pas la faire hurler au moment dune sortie anticipée. Mais voilà, Lelièvre avait le vice bien caché. Sournois, le bougre nétait pas sevré du tout.
LHaut-lieu apprit avec soulagement quon avait trouvé des « pétards » dans sa cellule. On ne saura jamais si Lelièvre fumait ou si une main anonyme avait glissé des choses sous sa paillasse. Du coup, lintéressant jeune homme redevenait laffreux complice de lassassin honteux. On lavait échappé belle ! On avait failli rendre des couleurs au monstre du loch Ness.
Et si on veut un autre exemple de cette sévérité « suspecte » de la Justice, Nihoul pourrait en témoigner. Voilà un « blanchi » qui garde du savon de lAffaire dans les oreilles. Cinq ans de ballon pour sa vente de pilules interdites, cétait déjà cher payé sil ne sétait agi que de cela. Sa proximité amicale avec le grand prédateur de fillettes, les obscurités de sa liaison fervente avec le monstre… le voilà lui aussi tôlard jusquau bout et malgré les certificats dune santé défaillante. A moins quà lheure où sécrivent ces lignes, notre tricard sen soit allé par une porte dérobée, soigner ses rhumatismes chez sa partouzeuse préférée ? De toute manière, en aurait-il usé de la ruse de Maurice Papon, agonisant en prison et guilleret à lextérieur, lui aussi fera les frais des repentirs et des secrets de la Justice.
Question volet administratif, cest assez croquignolet. Les gaffeurs, les pieds nickelés de la gendarmerie et les stupéfaits de la judiciaire, en passant par les cadors et porteurs du glaive de Thémis, ont tous bénéficié de faveurs, dégards et de « reconnaissance » de lEtat, pas le moindre blâme qui ne se soit transformé en promotion !
Et après ce foutoir, on voudrait que le justiciable ait du respect !...
LAffaire est donc bel et bien enterrée et jugée. Parfait nen parlons plus. Dautant quaprès Dutroux, les exploits de Fourniret sont là pour faire oublier son prédécesseur. Le belgo-français est autrement chargé de faits accablants que le patineur-assassin borain.
Pour conclure, si la Justice estime que le procès Dutroux a été exemplaire, quelle explique pourquoi elle poursuit encore de sa vindicte les gens quelle a condamnés ? Aurait-elle, dix ans après les faits, toujours aussi mauvaise conscience ?
Reste que dans cette saga nationale, malgré les mesures prises pour une réforme de la police, le procès de la Justice na pas eu lieu, malgré cette Commission de la Chambre sur son fonctionnement et qui naura eu quun seul et redoutable mérite, celui de nous avoir fait toucher du doigt des marionnettes sanglantes du sang des victimes, et qui ne se sont agitées vraiment que pour se disculper elles-mêmes du soupçon dincurie.