Pt être bien quoui…
Les Français à trois jours du référendum sur le projet de Constitution devraient se poser la question de savoir sils sont encore en démocratie ?
Nous, il y a déjà longtemps quon ny est plus, donc cest sans problème, mais eux ?
On na jamais tant vu une aussi formidable coalition de la presse, des médias et des intérêts financiers particuliers pour le « oui » !
Et malgré cela le « non » persiste et pourrait lemporter, si le pouvoir ne bourre pas les urnes de « oui », comme il en est capable et comme cela sest vu dans le passé.
Je croyais quune règle dimpartialité avait été établie au CSA à 50/50, dans le temps et la présence dans cette campagne électorale dun nouveau genre. Cétait sans compter sur les francs tireurs. A partir du moment où le patronat français avec le baron Antoine Seillière, président, les partis centristes de Sarkozy à François Bayrou, la gauche de François Hollande à Noël Mamère étaient plus que chauds pour le texte Giscard, le « oui » semblait avoir gagné davance. Pourtant, le « non » persiste et ne sessouffle pas dans les sondages. On peut rêver à ce qui se serait passé si le débat avait été un débat gauche droite. Cela aurait eu une autre dimension, et un autre sens. La gauche laurait emporté, aurait fait réfléchir toute lEurope et remit le problème social au premier plan. Mais François Hollande na pas le souffle, nest pas lhomme à la hauteur. Non pas quil soit un pleutre, mais parce quil na pas « senti » lhistoire.
A défaut de quoi, si le « oui » lemporte, lEurope va sasseoir pour un bout de temps dans le dernier salon libéral où lon ne cause que commerce et concurrence.
Le suffrage universel a toujours posé la question du financement de lhomme politique.
Un mec friqué sans autre intention que de se faire encore plus de blé et gagner une immunité parlementaire pour parer à déventuelles poursuites, qui na aucun idéal que se remplir les poches ; mais qui peut mettre dimportants moyens pour soigner sa propagande, sera cent fois préféré au type honnête, qui défend des idées intéressantes sans grands moyens financiers et qui ne vise rien dautre que le bien public. Non pas que les gens aiment voter pour un pourri, mais dans lignorance où ils sont tenus quil existe un autre candidat assurément meilleur, ils ne feront que ce que le pouvoir de largent leur commandera de faire. On ne vote pas pour un inconnu.
Cette idée générale est dangereuse ; car elle a toujours été un argument de lextrême-droite qui tout en dénonçant cette injustice, sen est fort bien accommodée, jusquà imposer limage de lhomme providentiel, le chef !
Il nempêche que cest un des nombreux avatars de la démocratie de ne pouvoir présenter également les candidats au suffrage des concitoyens.
Cest le même principe pour ce référendum où lon voit bien que le « oui » est prépondérant dans les classes dirigeantes et quil existe ainsi une manipulation en sa faveur.
Aujourdhui, les enjeux se sont tellement imbriqués dans la situation intérieure de la France, que même persuadé que le « oui » pour lEurope est meilleur que le « non », je voterais « non » sans hésitation. Pourquoi ? Parce quavec le « non » vainqueur, cest toute la gauche qui devra se remettre en question. Il ne pourrait plus y avoir quun seul débat, enfin, dans la gauche française, celui de savoir si le réformisme est une politique efficace pour le maintien des conquêtes sociales et la reconquête de ce qui a déjà été perdu, avant – enfin - de mettre en discussion un programme dopposition au libéralisme.
Tout le monde sait que la France a toujours été pour nous un phare et que cest elle qui de 1789 à la Commune de Paris, jusquau Front populaire de 36 a su sortir nos dirigeants de gauche de leur apathie.
Si aujourdhui Di Rupo ne mérite quun Saint-Honoré du Gloupier entarteur dans la gueule, il nest pas dit que le « non » français, ne doperait pas une naissante opposition socialiste aux réformistes inconditionnels qui suivent le Montois et qui mont tout lair aussi peu combatifs que lui.
Ne serait-ce que pour leffet du « non » français sur nous, il serait le bienvenu aussi pour les courants dune gauche belge qui ne se sent plus représentée par le PS actuel.