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T’as vu le temps de demain ?

Peut-être bien que nous vivons dans l’illusion que nous adaptons la société à nos besoins et non pas pour ceux qui la dirigent ?
Nos économies performantes semblent être ce qu’on a fait de mieux depuis longtemps dans le domaine technique.
Cependant, dès qu’il s’agit de définir le progrès, voilà nos économistes et les hommes de pouvoir en désaccord.
C’est pourtant important de connaître les chances que nous avons d’une vie meilleure, rendue possible grâce à notre travail.
Que vaudrait le productivisme, s’il s’avérait qu’il ne mène qu’à une compétitivité pour une farce dont nous sommes les dindons ?
Quantifier le progrès est donc indispensable. Oui, mais comment ?
Les économistes nous servent là-dessus une platée de type libéral qui ne nous satisfait pas dans la mesure où nous ne savons pas, ce faisant, vers quoi nos allons. Si le PNB augmente avec la productivité, si les hautes performances de nos travailleurs compensent le coût plus élevé du travail par rapport aux pays émergents, si enfin cette richesse accroît l’intérêt des investisseurs pour la Belgique, bref, si ce progrès économique se traduit par un concret perceptible, est-il pour autant synonyme de bonheur pour tous ?
La façon de produire n’implique pas nécessairement que dans notre vie nous en soyons plus heureux.
La satisfaction des besoins de base est un type de réponse qui correspond au genre de progrès dans lequel beaucoup de citoyens se retrouvent. Est-ce là la source d’une vie heureuse ?
L’avancée de la technologie productive est certaine. Mais on peut douter que cette avancée de la technologie ait en même temps produit le bonheur. L’équation qui voudrait que plus l’on produit, plus l’on est heureux, est évidemment fausse.
Il n’y a aucune raison de penser qu’une société industrielle sophistiquée dans ses composantes et sa technologie soit plus apte au bonheur, donc plus heureuse, qu’une société plus simple de type archaïque, voire d’organisation plus austère.
D’autre part, les réminiscences nostalgiques tendant à faire croire qu’on était plus heureux avant, semblerait, de la même manière, fondée sur des impressions empiriques.
Un troisième critère de mesure n’est jamais abordé par nos responsables politiques et industriels, et pour cause ! Il s’agit du progrès moral.
Le progrès moral est aujourd’hui associé à la capacité de répondre aux valeurs universelles que curieusement seuls les occidentaux sont les seuls à définir, faisant en cela preuve d’une sorte de caporalisme activiste de la caserne mondiale.
Nous faisons preuve d’une morale de circonstance définie par ce que nous sommes. Est-elle adaptée à l’ensemble de la planète ?
Le seul progrès moral acceptable par les communautés humaines doit répondre à des valeurs universelles non particulières. Elle doit accorder un poids égal aux besoins et aux aspirations de toute l’humanité.
Déjà, on pourrait conclure que l’augmentation des connaissances qui a permis à nos pays un développement industriel ne conduit pas à cette morale universelle, mais bien à un concept de « démocratie en kit » en association avec la liberté du commerce. C’est fort différent de la morale universelle.

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En se rationalisant nos égoïsmes se sont radicalisés par rapport à l’égoïsme compulsif de nos pères.
L’intérêt pour le futur est non seulement pure spéculation, mais encore pure curiosité.
Il est vraisemblable que cette curiosité soit mise à profit par nos mentors pour mieux détourner notre attention des manquements profonds à l’encontre de la morale universelle.
Non seulement nous n’en sommes pas les parangons, mais encore nous la pervertissons par des comportements contradictoires à nos discours.
Notre morale accable plutôt qu’elle ne soulage les peuples asservis par nos diktats commerciaux et cela de deux manières : la première par une exploitation directe de nos ingénieurs, la seconde par les grands commis, jusqu’aux chefs d’Etat du tiers monde, que nous tolérons ou que nous mettons en place parce qu’ils font la sale besogne à notre place. Une des tromperies dont nous sommes coutumiers est cette proclamation des droits de l’homme que nos démocraties s’en vont répandre, alors que nos entreprises industrielles de par le monde disent l’hypocrisie de nos discours.
Sans vouloir faire des rapprochements hasardeux, la quête du bonheur au nom de notre morale est chaque jour la responsable quelque part d’un 11 septembre, moins spectaculaire, moins pathétique et d’apparence moins criminelle, mais tout aussi redoutable pour les populations qui en sont victimes.
Ne l’oublions pas.

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