My Kingdom For A Blog

C’est comme les toilettes ! Vous avez vu ce qu’ils ont fait à la FGTB place Saint-Paul ? Ils ont fermé les cabinets du rez-de-chaussée. Les affiliés peuvent plus y aller. Et vous voudriez que moi, Clotaire Crapulet, affilié classes moyennes, conseillé par Monsieur Mené en personne, je ne prenne pas des mesures concernant les cabinets de mon entreprise ? Dorénavant, pour y aller - je ne conteste pas que parfois il faille y aller - vous prendrez la clé chez ma secrétaire Chrystelle Chaudu et vous la lui remettrez en main propre, c’est-à-dire après que vous vous soyez lavé les mains.
Ne croyez pas que ce soit de gaieté de cœur que je vous dis cela. Quand je vois l’état des lieux que Madame Pissoff doit rafraîchir, je me demande si nous avons affaire à des êtres humains.
La semaine dernière, grâce à un graphologue recommandé par Monsieur Mené, nous avons pu confondre et renvoyer sans préavis, le coursier du magasin, votre collègue Morfleur, qui avait écrit à la pointe à graver sur le mur « le patron fait minette à Chaudu ». Je le dis sans avoir honte et sans fausse pudeur puisque tout le monde a lu cette ignominie, que je ne tolérerai plus aucune inscription, même celles à ma louange, non, ne riez pas, personne ne l’a su, j’en ai effacée une moi-même, écrite au marqueur, sur le réservoir de la chasse d’eau… « Monsieur Crapulet est un bienfaiteur ». J’ai eu la modestie de ne pas citer ce débordement du cœur d’un membre du personnel. Vous m’y obligez par vos ricanements !
Car, oui, mesdames, messieurs, les lieux d’aisance doivent être aussi respectés que chez vous. Vous êtes ici dans votre seconde maison, votre seconde famille.
Et l‘économie des papiers ? Avez-vous une idée du nombre de rouleaux de papier hygiénique que nous consommons par semaine ? 117 rouleaux, pour 27 personnes, si nous décomptons Mademoiselle Chrystelle Chaudu qui compte tenu de la proximité de son lieu de travail avec la salle d’eau jouxtant mon bureau a depuis toujours l’autorisation d’y satisfaire ses besoins.
117 rouleaux, soit 4 rouleaux 333 par personne ou pour être précis, 86 mètres 820 de papier !
Monsieur Mené m’a déconseillé la double épaisseur, pour son prix et les bouchons dans le siphon, et, j’ajouterai, pour l’inutilité dans les difficultés que nous traversons de vous conscientiser sur les efforts que je fais pour améliorer votre bien-être.
Le papier « une couche » de chez Makro est amplement suffisant. C’est celui que monsieur Mené utilise pour son personnel aux classes moyennes. Lui-même l’emploie. Il m’a dit qu’en effet, au début, il le trouait facilement ; mais que jamais il n’eut la tentation d’imprimer de l’index une virgule brunâtre sur le mur, comme on voit ça ici ! Monsieur Mené n’a jamais eu la perversité de tirer sur le rouleau pour en faire trois, voire quatre épaisseurs. Tandis que vous, si l’on en croit Aarpik, l’homme de peine, il a compté jusqu’à six épaisseurs dans l’égout quand il a fallu casser la conduite pour sortir les Tampax qui tous les mois bouchaient les conduits.
C’est grâce à Monsieur Mené que Monsieur Fleurette de l’agence de surveillance « Tous à l’œil » a pu confondre la dénommée Francine Parsonkul, et aussi à l’aide des renseignements de la médecine du travail sur les cycles de 28 jours de chaque membre du personnel féminin. Ce ne pouvait être que Parsonkul qui bouchait régulièrement les lieux, aux mêmes jours, tous les mois ! Inutile de vous dire qu’elle a été licenciée immédiatement sans préavis.
J’ose dire que depuis ce départ, les égouts n’ont plus soufferts.
Mais la propreté ne s’est pas améliorée.

Personne n’utilise la brosse à côté du siège, ni le tampon qui sert à repousser les fèces de plus en plus flottantes depuis que les femmes mangent « allégé ». Ce qui fait que tout le monde tire la chasse une seconde fois. Monsieur Fleurette a compté jusqu’à quatre chasses d’eau quand Monsieur Boilenil y était. Après un avertissement sérieux, Monsieur Boilenil a été renvoyé. C’est certain, on avait là un récidiviste.
Monsieur Mené a connu un loustic qui s’enfermait des heures pour lire et fumer à l’aise et qui, pour passer le temps, tirait la chasse ! Et savez-vous ce qu’il a dit pour sa défense ?... qu’il avait habité près de la cascade de Coo et que le bruit que fait l’eau en se déversant lui manquait !
Depuis les détecteurs de fumée au-dessus du vase, personne n’y va plus pour fumer. Celui qui mettait un imperméable pour s’y rendre a été licencié il y a plusieurs mois. Nous lui avons envoyé une facture dégât des eaux par l’intermédiaire de notre assureur. La pénombre voulue empêche également de lire. Quoique, certains de mes bons éléments m’ont rapporté que parfois des lumières de lampe de poche filtrent sous la porte !
J’ai séparé les wc des hommes de ceux des femmes par une double cloison, à cause des trous qu’on perçait dans la brique constatés par Monsieur Mené qui m’a fait l’amitié de venir visiter les installations. Aux Classes moyennes, les employés du premier avaient percé la cloison entre deux wc et jouaient au « Glory hole ». C’est en y déroulant un cake, comme dit de façon imagée Monsieur Mené, qu’il vit avec horreur pointer un sexe en érection par le trou. Il voulut le saisir mais la chose lui échappa lorsqu’il appela à l’aide ! Il envisage une dame pipi qui souhaiterait faire une carrière indépendante.
Voilà, Mesdames et Messieurs, le message que je vous adresse avant vos vacances.
Encore un mot, j’ai supprimé les flacons d’Odorex qui disparaissaient avant d’être débouchés.
Ne croyez pas que votre patron se reposera. J’ai demandé à Mademoiselle Chaudu de m’accompagner pour prendre les notes d’un symposium sur la propreté que Monsieur Mené organise à Ramatuelle. J’espère que nous en appliquerons les leçons à la rentrée.
Je vous remercie de votre écoute et vous souhaite de bien vous reposer afin que vous reveniez plein d’ardeur pour le travail qui vous attend.
Comme Mademoiselle Chaudu est à côté de moi, elle ne pourra pas vous donner la clé des cabinets pour un ultime besoin éventuel. Je vous demande d’aller les faire chez vous ou s’ils sont urgents sur la haie des Entreprises Pissard, nos voisins du zoning.