Diallèle
A S…
La maladie change la donne. Mais, après tout, adénome pourrait être un joli nom de fleur… Ladénome des bois fleurit au printemps… cest joli, non ?
Gustave rentre de Deauville en calèche avec son frère Achille. Cest lui qui tient les rênes. A Pont-lévêque, un roulier les croise dans la nuit. Gustave tombe soudain au pied de son frère Achille, médecin comme leur père Achille-Cléophas Flaubert.
Le diagnostic des deux médecins à propos de « lapoplexie » de Gustave, alors quil souffrait dune maladie des nerfs à caractère pithiatique ou carrément simulée, dut réjouir intérieurement le cadet.
Ce fut la première manifestation extérieure de « sa maladie », limage et son symbole que lécrivain décrivit dans sa correspondance à Louise Colet, quelques années plus tard.
Après le drame de Pont-lévêque au cours duquel, son aîné le crut mort, Gustave géra ses crises qui sespacèrent, jusquà disparaître presque complètement à la mort du père, le sévère médecin-chef de lHôpital de Rouen, Achille-Cléophas.
Le complexe dŒdipe ? Non. La frousse de passer devant Achille-Cléophas, au cas où Gustave aurait été une seconde fois recalé aux examens de Droit.
La maladie de Gustave lui permit de sécher les cours, puis de les abandonner, sans que la règle familiale et bourgeoise, selon laquelle un Flaubert réussit, fût transgressée. Bien portant, Gustave eût été socialement mort.
Enclos grâce à lépilepsie entre quatre murs de la maison de Croisset pendant près de deux ans, cela fut, écrivit-il à sa maîtresse Colet, « les plus belles années de ma vie ».
Sans la « maladie » providentielle, nous neussions pu lire « Léducation sentimentale », « madame Bovary », « La tentation de Saint-Antoine », « Bouvard et Pécuchet ». Même les œuvres de jeunesse dont « Mémoires dun fou » fussent restées dans les papiers du magistrat quil serait peut-être devenu. Ladmirable « Correspondance », malheureusement amoindrie des feuillets que la nièce héritière, madame Commanville, détruisit sous prétexte quils étaient licencieux, neût été que les attendus de prétoire dun Gustave robin.
Dune terrible épreuve naquit un chef-dœuvre.
On ne saccomplit quen frôlant les désastres.
Les victimes ne sont pas désignées davance dans le grand lunapark de la vie.
Tel le phénix, le Printemps de Botticelli renaît à chaque regard des visiteurs des Offices… et voilà plusieurs siècles que ça dure. Alors, à la collection de « si » qui nous sépare, toi et moi, si nous y ajoutions : « Et si la réalité à laquelle nous mesurons langoisse nétait que le référent dune illusion collective ? »
Richard dYork, à la réunion de lautre mardi, te regardait à la dérobée.
Vit-on jamais convalescente plus éblouissante !
Il fut saisi dun vertige aussi pithiatique que celui de Flaubert.
Les historiens savent comme Shakespeare a dénaturé la vie de ce pauvre Richard III. Les propos diffamatoires de Thomas More à lencontre du dernier des Lancastre, soixante ans après le désastre de Bosworth de 1485, furent à la base du chef-dœuvre du grand Wil…
Le pauvre sire sest déjà expliqué là-dessus.
Richard a toujours été sensible à la grâce…
La beauté a ceci dinattendu que la personne qui la possède nen a pas, le plus souvent, la moindre idée. On croit quelle en use comme une arme, alors quelle en est incapable, puisquelle lignore. Elle supposa au moment où Richard la regardait que la maladie la rendait laide.
La pire erreur, cest de croire son fatum tracé.
Le contraste entre le monarque et la jeune femme était tel quun découragement saisit celui-ci.
Il se vit le plus abandonné, le plus misérable du monde.
Flaubert interrompant avec soulagement ses études et bénissant son « haut mal » était beaucoup moins atteint que lui.
Un monarque déchu est plus bas que terre. Alors que le grand Wil inventa pour faire brillant, « mon royaume pour un cheval », Richard se fût contenté dun sourire.
Le seul amour vrai est celui du non-dit ; car, il saccomplit.
Shakespeare est passé à côté dun grand drame : celui du roi vaincu qui jette son épée inutile dans le ravin et meurt frappé par lhéroïne dune autre guerre des Roses.
Elle, comme Achille son frère mort, ne vit quun vieil homme foudroyé, étendu sur la plaine de Bosworth.
Commentaires
Le monarque nest pas vaincu, il a gagné lamitié de la fleur Carcinome :-)
Postée par S | 27 août 2005 - 00:00