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Une démocratie fragile.

Les récentes colères de Katrina, le cyclone qui a dévasté la Louisiane et ses environs, nous rappellent notre véritable place dans l’ordonnancement de la planète, à savoir toute petite. Nous sommes souvent les invités malpolis d’un vaste hôtel à l’image de l’univers que nous souillons par plaisir, dont nous dilapidons les ressources et dont les tentures nous servent à cirer nos chaussures, quand nous quittons la chambre. Exactement comme font les grands singes dans nos zoos qui à défaut de chaussures amusent les visiteurs par leur façon désinvolte d’exposer leurs derrières, leurs érections et leurs fèces.
Démonstrations « malpropres » qui ne dérangent pas les anthropologues puisqu’il est question après les premiers séquençages des primates de les faire intégrer le groupe « homo ». Ce qui va poser des questions éthiques à l’usage de nos nouveaux semblables.
Pas que le chimpanzé et le bonobo à avoir des sales manières…
Les scènes d’émeutes, le pillage et l’incurie des autorités en Louisiane suscitent de multiples interrogations quant au sérieux des propos du président Bush prônant sa démocratie comme le plus évident progrès de l’humanité.
Les images que nous avons pu voir sur nos téléviseurs, sont des images de désolation qui auraient tout aussi bien pu être tournées à Kinshasa ou dans une république bananière d’Amérique du Sud.
A force de privatiser toutes les activités y compris celles qui relèvent de l’organisation sociale la plus élémentaire comme les transports, les soins de santé, la poste, il n’y a plus aucune volonté centrale de cohésion efficace, s’ajoute à cela une raréfaction d’un bénévolat compétent. Les initiatives des églises, si nombreuses dans leur variété aux USA, les bonnes volontés privées et les petites gens qui offrent généreusement leurs services sont tout à fait incapables de gérer une crise d’une telle ampleur. Vos gazettes n’en parleront pas, mais n’est-ce pas montrer les limites des « bienfaits » d’une libre entreprise gérant le monde ? Bien sûr, on vous parlera des collectes généreuses comme à NY sur les courts de tennis pendant l’US Open, mais cet argent puisé dans les tickets d’entrée et la main à la poche des joueurs aura d’abord fonctionné comme outils de propagande à la Fédération de Tennis, pour ensuite se diluer dans les moyens techniques et les producteurs de camping-cars, véhicules de toute nature, hôpital de campagne et personnels compétents, le tout dûment rétribués et générant des profits.
Le fédéral n’a jusqu’à présent évalué que les besoins des populations qu’il est incapable de secourir dans des délais raisonnables. Si bien qu’on va peut-être compter des milliers de morts, victimes de l’incapacité du système en plus de ceux engloutis par les éléments naturels déchaînés.
Quelques centaines d’hommes aguerris à Bagdad ont été dépêchés sur le terrain avec ordre de faire feu sans sommation sur les pillards. Pensez donc, les 64 paroisses de la Louisiane sont parmi les plus pauvres des States. C’est l’occasion de tuer les « mauvais » américains. Une vie contre un téléviseur, des fringues ou quelques boîtes de conserve. L’Américain moyen va applaudir. Cette politique du riot-gun, Idi Amin Dada, ben Ali, Sharon ou n’importe quel raïs d’Afrique du Nord en aurait fait autant.
La désorganisation et le manque de moyen des USA – la plus grande et la plus riche démocratie du monde - sont tels que si ça continue, des pays de l’Europe et même du Tiers monde seront à la pointe de l’aide aux populations en détresse comme l’a suggéré le secrétaire des Nations Unies.
Eh bien ! si la liberté d’entreprendre ne se résume qu’à détruire les organisations collectives et nous assujettir à la production en qualité d’esclaves, ils peuvent aller se faire foutre et le MR pourra toujours repasser la pommade avant les élections pour vanter ça, je ne marche pas !...
Il faut aider les pauvres de la Louisiane, car ce sont des gens comme nous qui souffrent d‘une calamité naturelle et d’une calamité intérieure, le capitalisme.
Mais il ne faut plus se laisser avoir par l’opinion des dirigeants de droite comme de gauche, tous centristes et tous propagateurs d‘un dégoûtant empirisme.
La Louisiane est une leçon.

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Elle nous montre les limites à ne pas dépasser au faux sentiment que la liberté commence par la liberté d’entreprendre, d’exploiter et d’amasser les devises. L’initiative privée incomparable à toutes les autres, c’est la galéjade des temps modernes.
Ce dernier fiasco cumule avec d’autres de moindre ampleur, mais tout aussi significatifs, à commencer par les accidents d’avion en série des compagnies charters véreuses qui sont plus nombreuses que les compagnies saines. Les compagnies interdites à l’atterrissage en France ne sont même pas parmi les plus dangereuses, et on pourrait multiplier les exemples à l’infini : la guerre d’Irak pour des raisons obscures et probablement mercantiles, les chemins de fer qui cumulent les déraillements, les soins de santé qui sont inaccessibles aux pauvres, même parfois à la middle class ! etc... Bien entendu tous ces errements ne sont pas produits par les seuls Etats-Unis, mais c’est à l’exemple de leur organisation économique tant vantée que tous les Etats démocratiques s’alignent petit à petit et finiront par sombrer dans les mêmes travers que leur grand exemple.
Si bien que les discours moralisateurs de Bush deviennent le comble du cynisme et de la mauvaise foi…
Cela nous remet sans tarder dans un débat que tout le monde évite, y compris, les socialistes, à savoir, va-t-on rester longtemps les acteurs d’un système qui a fait la preuve qu’il ne valait pas mieux que le système communiste ? Ou va-t-on enfin rêver à une autre façon de réconcilier le travail avec les hommes et la solidarité avec les peuples ?

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