Une bonne affaire planétaire
C’est étrange, quand même, cette obstination de l’OMC (Organisation mondiale du commerce)… ces réunions à grands renforts de trompes qui ne débouchent en général sur rien que des émeutes et une détestation quasiment unanime du capitalisme mondial sous-jacent.
On pourra dire que sous cet aspect tapageur, l’OMC aura plus fait contre le libéralisme, que le système communiste rangé dans les placards de l’histoire depuis la chute du mur…
Ainsi que restera-t-il de ces six jours de réunion à HongKong ?
Un peu plus de dégoût pour le honteux égoïsme des pays riches, un peu plus de misère pour ceux qui en loques pourvoient aux richesses des privilégiés.
Vraiment, il y a peu d’exemple d’un système économique dans l’histoire des civilisations qui aura été aussi critiquable à l’heure de son apogée, que l’OMC.
Et ce ne sont pas les milliers de personnes qui manifestent dans la cité chinoise et derrière eux des millions de travailleurs spoliés qui diront le contraire.
Qui ne serait aujourd’hui du côté des altermondialistes, alors que ceux-ci se contentent d’exprimer leur colère en esquissant quelques solutions plus humaines, sans prétendre en terminer avec le capitalisme ? C’est un peu en opposition à ces bien nourris en vitrine de l’OMC qui exposent leurs grasses et réjouies personnes dans des vêtures qui nourriraient une famille du Tiers monde pendant un an, que les gens s’insurgent !
Le public s’y perd dans ces réunions suivies de banquets où la politique du monde se décide entre deux coupes de champagne. Est-ce la sixième conférence ministérielle de l’institution ou la septième ? Cela a-t-il de l’importance ?
On ne retiendra que le nombre de morts que les forces anti-émeutes de HongKong feront. La seule nouveauté peut-être de cette année sera dans le mélange de gaz des aérosols de dissuasion. Cette fois, il sera au poivre… vert sans doute, à cause des écologistes qui accompagnent les mouvements protestataires altermondialistes depuis Kyoto.
Mais, une année n’est pas l’autre. Il est vrai qu’en Chine on ne rigole pas avec les émeutiers depuis la place Tienanmen. Les reporters étrangers qui ne sont là que pour filmer la castagne entre les paysans sud-coréens planteurs de riz et la maréchaussée chinoise n’ont jusqu’à présent pu que transmettre les images de manifestants brandissant des banderoles en caractères chinois avec de rares exceptions en anglais.
Comme toujours en Chine, il y avait autant de policiers que de manifestants, ce qui fait toujours un très bel effet dans les gros plans.
Le directeur général de l'OMC, le redondant Français Pascal Lamy, n’a été nullement perturbé par quelques manifestants infiltrés à l’intérieur des bâtiments, grâce au bon vouloir des policiers qui avaient sans doute reçu des ordres d’en haut, comme on sait que la Chine est toujours communiste et pour faire semblant de ne pas être tout à fait d’accord sur tout avec les capitalistes. Quoique tout cela ait perdu sons sens en ce pays, sauf pour ce qui concerne le suffrage universel et la démocratie à l’occidentale, pour lesquels les dirigeants sont restés maoïstes.
Pascal Lamy a simplement reconnu que l'OMC n'était pas la plus populaire des institutions dans le monde. C’est le moins. Ce constat, il n’était nul besoin qu’il nous le serve. Tout le monde le savait déjà.
C’est que si l’on considère l’OMC comme le patron des patrons à l’échelle de la planète, on pourrait la confondre dans son ensemble avec les entreprises pratiquant le dumping et la concertation à l’étiquette des prix.
Bref HongKong, deux ans après l'échec retentissant de Cancun (Mexique), et les négociations de Doha lancé en 2001 au Qatar, restera un bide aussi retentissant que ceux de ses illustres prédécesseurs.
Comme les précédentes moutures, l'Union européenne et les Etats-Unis ont été accusés par les pays en développement de fausser les échanges mondiaux par le soutien important qu'ils apportent à leurs paysans. Ce qui est vrai.
A cela près que s’ils ne le faisaient pas, ce seraient des milliers d’agriculteurs qui se retrouveraient en faillite dans nos charmants pays drillés par la fièvre du profit.
Peter Mandelson, a réclamé des Etats-Unis et du Japon qu'ils ouvrent complètement leurs marchés aux pays les moins avancés. Il est indispensable que nous trouvions très tôt un accord sur ce paquet développement, a-t-il ajouté. Comme paquet, les USA en ont un drôle sur l’estomac, ce ne sont pas que les citoyens américains qui sont obèses, mais aussi l’économie hypertrophiée par les vols légaux que ce molosse s’autorise partout et surtout chez ceux qui ne savent pas se défendre.
Les grands pays émergents comme le Brésil ou l'Inde surviennent au mauvais moment. On ne savait déjà pas s’arranger entre Européens, Japonais et Américains, avec deux de plus dans le jackpot, ça fera encore plus désordre au prochain sommet… Bah !... du moment que Lamy reste directeur…