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Bouger son froc devant les dictatures.

Ce n’est pas le fait d’avoir limogé le ministre des Réformes Roberto Calderoli, un fasciste nostalgique de la Ligue du Nord, que Berlusconi, le premier ministre italien, inquiète, mais par les motifs donnés à cette exclusion. Le commandatore espère ainsi apaiser les tensions provoquées dans le monde musulman par les « insultes » de Calderoli à l'islam.
Là-dessus, on nous brode un portrait de Calderoli qui le ferait détester cordialement par tous : raciste, nostalgique de Benito, etc. Cela, Berlusconi le savait en s’engageant dans une alliance avec la Ligue du Nord. Par contre, ce qui est nouveau, c’est que Calderoli s’est déclaré pour la liberté d’expression - ce qui pourrait être paradoxal, si l’on tient compte de ce qu’il est – mais en l’occurrence cet homme était parfaitement en droit de défendre cette liberté, menacée par des intégristes manipulés par les ayatollahs et les raïs, dans une Europe qui tourne à tout vent et qui donne la désagréable impression de défendre moins la liberté, que son commerce avec le Moyen Orient.
Il aura donc fallu de violentes manifestations devant le consulat d'Italie à Benghazi, en Libye, pour faire caner l’illustrissime Berlusconi. Tout le monde sait bien qu’aucune manifestation spontanée n’est possible dans un pays comme la Libye qui ne soit fomentée par le pouvoir lui-même. Ici, c’est la Fondation Kadhafi dirigée par Seif el-Islam Kadhafi, un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui avait sommé Silvio Berlusconi de prendre des mesures urgentes contre ce ministre sous peine "de voir ses intérêts et ses relations avec la Libye passer par une phase délicate et décisive de réévaluation. »
Le premier ministre n’a pas hésité. Il a fait même mieux. Après avoir obtenu le départ de M. Calderoli, le chef du gouvernement italien a annoncé avoir téléphoné à Mouammar Kadhafi et avoir obtenu l'assurance que ce "grave incident", dont il a déploré les tragiques conséquences, n'aura aucune conséquence négative pour les relations entre les deux pays.
Voilà un bel exemple de ce qui attend désormais l’Europe à chaque fois qu’elle aura une politique assurant ses ressortissants de la liberté d’expression. Face aux réactions de ceux qui n‘aiment pas que cette liberté puisse s’exprimer, tous les gouvernements européens feront comme l’italien. Et tout sera dit.
La liberté d’expression n’étant pas défendue par ceux chargés de la défendre, les ennemis de cette liberté d’expression, c’est-à-dire toutes les dictatures (voir la Chine avec Yahoo) nous contraindront à leur demander l’autorisation de critiquer leurs régimes. Déjà des petits malins en Europe préparent des textes dans lesquels nous pourrions voir des restrictions sévères quant à notre droit à la critique des religions.
Bien sûr, Calderoli est un provocateur d’un parti d’extrême droite. En lui-même, il n’offre aucun intérêt. Ses provocations sont à la mesure du personnage. Cependant, c’est l’excès de liberté et l’exagération, le portrait charge, la satire et la polémique qui en fin de compte font bouger les choses.
A nous conduire comme des petits bourgeois peureux, nous avons l’exemple de 38, Edouard Daladier descendant de l’avion après l’entrevue avec Adolphe Hitler et le peuple l’applaudissant comme s’il avait obtenu un accord garantissant définitivement la paix. On a vu ce qu’il en a été.

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Rien ne nous permet de dire que la lâcheté d’aujourd’hui nous fera vivre en paix à côté d’une nation musulmane qui se cherche et n’a pas encore su se dégager de ses despotes, ni de ses règles religieuses qui nous paraissent sortir de notre ancien moyen-âge.
Les véritables menaces et provocations que l’Islam fait courir sur le monde occidental ne regardent pas les musulmans, elles regardent ceux qui ont peur de la liberté d’expression de leurs ressortissants et de leurs émigrés qui pourraient rapatrier de « mauvaises pensées » dans le pays d’origine.
La liberté venue d’Occident et propagée par la seule force du droit contre l’injustice, de la laïcité contre le délire des prêtres et de la révolte contre l’absolutisme des dirigeants, voilà ce que le despotisme intégriste musulman ne supporte pas…
Nos Machiavel aux petits pieds pensent que l’on peut infiniment discuter avec des gens qui n’hésitent pas à se servir du terrorisme ou à être terroristes eux-mêmes dans une partie de bras de fer avec l’Occident.
On frémit en cas de conflit ouvert, de la manière dont nos ministres défendraient notre liberté. Du reste, ne sont-ils pas en train de la grignoter aussi, par l’autre bout, en installant des micros, des caméras partout et en autorisant les simples forces de police à violer « légalement » notre vie privée.
S’ils veulent pacifier les rapports entre les dictatures et les démocraties en réduisant nos libertés, c’est la bonne façon de servir la soupe à Ben Laden et aux pires activistes d’un Islam conquérant.

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