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Golden balls.

On ne les plaindra pas, mais ce n’est pas tous les jours la récré pour les poids lourds de l’industrie et de la finance. Les PDG aussi font dans leur froc de peur d’être licenciés sans parachute doré !
Les individus initiateurs d’OPA hostiles sont là pour leur faire comprendre qu’il n’est pas drôle de tomber sur plus malin que soi, dans une société de raiders où pour se faire des golden balls – littéralement des couilles en or – il faut savoir écraser celles des autres.
En notre minuscule Etat, s’il y avait bien une planque pour les vieux jetons de l’économie, c’était bien la Société générale, Un « vestige féodal »: c’est ainsi que de Benedetti la décrit. Bureaux douillets, activités centenaires, une Institution dans le genre de la dynastie, pratiquement née avec elle. “Pourquoi est-il prêt à avancer tant d’argent pour elle, alors?”, répliqua Davignon, tirant nerveusement sur sa pipe et jusque là quelque chose dans le bâtiment. Tout mais pas de Benedetti rugirent les responsables de la Générale, pas d’Italien. Ce qui n’empêcha pas des actionnaires de se remplir les poches, comme le pdg anversois de Gevaert en ce temps-là, sur le compte de l’Italien furioso ! Chose curieuse, c’est encore le même couplet à propos de l’Electricité et Gaz de France, tout mais pas l’Italien Enel !
Un groupe de raccroc : Suez, des capitaux frais et voilà la Société générale devenue française, mais pas italienne. De Benedetti boit la tasse et les grossiums de Bruxelles rempilent dans les fauteuils pur cuir.
Tout ne se passe pas toujours entre bons copains. La Swissair n’arrivait pas avec un raider dans ses bagages, mais n’en a pas pour le moins essoré la SABENA au nez et à la barbe des gros mariolles du gouvernement, pour s’arranger à se mettre en faillite en Suisse. Gros à parier qu’on ne retrouvera jamais les fonds siphonnés de la société belge ! là, il n’y a que le petit personnel qui a trinqué. Cela rassure toujours les grosses pointures. C’est aujourd’hui Davignon qui donne des conseils de gestion à la nouvelle compagnie d’aviation bruxelloise. Il a oublié l’entérite de 1992.
Le tir aux PDG grassouillets nous est venu des USA, bien entendu. Dans les années 86 – 87, le financier touche-à-tout Jimmy Goldsmith s’était mis en tête d’absorber Goodyear, le premier manufacturier de pneumatiques de la planète. Dominique Nora nous raconte la chose de façon imagée. Elle dépeint très bien les courettes autour de Wall Street, à commencer par celle de Robert Mercer, le PDG de Goodyear à l’époque qui chercha pendant les quinze plus longues journées de sa vie, le nom de son prédateur.
Quant à Goldsmith, après avoir raté son coup, il est reparti s’amuser ailleurs, dans l’Edition, et les journaux. Avant de se sentir une vocation de journaliste, et de soutenir Philippe de Villiers, il avait un tantinet pataugé dans les produits pharmaceutiques. Il est mort dans sa villa de Marbella fin des années 90, il avait amassé une fortune évaluée à 10 milliards de francs français, résultat de son travail « honnête » diront nos ineffables libéraux.
Aujourd’hui, la fiesta tourne autour d’ARCELOR.
Guy Dollé, directeur d'Arcelor, qui se bat actuellement contre le projet de reprise de Mittal Steel, a vu son salaire augmenter de 9,4% au cours de l'année écoulée. En 2005, Dollé a perçu un salaire de 1,43 million d'euros, dont 632.000 euros de salaire fixe, le reste étant composé de bonus et d'options sur des actions. Le reste du comité de direction a reçu globalement 5,8 millions d'euros, soit 8,3% de plus que l'année d'avant. On comprend qu’il s’agrippe à la poignée de son bureau.

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Guy Dollé est à la tête d'Arcelor depuis la fusion entre le luxembourgeois Arbed, le français Usinor et l'espagnol Aceralia en 2002. Après avoir mis en boîte le Gouvernement wallon et sérieusement écoeuré les métallos sérésiens sur son compte, Dollé ne pouvait compter que sur son actionnariat. Tout le fric qu’il jurait ne pouvoir investir à Seraing s’est miraculeusement retrouvé dans un de ses tiroirs dans lequel plus personne ne savait qu’il y était, tout ça pour la branlette aux actionnaires…
La partie n’est pas finie. Lakshmi Narayan Mittal n’a pas dit son dernier mot. C’est égal, Dollé voudrait bien finir carrière d’ici deux ans avec des petits compléments à son modeste pécule, mais l’Indien Mittal agite le C4 de Guy. S’il reprend l’affaire, il y placera son fils et videra Dollé.
Quand je vous disais que, juste retour de manivelle, ces gens-là font dans leur froc de perdre leur place comme le dernier de leurs commis.
Et cette chiasse inaugurée par Davignon en Belgique ne fera que s’accélérer dans les prochaines années.
« Pourquoi se crever à bâtir un empire, quand on peut s’approprier celui des autres ? » Raisonnement impeccable, sauf que le raider, la proie et la faune gravitant autour des deux opposants n’en ont jamais rien secoué. Ils se sont toujours contentés de faire crever les autres, des petits personnels, aux cadres aussi exposés dorénavant que n’importe quel plouc d’atelier.

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