Entre inquiétude et chagrin.
Deux semaines après leur disparition, on reste sans nouvelles de Stacy (7 ans) et Nathalie (10 ans).
Ce constat, plus qu’une information, la presse l’annonce avec une certaine résignation qui apparaît aux yeux de certains comme l’évidence d’une impuissance : celle d’une police qui ne peut tout élucider.
Depuis le début de cette épouvantable affaire, alors que l’angoisse montait au souvenir de Julie et Mélissa, les instances officielles, bien relayées par les médias se sont attachées à nous démontrer que le système judiciaire avait changé. Et c’est vrai. L’empressement à rencontrer le désir des parents et des citoyens à faire vite, les moyens considérables déployés, l’absence d’arrogance ou de désinvolture des magistrats et l’arrivée sur place d’un renfort fédéral sont des preuves d’une bonne volonté et du désir de bien faire.
Force est de constater que jusqu’à présent les résultats ne sont pas à la hauteur des moyens déployés. Et que si la comparaison avec les anciennes méthodes avantage sérieusement la nouvelle, faire des fouilles spectaculaires comme à la Chartreuse, parce que c’est un endroit désert et abandonné, sans aucun indice qui permette d’arpenter l’endroit avec raison, ressort plus de la gesticulation, que de la démonstration d’une compétence accrue.
Il en va ainsi de toute chose, on s’agite, on s’évertue à mieux faire ; oui, mais à mieux faire comment et par rapport à quoi et contre qui ?
Le désir de bien faire et que cela se sache, est-ce condamnable, même s’il y a dans l’effort produit une arrière pensée de propagande à l’égard d’un public rendu sceptique ? De ce point de vue, rien n’a changé depuis l’affaire Dutroux, quand au plus fort des déconvenues et des ratages, la police et la gendarmerie ne cessaient de se justifier.
L’efficacité de A à Z n’existe que dans les films policiers.
L’illumination, le flair et l’intuition ne flottent pas dans l’air de nos commissariats.
L’inspecteur Barnaby élucide tout, souvent après une belle collection de meurtres, ce qui n’est pas vraiment un exemple de rapidité intuitive. Quant à Maigret, si certains de nos policiers en prennent l’allure, la ressemblance s’arrête là.
Les lois renforcées, les suspicions et les moyens de surprendre le citoyen dans ses appels téléphoniques, ses comptes bancaires et ses démêlés avec ses voisins, ces « progrès » ne sont possibles que par l’évolution des moyens techniques, complétés par les avancées d’une science propice à la recherche et l’exploitation des indices, la lecture d’ADN et l’analyse fine des tissus et des matières des « témoins inertes » exploitables. Les devoirs se font parfois au détriment des libertés du citoyen, sans qu’il s’en émeuve. Nous sommes en Belgique, pays de la placidité et la foi dans les élites.
Malraux ne croyait qu’à l’efficacité de la police des garnis. Evidemment, c’était dans un autre temps.
Dans l’affaire qui nous préoccupe, la police, ne pouvant compter sur des indices sérieux, s’en remet aux témoignages et aux effets du hasard. C’est mince.
La race des Dutroux et des Fourniret n’est malheureusement pas éteinte. Elle existe depuis toujours. Aucune mesure collective de sécurité n’a empêché les prédateurs d’agir.
Il ne faut pas s’y résigner, certes, mais il faut en prendre son parti et apprendre à vivre comme dans un vivier partagé entre goujons et brochets.
Comment ?
Sans vouloir verser dans le tout répressif, il faut rester logique avec les faits. Un pédophile psychopathe est inamendable, sauf dernière découverte thérapeutique, relâché, il constitue un danger permanent. Il serait donc normal qu’on ne le relâchât point.
Quand bien même cela serait ainsi, l’espèce n’en serait pas détruite pour autant.
Reste que les pantouflards que nous sommes font une découverte, celle que tout peut arriver dès que l’on sort de chez soi. On peut reprocher aux parents de laisser courir dans la rue des enfants jusqu’à 3 heures du matin, mais, y compris de la journée, un défaut de surveillance d’une minute est suffisant pour que des êtres chers disparaissent.
Alors, ne leur jetons pas la pierre.
Le relâchement de l’éducation parentale est général.
Il est dû en partie à l’appauvrissement culturel, lui-même souvent dépendant d’un manque de moyens financiers et d’un travail valorisant.
Si l’éducation fout le camp, le crime lui persiste, mieux, il fait florès quand la déglingue est générale. Je n’irai pas jusqu’à dire que le système est responsable de la disparition des deux fillettes, mais il a certainement une part de responsabilité.
Enfin, l’essentiel, c’est qu’on les retrouve vivantes. On fera les comptes après.
Commentaires
Malheureusement, il ne faut pas trop attendre de la sociologie pour résoudre les problèmes de société ... alors vous pensez, les problèmes psychologiques ... et inversement. Il y aura toujours des Dutroux et des Fourniret dans toutes les sociétés. Enfants voici des boeufs qui passent, cachez vos rouges tabliers.
Postée par Anonymous | 24 juin 2006 - 00:14