Zidane va coacher la Corée du Nord
C’est par des tirs au but que Kim Jong-il a énervé la planète.
C’est également à cause des tirs au but que les Italiens de Liège m’ont empêché de fermer l’œil jusqu’à une heure du matin.
Le rapport ?
Comme la mort subite au foot, c’est un manque de savoir-vivre de Kim Jong-il.
Depuis toujours je réclame le droit de sortir de la librairie où je vais acheter le journal, avant ceux qui veulent y entrer pour un achat identique et qui m’en empêchent.
Comme les Italiens de Liège qui hurlent leur joie à la victoire de leur équipe, Kim Jong-il n’en finit pas de clamer la sienne devant la victoire – qu’il est le seul à voir – de son armée victorieuse contre l’Occident capitaliste. Bref, ces casse-pieds m’empêchent d’avoir une nuit calme. Ce sont leurs semblables qui me barrent le chemin de la librairie.
Dans le fond, ce ne sont pas les joueurs italiens qui ont gagné la coupe du Monde de football, mais le joueur français David Trezeguet, qui a raté son tir au but.
De même, la guerre totale du dictateur nord-coréen a mal commencé par le ratage monstre du tir d’une fusée qui n’était qu’un pétard mouillé pour retomber dans la mer non loin du rivage du divin Kim.
Le parallèle est trouvé. Sur le temps que le général va se faire condamner par le Conseil de sécurité des Nations Unies, Zinedine Zidane se faisait sortir du terrain avec un carton rouge pour un coup de tête volontaire.
Oh ! les méchants…
Le capitaine des Bleus est toutefois moins méchant que le Général des Jaunes, puisqu’il a obéi séance tenante à l’arbitre et qu’il est sorti du terrain, tandis que son supérieur en grade a déclaré qu’il ne fallait pas attendre un changement de sa part.
Que serait-il arrivé si Zidane n’avait pas voulu sortir du terrain ?
La France aurait été disqualifiée et c’est l’Allemagne qui finissait deuxième. Alors que Kim Jong-il n’a pas l’intention de s’en aller. Et on le comprend, cet homme, car à la différence de Zidane qui part en vacances, où voulez-vous que le général nord-coréen aille ? A part la Chine – et encore – qui voudrait de Kim Jong-il, avec son ego démesuré et sa prétention à l’infaillibilité ?
Si nous sommes débarrassés définitivement de cette coupe du Monde de football dès demain, par contre nous risquons de jouer les prolongations avec Kim Jong-il jusqu’à ce que quelqu’un nous en débarrasse. Pourquoi ne pas demander à Zinedine Zidane la réplique de son coup de tête ? Puisque sa fin de carrière s’est ternie à Berlin, autant nous rendre ce dernier service à Pyongyang ?
Reste que la défaite de la France à la Coupe du Monde paraît pour les Français, bien au-dessus des craintes de Christopher Hill, principal négociateur des Etats-Unis sur la Corée du Nord.
Elle ouvre la voie de Ségolène Royal à la présidence de la République, rabat le caquet de Chirac qui comptait sur la victoire pour se requinquer, renvoie Villepin encore plus bas dans les sondages et met Sarkozy dans l’alternative de demander sa naturalisation à l’Italie. Alors que Romano Prodi va pouvoir prolonger sa période de grâce et que Kim Jong-il se fout de voir le peuple crever de faim…
A tout prendre, la défaite française et le triomphe italien à Berlin paraissent de loin des événements plus considérables que l’autre fou qui fait tomber ses pétards dans la mer.
Comme quoi, les peuples sont bien légers et leurs préoccupations bien superficielles.
Si nous capitulons devant une seule puissance qui détient un droit de veto, nous enverrons le mauvais message à la communauté internationale, a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Aso. L'Histoire nous enseigne que tout message non contraignant est dénué de sens, a ajouté le chef de la diplomatie nippone. Une allusion à la déclaration présidentielle non contraignante que le Conseil avait adoptée en 1998 après un essai de missile nord-coréen qui avait survolé le Japon, suscitant de vives craintes dans l'archipel.
Que cela serve de leçon à la France.
Elle ne doit pas capituler devant la défaite.
Au contraire, elle peut revendiquer une victoire par le mérite, tout au moins à Liège. Je suis prêt à voter pour elle au Conseil de quartier. Les Italiens sont bien trop bruyants pour que je leur accorde la moindre confiance.
Alors, vive la victoire des Bleus, avec l’espoir qu’à la prochaine coupe, ce ne sera pas Kim Jong-il qui sera désigné comme arbitre.