Bravo lartiste.
Nous allons laisser les apologues des grandes gazettes tresser des couronnes de laurier au professeur Léon Schwartzenberg, le bouillant médecin cancérologue mort à 79 ans de la maladie contre laquelle il a lutté toute sa vie au service des autres, afin décrire quelques mots damitié à un chanteur peu connu et que nous avons rencontré en 1979, à Liège, dans la cour des Usines Mangé où il était venu gracieusement soutenir les grévistes en donnant un petit concert, François Béranger.
Cétait un petit homme vif avec une voix étonnamment forte, qui vécut loin du show-biz et des vedettariats, tout en ayant écrit des chansons dont certaines sont encore dans nos têtes : Mamadou ma dit, Natacha, Départementale 26, le Tango de lennui, etc.
Passé la trentaine en mai 68, il ne sest jamais rangé des voitures depuis. Tandis que dautres réussissaient dans la guimauve avec moins de talent que lui, il poursuivit sa route dans sa lutte sans cesse à refaire contre le racisme, la bêtise bourgeoise et en exaltant la dignité que lon doit à tout homme, de nimporte quel pays, de nimporte quelle couleur, comme dirait Bernard Lavilliers dont il avait lestime.
Alors que tous les chanteurs font de la promo à chaque album, lui nen faisait vraiment pas assez. Réfugié à Sauve dans le Gard, il préférait vivre discrètement près des gens.
Il avait de qui tenir, son père syndicaliste à Billancourt, sera députe de la Nièvre de 1945 à 1952. Sa mère est couturière chez elle. En 1954, il devient ouvrier chez Renault. Quatre années plus tard, il fait son service militaire en Algérie où il est témoin des exactions de lArmée française. Cette période noire sera pour lui un souvenir qui lempêchera de flancher. Quand dautres passent au tiroir caisse en chantant des bluettes, lui dira son amour des pauvres, des étrangers, des mal aimés.
Démobilisé, il fera des petits boulots parallèlement à sa vocation.
Cest lui avec Dick Annegarn, Maxime Leforestier et Catherine Ribeiro qui mettent au point des tournées à prix réduits.
Jaime particilièrement le texte où il raconte sa vie.
Je suis né dans un ptit village
Quà un nom pas du tout commun
Bien sûr entouré de bocage
Cest le village de St Martin
A peine jai cinq ans quon memmène
Avec ma mère et mes frangins
Mon père pense quy aura du turbin
Dans la ville où coule la Seine
{Refrain:}
Jen suis encore à mdemander
Après tant et tant dannées
A quoi ça sert de vivre et tout
A quoi ça sert en bref dêtre né
Bref, un chic type, un militant modeste, un artiste sensible, assez pour remplir une vie.
Bravo lartiste.