Irrésistiblement Liège !
Et lacrimæ prosunt (les larmes également sont utiles)
Je ne me défilerai pas.
On ne peut écrire sur le passé récent de Liège sans évoquer les trente années de dévastation de la place Saint-Lambert par des mégalomanes du béton, des promoteurs et des spéculateurs immobiliers.
Il se trouvera bien un jour des historiens du XXme siècle qui fouilleront dans les archives.
Quelles ont été les démolitions prioritaires, les premiers bénéficiaires des expropriations et quels étaient les enjeux pour que des bâtiments classés, des vestiges archéologiques répertoriés et enfin un magnifique théâtre à litalienne aient été rasés dans les années 70 ?
Cest à la portée des documentalistes douvrir les dossiers.
Lessentiel du programme de destruction fut élaboré entre 1965 et 1970, lors du maïorat de Maurice Destenay (1963-1973).
Je laisse la conclusion aux experts.
Les cicatrices sont en parties en voie de résorption. Quelques blessures encore à vif : côté Tivoli, et gare du Palais. En souhaitant que des Associations accrochées à la mémoire de Liège lâchent les basketts de ceux qui y travaillent, afin de permettre à la génération 2000 den sortir.
Cette entrée en matière pour remarquer que le début du déclin de Liège date des grands travaux au centre ville.
Liège avec sa périphérie a toujours été de gauche, par tempérament et parce que le bassin a été avant tout laventure de la transformation de la fonte et quune tradition ouvrière vient de là.
Si le déclin liégeois fut en partie freiné, on le doit à laction socialiste. Aux grandes pointures du parti sortis du creuset liégeois.
A la veille du procès des assassins dAndré Cools, cest loccasion décrire que, sil y a un socialiste qui a lutté contre le déclin de Liège, cest bien lui.
Sa stature dépassait Liège pour inclure toute la Wallonie et finir, au boulevard de lEmpereur, par en imposer à Bruxelles.
André Cools en démissionnant de la présidence du PS, a déplacé vers Ath et André Spitaels les centres dintérêt et dinfluence. Ils sont à Mons aujourdhui et les Montois ne sen plaindront pas.
Cela na lair de rien, mais cest à partir de ce déplacement que le déclin liégeois sest accéléré.
Les décisions qui auraient pu conduire à donner de loxygène à Liège ont été prises pour dautres et par dautres que des Liégeois. Ce qui ne veut pas dire que les bénéficiaires borains et montois navaient aucun droit à faire valoir. Cest seulement le constat dun pouvoir qui sen est allé..
Si bien quau lieu despérer être le pool commercial dune Wallonie active, au lieu dêtre un nœud ferroviaire important et un des premiers ports fluviaux dEurope, cest toute linfrastructure Vertbois qui se languit, cest le Thalys qui risque de ne plus sarrêter à la nouvelle gare des Guillemins, cest enfin tous les projets en panne qui attendent des décideurs tenus par la manche pour dautres villes et dautres tâches ! (Voir Proxi-Liège de la semaine dernière)
Le constat est amer. Il ny a plus de grandes pointures à la manière dAndré Cools à Liège !
Les socialistes liégeois sont comme les abeilles dune ruche qui auraient perdu leur reine et dont les nymphes sont encore loin de la maturité.
Dix ans après la mort dAndré Cools sa perte est toujours ressentie avec une force qui se traduit par un affaissement du rayonnement extérieur de la Principauté. On a appris à se passer des Liégeois, comme sils nexistaient plus, aussi bien à Namur, quà Mons et à Bruxelles.
Peut-on rester neutre quand des forces dune « bienveillance douteuse » nous assiègent ?
Sincèrement, je ne le crois pas.
Il ny aurait donc plus personne à Liège capable de relever le défi ?
En regardant du côté de la Violette, je vois un homme jeune, qui aime sa ville et dont la stature prend dannée en année une dimension qui dépasse, quil le veuille ou non, Liège et sa périphérie. Je veux parler du bourgmestre Willy Demeyer.
Cest un modeste. Il serait le premier surpris sil lisait ces lignes. Cest pourquoi je peux me permettre de dire ce que je pense, ne roulant pour personne, nétant que de gauche sans affiliation dans aucun parti.
Au fil du temps, à le voir diriger au mieux une coalition difficile, jai acquis la conviction de limportance de cet homme.
Il peut marcher sur les traces dAndré Cools et devenir ce que ce dernier était pour la ville.
Nallez pas croire que jécris une affiche électorale et que jentonne la marche des partisans.
Si Didier Reynders avait eu les qualités requises, je me serais exprimé de la même manière pour lui, sans état dâme.
Je ne suis daucun camp, si ce nest celui de ma ville.
Mais je naime pas les enterrements de première classe. Je préfère les fanfares aux marches funèbres. Ce nest pas la réaction de lécrivain amer, du critique de la société, cest celle dun homme né place Delcour et qui na jamais oublié quil était Liégeois.
Certes, déplorons la nécessité davoir des hommes dinfluence dans une démocratie fort peu évoluée. Mais, cest ainsi et nul ny peut rien. Quand quelquun se noie, on ne brandit pas lEsprit des Lois pour lui faire la respiration artificielle.
Ce nest pas le moment de faire la fine bouche, mais de trouver vite fait un général, sans baragouiner et sans état dâme.
Et je me fous de ce quon peut penser de moi.
Il faut faire vite. Chaque jour qui passe voit une déperdition de nos valeurs.
Pour une fois que je cite un nom sans le vilipender, que celui qui na jamais senti lurgence de la situation me lance la première pierre.
Maïeur, cest à vous de dire…