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Sans prétention

Croire que les autres donnent de l’importance aux petits riens d’un diariste électronique va à rebours du titre de cette chronique.
Les coups de blues sur le NET ont autant de valeur que l’avis de la ménagère de moins de cinquante ans sur un paquet de lessive.

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Liues Narf est une adorable beurette qui porte la minijupe avec des talons de 10 cm. Elle fait une licence dans quelque chose comme l’Histoire de l’Art. Dans sa détermination à réussir, elle squatte le musée Guimet dont elle connaît les gardiens. Son adorable petit minois de vingt cinq ans se frotte à qui lui donne des sucres d’orge. C’est ainsi qu’elle descend parfois à Bordeaux pour une relation avec un bonhomme qu’elle aime le jour de l’arrivée et déteste le jour du départ.
La fenêtre de la charmante donne sur une cour où chantent les oiseaux qu’accompagnent les mobiles, au-dessus de son lit, animés au moindre souffle.

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Liues est née sur une île des mers du Sud. Mais sa nostalgie ne s’exprime pas à Paris plage. Elle se déchausse pour marcher sur le sable blanc de Monsieur Delanoë. Seule l’évocation de l’Inde la trouble. Comme toutes les jeunes femmes, elle a le « voyage-voyage » dans le sang.
Sa vie est compliquée entre un mari qui n’en est plus un et des amants qui ne comprennent pas comment elle cohabite avec son ex.
Elle écrit sur ses états d’âme avec la fragilité de plume de France Adine et la logique de la Comtesse Rostopchine.
Sans aventure réellement angoissante, elle aime se faire peur. Alors, elle raconte sa petite enfance à sa manière. Un grand méchant loup l’aurait bien dévorée, comme il avait dévoré sa sœur, dans une famille mixte où les képis accrochés aux patères donnaient du lieu l’image d’un corps de garde, si la mauvaise action de l’animal n’avait été sanctionnée par le lapin d’Alice. Le loup aux trois ficelles devint si minuscule qu’il s’enterra lui-même en tombant dans le tunnel béant d’une fourmilière!
Liues se défit de son petit capital miraculeusement intact à quinze ans. On protège la chose comme le bien le plus précieux pour s’en débarrasser dans le lit du premier imbécile venu.
Nous échangeâmes quelques chaleureux courriers, profus de part et d’autre. Ce fut un assaut épistolaire où chacun voulut avoir le dernier mot.
Après un mois d’échange, il me sembla bien la connaître. Je voulus l’inviter à déjeuner. Comme il m’arrivait parfois de loger chez une amie à Nanterre, cela m’était facile.
Liues se referma comme une huître. L’enchantement avait disparu, et pour cause, elle n’existait que pour un vieux prof qui lui pinçait les fesses dans les couloirs de la Sorbonne, deux ou trois hommes du quartier et un potache de la maison créole…
Tout plumitif est abstrait. La preuve, en dix ans de liaison, la correspondance de Flaubert a-t-elle permis au grand homme de faire plus qu’une fois tous les trimestres l’amour avec Louise Colet ?
Non. Au contraire. Leurs disputes les plus réussies furent distribuées par courrier.
Méfiance, danger encouru, mystère. Je n’entendis plus parler de Liues.
De temps en temps, je feuillette son blog pour savoir si elle est en bonne santé. La caille margotte toujours avec entrain.

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Que pense Liues de la vie, de l’amour, de la mort ? On sort des séances de bavardage en ne sachant rien. Est-elle de gauche, de droite ? Qu’évoque pour elle le système capitaliste ?
A part le béret du Che dont elle se pare quand il pleut, que sait-elle de lui ?
Serait-elle comme beaucoup de parisiennes, une handicapée de l’âme ?
« Que sont mes amis devenus ? » se lamente-t-elle dans son dernier opus. Comme si elle ne le savait pas !

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