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Avec les soldes d’automne, les prix littéraires sont démarqués.

L’édition francophone belge du livre de fiction n’a jamais vraiment existé. Son audience est nulle hors du territoire, si elle ne passe pas par des réseaux de distribution français dont elle ne contrôle pas la politique. Quant au compte d’auteur son procès a été fait par Umberto Eco dans « Le pendule de Foucault » depuis suffisamment longtemps pour y revenir. Il est donc hors de question que les imprimeries dites de labeur cachent sous leurs bobines de papier un futur Goncourt. Il faut bien que les francophones belges se rabattent sur la « maison mère » dont le siège est à Paris, pour en savoir plus.

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La saison des prix littéraires en France remet chaque année les grandes maisons d’édition en compétition. On n’a jamais vu un éditeur basé à Saint-Etienne ou Lyon avoir un Goncourt ou un Renaudot dans son écurie. Les prix décernés selon les Editeurs plutôt que selon les auteurs sont d’éternels sujets de moquerie des médias qui ne se gênent plus pour dénoncer le procédé. La suspicion pèse tellement sur la qualité des ouvrages couronnés que les tirages supplémentaires à la suite d’un prix ne sont plus ce qu’ils avaient été jusque dans les années quatre-vingts. On peut dire que les prix bidonnés font du tort aux créateurs et même à certains égards, aux ouvrages de qualité qui ont eu le « malheur » d’obtenir l’Interallié, le Fémina ou le Goncourt.
Non seulement, malgré les 900 ouvrages de fiction mis sur le marché en 2003, le nombre des « premiers livres » est infime par rapport aux manuscrits reçus, mais encore il masque une certaine mauvaise foi des éditeurs quant à la qualité d’écrivains publiés pour la première fois. En effet, bon nombre de « primipares » de l’édition, sont en réalité des nouvellistes, des poètes ou des journalistes qui ne sont pas à leur première publication.
L’Edition de langue française s’enfonce dans un tunnel sous les nombreuses traductions de l’anglais.
La nécessité de rentabiliser immédiatement un auteur sous peine de ne pas dégager les dividendes qu’attendent les actionnaires reste le facteur principal du niveau médiocre d’une ligne éditoriale à la mesure de la société de consommation. A côté de cela, il faut ajouter « l’arrogance » parisienne qui n’a souvent que du mépris pour les auteurs « de banlieue ».
Partant du même principe, les regroupements altèrent encore plus la politique éditoriale déjà fort peu agressive. Si bien qu’aujourd’hui le groupe Lagardère, par exemple, concentre à lui seul la moitié des publications en France. La Commission de Bruxelles va vraisemblablement interdire la reprise d’Editis par ce groupe, à juste titre du reste. Grâce à Hachette, Lagardère possède Fayard, Grasset, Stock, Le Livre de Poche et les Guides bleus. Avec Editis, il gagnerait Larousse, Le Robert, Bordas, Nathan, Plon, Laffont, 10/18. En matière de distribution, Hachette dispose aussi de Relay, Furet du Nord et du réseau Virgin, récemment renforcé par l’enseigne Extrapole. Resteraient en face Gallimard et les Presses de la Cité et quelques autres moins connus.
On voit bien où nous en sommes. Il ne manque plus qu’à faire imprimer en Chine pour que cela soit complet ! Devant ce regroupement en forme de nébuleuse, craint de la Commission de Bruxelles, les pouvoirs publics déjà gangrenés par les auteurs à privilèges qui prennent l’essentiel des subventions, sont atomisés par le privé. D’autant que c’est le privé qui fournit la plupart des fonds de base et qui prête ses structures aux manifestations un tant soit peu relevées, comme les locaux de la FNAC et les banques.
Dans le domaine musical, c’est peut-être pire ! D’excellents compositeurs n’ont ni les moyens d’orchestrer leurs œuvres, ni les salles nécessaires. On dirait que cette société, par ailleurs si triomphaliste, n’éprouve que du dédain pour ses forces créatrices.
Cette mise à l’écart exprime la crainte des milieux officiels de la culture. Qu’une culture parallèle fasse entendre au public une critique sociale, et voilà toute la propagande de la démocratie bourgeoise qui prend un coup.
Et ça, les pouvoirs publics et le privé n’en veulent à aucun prix !

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