Conte qui pourrait être arabe...
On imagine une guerre, très lointaine, où les hommes à défaut darmes sophistiquées senvoient des coups de bûches sur la tête lorsquils se rencontrent. Une guerre de proximité, le village du haut contre le village du bas. Avec les moyens du bord, tout y passe : injure, menace, jusquà la tuerie aussi incompréhensible que celui qui taggue les cages descaliers dun immeuble collectif dans les cités daujourdhui.
Entre deux échauffourées, une haie dépineux, large, hérissée daiguilles a été plantée de commun accord, pour séparer les deux villages.
Parfois quand la haine est trop vive, insupportable, on fait un trou dans la haie à coups de sabre, puis on se jette sur le parti den face. Quelques morts sont nécessaires pour que la tension retombe.
Et cette haine dure depuis si longtemps que lon ne sait pas pourquoi on se hait. Chaque litige lalimente, durcit les cœurs, empoisonne lexistence.
Il pleut plus sur la colline que dans la plaine ; les migrateurs nont pas pris le même chemin que lannée dernière et seuls les gens de la colline on chassé la palombe ; en dévalant de la montagne, le torrent a inondé la plaine ; les récoltes sont meilleures à proximité de la rivière ; que sais-je encore ?
Le dernier rentre-dedans est venu de la cueillette des mures et des framboises sur le roncier planté en guise de frontière ! Bilan : trois morts !
Le village du bas sétait spécialisé dans lélevage des dalmatiens et le village du haut dans celui des chiens de berger à poils courts et noirs.
Longtemps les deux races furent tenues éloignées par la haie dépines.
Un été, la sécheresse fit périr quelques plants daubépine. Des trous apparurent dans cette ceinture verte.
Lorsque les premiers corniauds naquirent, des chiots noirs avec des taches blanches et des chiots blancs avec des taches noires, la belle connerie de la guerre sauta aux yeux des furieux des deux villages.
Moralité. Entre les animaux et lhomme, il y aura toujours une espèce plus bête que les autres.
Voila une dizaine de jours que circule un plan de paix original parce que produit par un comité commun dIsraéliens et de Palestiniens.
Ce plan pour le retour de la paix en Palestine et la souveraineté de deux Etats indépendants et liés par des accords a été approuvé par lensemble des personnels politiques de lEurope.
La droite et le gouvernement Sharon crient au scandale, comme laffaire de la loi à compétence universelle pour labrogation de laquelle nous avons bougé notre pantalon afin de faire plaisir à la Knesset. Sharon et les intégristes distillent à nouveau leurs poisons et leurs menaces.
La diaspora de ce petit pays si turbulent a toujours été plus ou moins en accord avec les trublions de la droite et de lextrême droite, en gros les religieux, plus catholique que le pape pourrait-on dire hardiment.
De sorte que, surtout aux Etats-Unis, cela a toujours influencé les comportements des gouvernements, gênés par les continuelles infractions aux déclarations des droits de lhomme dont Israël est coutumier.
Ce nouvel effort de paix semble sortir la diaspora de son habituelle assurance.
Cest quasiment toute la gauche israélienne qui sest ralliée à ce programme.
Ce qui est intéressant cest de suivre lévolution de ce projet déjà combattu par tous les moyens de pression dont Sharon et ses pareils disposent.
Cela a aussi le mérite de mettre en évidence que Sharon ne veut pas la paix, quil veut à la longue bouter les Palestiniens de ce quil leur reste de leur propre terre.
Cet homme est dangereux !
On comprend pourquoi Yasser Arafat na pas voulu poursuivre le processus de paix de Camp David. Cétait un marché de dupe !
Les prochains jours verront comment Sharon aura réussi à se débarrasser de cet encombrant projet de paix.
Sil en était ainsi, la question quil faudrait que nous nous posions, cest comment pourrait-on débarrasser le Moyen Orient de la présence de Sharon ?
Cest probablement là le premier préalable à la réouverture sérieuse des discussions.