La priori envahit le Pont dAvroy.
Le journal « Le Soir » du 15 novembre est révélateur sur létat desprit dau moins un enquêteur majeur dans lenquête sur lassassinat dAndré Cools. Après ça, il ne faut guère sétonner quil ait fallu 12 ans pour boucler le dossier.
Il ny a plus quà lire la suite pour être édifié.
Le commissaire Raymond Brose dirigea la cellule Cools de juin 1992 à septembre 1996, quatre années – les premières – souvent décisives dans une enquête criminelle.
Une dénonciation anonyme met Richard Taxquet en cause. Que fait Brose ?
« Richard Taxquet avait été policier, travaillait dans un cabinet, navait jamais eu dennuis. Pour moi, il avait un a priori favorable (ex-policier et femme policière). … Il ma demandé copie de cette lettre manuscrite – une écriture de femme – pour essayer den identifier lauteur… Je lui ai remis une copie ».
Jai dû relire deux fois larticle du Soir et les déclarations de Brose.
Eh bien ! on ne peut quêtre consterné devant une pareille déclaration émanant dun gradé de la police ! Cest bien la première fois que jentends dire quà Liège on travaille sur « a priori » !
Admettons que lhomme soit sincère. Mais alors quelle naïveté ! quelle méconnaissance de tout devoir et du respect des principes élémentaires !
Remettre une copie dun document denquête à un suspect parce quil est ex-policier sans antécédent ! On croit rêver… Et si Taxquet avait trouvé lauteur de la lettre anonyme ? Que ce serait-il passé ? On nose pas limaginer.
Longtemps jai cru quil ny avait que le délit de « sale gueule » dans la police. Il faut accepter le contraire, il y a aussi à Liège linnocence de « bonne gueule » !
Dans le même journal, mais dans un autre registre, Betty Van der Biest déclare à propos de Taxquet lorsque son mari la pris à son cabinet sur la recommandation de Demolin : « à lécole, on me disait : cest un voyou. »
La conviction de Brose ne se fondait certainement pas sur des témoignages recueillis à lécole de Madame Van der Biest, mais uniquement sur le fait que Taxquet avait une profession, celle de policier, comme si cette profession était à elle seule garante de la probité dun homme !
Des déclarations pareilles font froid dans le dos. Elles expliquent pourquoi le citoyen éprouve tant de craintes à porter plainte contre des agents des forces de lordre.
Dame, avec tous nos « a priori » défavorables, comment oserions-nous protester contre des exactions, sans doute imaginaires, puisquelles seraient le fait de personnes ayant un « a priori» favorable !
Comme disait Coluche dans son sketch sur la police : « après trois avertissements, tas un blâme… ». Je ne connais pas la suite de la carrière du commissaire Brose. Jignore la réaction de la Juge Ancia. Peut-être dans son audition de la semaine prochaine, nous dira-t-elle ce quelle en pense ?
Quand même, on comprend mieux pourquoi on a traîné la savate dans laffaire Cools. Et on nest pas rassuré.