Le monde nest pas à vendre.
Le Forum social européen débute à Paris que déjà François Hollande, le premier secrétaire du PS français, réagit dans les colonnes du « Monde ».
Cest que les partis socialistes européens sont directement concernés par cette initiative qui se pose en alternative à lordre mondial du commerce (OMC).
Le Forum social fait comme si lessentiel de la gauche partait en voyage sans le PS qui resterait les bras ballants sur le quai, alors que le train séloigne.
Il y a donc urgence, non seulement en France, mais partout ailleurs où la gauche joue son avenir, de recoller au peloton.
Cette mise à lécart survient, un peu pour les mêmes raisons quau Larzac cet été. Parce que le PS a trop souvent gommé le débat politique dans le but de faire réélire ses leaders par une opinion centriste quil croit toujours prépondérante.
Le Forum social est une bouffée dair frais, un acte citoyen. Tout ce qui existe est plus puissant que ce qui nexiste que sous la forme dun vague discours.
Dabord le néologisme antimondialisation est remplacé par altermondialisation. Le Forum a lambition de proposer une alternative à la mondialisation libérale. Ce qui est une évolution appréciable.
Les propositions devront tenir compte du bonheur des gens, de leur santé et de lassurance dune vieillesse exempte de souci. Et surtout, rompant avec les schémas des économistes libéraux, les discussions porteront sur les moyens dabolir le chômage.
Il y sera aussi question du commerce équitable et des subventions des pays riches à leurs productions agricoles, faussant durablement le marché mondial.
Il ne faut pas se leurrer, tout ce qui sera débattu restera pour beaucoup une utopie. On ne peut pas sur une simple déclaration abolir du jour au lendemain le chômage et clore la pratique des surplus de main-dœuvre qui assure la stabilité en cas de surchauffe des besoins dans une économie libérale.

Mais cet usage étant une forme de mépris de lhomme et la certitude dune perpétuation de la misère dénoncée et combattue comme une monstruosité, il sera au moins établi quil existe des voies qui ne soient pas fatalement celles de la marchandisation du monde.
Il nest pas envisageable de poursuivre lexploitation de lespèce humaine dans toutes ses possibilités, même celle de lattente dun travail problématique, comme si lhomme nétait quun esclave attaché à la loi du marché.
Le Monde nest pas à vendre, est un des slogans du Forum.
Des discussions, il serait magnifique de voir émerger une nouvelle communauté progressiste dans laquelle les socialistes y auraient leur place, moyennant un certain recadrage.
Un test dans les prochaines semaines aura lieu au Parlement européen où les partis conservateurs majoritaires poursuivent la mise en chantier des dénationalisations du rail, des postes, voire des pratiques sociales qui remettent en cause le droit à la santé et à la retraite pour tous.
Fin du mois à Bruxelles, un rassemblement altermondialiste est annoncé. Cest dire si les événements se précipitent.
Deux solutions soffrent aux socialistes. Sils estiment que la voie libérale a encore du beau temps devant elle, ils participeront à la politique de dénigrement à cette nouvelle gauche, comme la toujours fait la droite. Sinon, dépassant le discours attentiste de François Hollande, ils rejoindront une ligne daction qui grâce à la force quils représentent pourrait accélérer le mouvement altermondialiste et faire de lEurope la rivale directe de lAmérique ultralibérale.
Pour cela il conviendrait que le PS dElio di Rupo et le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) de Gerhard Schröder, sentant le vent tourner, convainquent François Hollande de revoir en commun la politique des socialistes européens.
On peut toujours rêver.
Si la manœuvre reste floue et les propos discursifs, il se pourrait que ces partis plutôt que dy aller franchement se lanceraient dans une sorte de jeu du chat avec la souris, comme ils lont si bien fait avec les Verts.
Tout est possible.