Un curieux courrier du coeur.
Surprenante correspondance entre une mineure et Dutroux durant deux années.
Cet échange qui vient de resurgir dans lactualité nest pas nouveau. Il avait défrayé la chronique après lévasion de Dutroux en 1998. Il avait soulevé à lépoque des questions qui sont restées sans réponse.
En clair, cette correspondance était légalement possible puisquelle navait pas trait à laffaire pour laquelle Dutroux est inculpé et que les parents de la mineure qui pouvaient sy opposer, ne lont pas fait.
La direction carcérale, vérifie au préalable si les lettres des détenus ne sont pas liées à laffaire en cours ou à un projet dévasion.
Cette censure est une mine de renseignements sur la psychologie des prévenus, a fortiori pour celle de Dutroux qui reste une énigme.
Dans les extraits, Dutroux et sa correspondante passent rapidement du voussoiement au tutoiement, de la sympathie à la déclaration damour.
Quelles sont les raisons qui ont amené les parents de cette mineure à lautoriser de recevoir et denvoyer des lettres à ce pédophile assassin ?
Majeure à présent, cette émule tumultueuse de Madame de Grignan pourrait elle-même expliquer son intérêt pour le Sévigné-Dutroux de lignominie ?
Ce serait sans doute instructif.
Car enfin, de ce quon en a vu, Dutroux na pas le génie de la marquise de Sévigné, encore moins celui plus sombre mais davantage original du marquis de Sade.
Fadeurs et lieux communs ségrènent dune lettre à lautre, comme en pourraient écrire des immatures et des naïfs de nimporte où.
Toute médiocrité partagée, on peut se demander pourquoi ce courrier ?
La fascination du bourreau est-elle une prolongation aux films dhorreur visibles à partir de 12 ans, qui aurait séduit la jeune fille ?
Il y a eu des exemples de perversion dans des camps nazis où les victimes concevaient pour leurs capos des sentiments troubles. Est-ce cette déviance qui est en cause, par presse interposée ?
Linsensé qui a abattu John Lennon sur un trottoir de NY ou les adolescents qui dans un collège de Colombine ont mitraillé des classes au fusil de guerre sont loin dégaler la bassesse dun Dutroux tant ici les motifs des crimes sont les plus crapuleux qui soient : largent et le sexe.
Chez Sade, comme le dit Gilbert Lely, la prédication esthétique du mal exclut laccomplissement de celui-ci. Cest le vertueux Robespierre qui tue.
Or Dutroux est passé à lacte.
Pardonnez-moi la digression qui suit sur le cas Sade à lintention de ceux qui imaginent le divin marquis assoiffé du sang de ses victimes.
Poursuivi par une belle-mère tenace qui le haïssait, Sade a passé la moitié de sa vie en prison par lettres de cachets, pour avoir dans sa jeunesse usé de « poison », en loccurrence de la poudre de cantharide dont on sait aujourdhui que la cantharidine extraite de ces insectes nest quun banal vésicatoire, afin de réduire à sa merci une prostituée, du reste consentante.
En létat de la Loi actuelle, Sade eût été condamné – pour tout autant quil fût déclaré coupable - à une amende et 15 jours de prison avec sursis pour déventuels sévices corporels, ce qui nest pas prouvé, sinon le témoignage après coup de la personne sous la contrainte et probablement lappât dune récompense.
On est loin dun Dutroux.
Si Napoléon prit le relais de la belle-mère, cest ce quaurait fait, que dis-je ? fait toujours la justice, parce que Sade était vraiment un novateur dans le domaine littéraire, que ses livres donnaient le vertige et quenfin et surtout, cétait un esprit libre et révolutionnaire, ce que la Justice na jamais toléré. Les Cellules Communistes Combattantes (CCC) en Belgique et les quatre nigauds qui sen réclamaient en savent quelque chose.
Reste que lauteur de Justine a fini aux Petites Maisons (aux fous), tandis que notre prédateur national, même condamné au maximum, na plus quune bonne dizaine dannées à tirer pour redevenir un citoyen ordinaire.
Revenons à notre épistolière.
La fascination des gens honnêtes pour la crapule est en nous. Lhomme nest pas trop éloigné de la bête pour la sentir à laffût dans son corps et dans son esprit.
Labsence de toute morale et la justification des actes les plus graves sont chez le criminel le plus endurci une façon de se supporter.
Les négations les plus éhontées font partie du même état desprit.
Cette jeune fille en écrivant des lettres damour à Dutroux, a banalisé une existence vouée à la nuisance et a contribué par là à aider ce criminel dans une sorte dexorcisme qui en le dédoublant, le sauve dun face à face avec lui-même..
Et personne pour dire à cette malheureuse le tort quelle se faisait !
Il y a des démissions parentales terribles.
Je ne voudrais pas être à la place des géniteurs.
Reste quà se frotter à ce genre danormalité, cette jeune personne a commis contre elle-même un acte dune grande légèreté et qui nest pas sans conséquence.
Elle a intérêt à oublier très vite ce courrier et si la presse la retrouve, un conseil, surtout quelle ne donne aucune interview. Quelle laisse aux détraqués profonds le voyeurisme du genre « ça va se savoir » en pensant « pourvu que cela ne se sache pas ! ».