La dalle de fonte cache légout.
Laffaire Cools débute à peine et sombre dans les procédures de récusation (heureusement tempérées par de nouvelles dispositions), quon nous annonce que le procès de Dutroux sera encore plus mouvementé.
Cest quà la différence du premier, la polémique concernant les responsabilités de Dutroux et ses complices et dun ou plusieurs réseaux na jamais cessé ; tandis quil apparaît de plus en plus dans laffaire Cools que les accusés à lexception du grand absent Van der Biest sont bel et bien devant leurs Juges.
Ce qui gêne dans le procès du pédophile ce sont les certitudes du juge Langlois relayées par la presse quasi unanime dans la conviction de lacte isolé de Dutroux et de ses deux ou trois complices, contre lhypothèse du juge Connerotte et du procureur Bourlet.
Car quon le veuille ou non, ces certitudes ont été nourries de quelques témoins que lon a négligés, de pistes que lon na pas suivies. Il aura fallu toute la force de persuasion du procureur pour adjoindre à la bande de Dutroux lénigmatique Nihoul.
Peut-être le juge Langlois a-t-il raison ? Mais quelle responsabilité serait la sienne et avec lui toute la presse derrière, sil savérait que lenquête avait péché par omission et légèreté ?
Que de temps auraient été perdus, que de preuves auraient disparu et surtout comme les coupables auraient eu tout loisir de se fondre dans la nature !
Car, une instruction aussi longue qui ne débouche sur rien que lon ne savait dès le début nest pas nécessairement une instruction bien faite.
Dautant quelle devrait être dune grande simplicité et dune fluidité extrême.
Or, à entendre les parents des petites victimes, tant de questions sont restées sans réponse que lon se demande ce quont pu valoir les interrogatoires de Dutroux et consort et quont fait les enquêteurs ?
Concernant la presse, limpression dune certitude qui ne sest fondée sur pas plus déléments quont pu avoir les sceptiques procure un certain malaise. Le public est quasiment sommé de choisir. Si le lecteur émet des doutes sur labsence de réseau le voilà soudain raillé et pris pour un débile. Le Comité blanc parle carrément de terrorisme intellectuel des médias.
Dautant quà présent le sieur Nihoul est embarqué contre lavis de Langlois dans la galère. Il conviendrait quand même que le public soit informé des relations de Nihoul avec la gendarmerie et avec Dutroux.
A qui Nihoul remettait-il ses rapports dindicateur lorsquil infiltrait les « réseaux » de la drogue et de la prostitution des filles de lEst ?
Que faisait-on des informations de Nihoul, surtout celles qui concernaient Dutroux ?
Pourquoi Nihoul a-t-il « oublié » pendant six ans avoir donné mille pilules dEcstasy à Lelièvre ?
Pourquoi a-t-on délibérément tourné la page, quand des témoins affirment avoir vu Nihoul en compagnie de Dutroux dans un repérage denlèvement dans les Ardennes ?
Et enfin, est-ce digne la façon dont on a traité le témoignage de Virginia Louf, même sil est extravagant, quand on sait que cette femme a été violée tout au long de sa vie denfant avec des complicités dans sa famille, au point que lon connaît au moins un de ses suborneurs ?
On ma toujours dit que les informations publiées étaient systématiquement confrontées et recoupées. Je regrette, mais cela na pas toujours été le cas dans cette affaire où les thèses accréditées par Langlois sont quasi automatiquement prises en compte, à linverse des autres, qui sont suspectes doffice.
Aurait-on voulu semer le trouble dans les esprits que lon naurait pas pu mieux agir !
Il est temps que cela cesse. Que lon passe aux Assises et que lon déballe tout ce quil y a à déballer.
Cette impression que dès quil y a une grosse affaire, cela foire quelque part, existe depuis les tueurs du Brabant wallon et le cafouillage du juge dinstruction avec la filière boraine.
La Commission Dutroux a soulevé un voile. Ce que lon a découvert nétait pas rien et ne sentait pas bon.
La Justice doit être curée comme un égout. Replacer une dalle de fonte au dessus du cloaque nest pas une solution. On pourrait dire que le procès Dutroux à ce stade est celui de la dernière chance pour que le Citoyen recommence à croire en ses institutions.
Après cette chance, il ny en aura plus.
Ne loubliez pas.