Léchauffement par frottements des fesses du cavalier.
Sil y a de moins en moins de sujets qui fâchent dans une société qui seffondre sur son centre, il nen demeure pas moins que de la gauche à la droite, il reste des limites infranchissables contre lesquelles la moindre gazette court aux créneaux, à juste titre dailleurs. La montée de lextrême droite et le racisme sont au-delà des murs, pourrait-on dire.
Il y a donc encore des ressorts dindignation sous le matelas molletonné dindifférence.
Il est vrai que lon aurait dû adjoindre dautres dossiers comme celui de linégalité sociale et celui des femmes dont on croit à tort que lon y a progressé.
Si on laisse les choses en létat, cest que lopinion trompée par les gazettes et les politiques simagine que les seuls ennemis actuels sont les extrêmes, gauche et droite en compagnie des extrêmes religieux.
Plus personne nose avancer que lennemi le plus redoutable et qui ne recule pas, cest avant tout la misère. Et pourquoi nen dit-on rien ? Mais tout bêtement parce quil faudrait remettre en question jusquaux sièges rembourrés sur lesquels nous sommes assis. Cest-à-dire repenser toute la société dans ce quelle a de conformiste et de chloroformant.
Certes on parle bien, de temps en temps, de la faim dans le monde, des populations dAfrique décimées par les guerres et le SIDA. On en parle comme on parlerait de son teckel qui perd lappétit. De la même manière, on parle décologie. On se sent prêt à toutes les compassions pourvu que nous ne nous y impliquions guère.. On collecte les médicaments périmés et les baskets dépareillés, avec la même ferveur que lon sinsurge contre la disparition de la forêt amazonienne.
On sindigne encore, parce que les drames sont aux antipodes, si éloignés de nous que nous avons pour nous protéger un no mans land sanitaire, comme jadis le baron médiéval avait son enceinte fortifiée pour le protéger des manants.
Mais sil y a bien un sujet complètement tabou, cest bien celui de la misère à nos portes, sous nos fenêtres. Pourquoi ? Mais parce que directement concernés, il nest plus question ici de faire un chèque, de se dire : tout cela est tellement loin !
Il est question de nous-mêmes, de la façon dont nous allons réagir devant des drames si proches quon pourrait presque toucher de la main, les gens qui souffrent.
Et pour les mêmes raisons que la presse est muette, le politique absent et lindustriel aux Bahamas, nous faisons comme si nous ne voyions rien. Pire les extrêmes que nous rejetons, gauche, droite et religieux, nous leur assimilons ceux qui ne sont ni ci, ni ça, mais qui gênent notre pensée conformiste, « nos » pauvres !
Alors, se réveille toute la haine violente de ce que nous ne voulons pas connaître. Eh oui ! beaucoup de gens ordinaires sont aussi racistes quà lextrême droite. Si bien que la différence entre un militant du Vlaamse Blok et un centriste nest que dans la manière.
La preuve, cest que le Centre et lextrême droite se rassemblent au moins sur un point : la haine de lautre extrême et par corollaire, celle du pauvre qui lui est assimilée.
Certes, je rabâche… jhallucine… diront les habitués du non-événement, qui voient des nains partout, mais eux… cest pour faire rire.
Quarriverait-il si lon établissait la démocratie au suffrage universel dans les asiles daliénés ? Les travailleurs minoritaires de ces établissements devraient subir la volonté des fous.
Et si le monde occidental dévoré dambition, gonflé de puissance, sorti de ses asiles, en était là ?
Le sujet qui intéresse, qui passionne vraiment, dont parlent vos chroniqueurs, cest le caleçon double-fond pour éviter léchauffement par frottement des fesses du cavalier.
Quest-ce que je vous disais ?