Affaire Cools : Le tour du monde en 80 jours.
Phileas Fogg a gagné son pari. Passepartout a quitté le Palais des carnets de notes plein les poches.
Le rideau est tombé sur lAffaire Cools et tout le monde sétonne que lon ait pu instruire si longtemps une affaire qui nétait en somme quune machination de maffieux gravitant autour de la personne dAlain Vander Biest dont on ne saura jamais « sil en était » pour écrire à la façon dAlexandre Dumas.
Vingt ans pour les principaux initiateurs de cet assassinat, on naurait pu faire moins attendu que les bras armés, les deux Tunisiens, purgent la même peine dans leur pays.
Avec les remises et le système de conditionnelle, certains renoueront assez tôt avec la « combinazione », un sport national sous le soleil de Syracuse.
Mais cette longue instruction a donné le sentiment aux gens – à tort ou à raison – quon leur cache quelque chose, dautant que Marcel Cools, le fils de la victime et « lépouse morganatique » de celle-ci, Madame Joiret, avaient lambition « post mortem » que le père et le compagnon ne pouvait avoir été la victime que de hautes ambitions contrariées.
Cette suspicion, non corroborée par les faits, montre la piètre estime de lopinion et de la famille du disparu en la justice et les politiciens de ce pays.
Le procès Dutroux qui va suivre est du même tonneau. Pire, sans doute, quand lopinion nest pas loin de considérer les dérapages de la Justice, les fausses pistes suivies et les vraies négligées, les bizarreries dun jeune juge dinstruction et le regret de la perte de lancien, comme un effroyable gâchis.
Le petit monde officiel va devoir jouer serré dans cette affaire.
Si par malheur, apparaîtraient de trop flagrantes zones dombre au cours du procès, lopinion pourrait renouer avec le défilé de masse qui a fait trembler le pouvoir et quon a appelé « la marche blanche ».
Ce qui est grave, dores et déjà, cest quà lavance, à moins de rebondissements spectaculaires, lopinion na plus envie manifestement de faire confiance au système politico judiciaire de ce pays.
Cette confiance perdue en « Ces Beaux Messieurs du Bois Doré » est un signe que leur démocratie, le fonctionnement des institutions et lomniprésence dun gratin considéré comme faisandé sont perçus comme un parasitisme bourgeois par la plupart des Wallons.
On vote encore. On se dit de droite ou de gauche. On parle des affaires. On écoute les discours toujours triomphants. Mais on ny croit plus.
Ce nest pas du défaitisme, cest de la lucidité.
Car, à la fin, cette ténacité de nos « vedettes » à paraître, à soffrir en spectacle et à gouverner le pays, cela avec la complicité des médias, ne passe plus.
Dans cinq mois, on va voter. La plupart des Wallons ne savent pas pourquoi ils vont aux urnes. Les élus pavoiseront. Ceux qui ont le plus de voix de préférence jubileront, sans quaucun enthousiasme ne soit perçu, sauf des porteurs de serviette et des récipiendaires.
Et tandis que les rois de la piste repartiront pour un tour, que les trapézistes pour une Europe de lesprit des pères fondateurs feront des triples sauts pour nous éblouir, le Wallon fera la gueule en allant au boulot, payera ses taxes indirectes dune grande injustice pour les petites gens et semmerdera de plus en plus en pensant à lavenir quon lui réserve.
Car, les illustres auront oublié une chose essentielle dans la hâte quils ont de se construire une belle carrière en pensant aussi à leurs rejetons: celle de nous faire rêver, de nous proposer un avenir meilleur. Ils ne le feront pas, parce quils ne le peuvent plus. Ils gèrent la Wallonie comme des boutiquiers. Ils pensent comme des économistes. Ils nont pas encore vu que de cette manière, ils nous font la démonstration que ce ne sont plus eux les vrais maîtres du destin du pays et quils gèrent la boutique pour des patrons qui ne sont même pas dici.
Pitoyable justice, médiocrité des personnels, honteuse démission des grands commis de lEtat,
Pot-bouille des partis, lieux communs des discours… Les messieurs « gros bon sens » nont jamais été si nombreux dans une si médiocre partie.
Sur un show man qui nous emmerde, vite on baisse le rideau.
Eux, cela fait si longtemps quils nous emmerdent quon se demande ce quils font sur les planches. Il est vrai quils jouent devant des salles vides.