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La P(resse)... respectueuse !

Le sommeil de la raison produit des monstres. (El sueño de la razon produce monstruos)

Deux courants de pensée partagent inégalement ceux qui informent. La minorité outre un scepticisme irrationnel, a quelques raisons de se méfier de la pensée officielle. La majorité rend compte de la vie des régions, suit les ministères, les Parlements, les Partis, dans une relation la plus exacte possible des faits.
Exemples : au niveau local, on rénove la rue Saint-Gilles ; au provincial, le gouverneur promeut le tour de France ; au régional, on réfléchit sur l’avenir de la taxe de la télévision ; au fédéral, on s’inquiète du survol de la capitale dans un souci de cohabitation de la Région de Bruxelles et de la Communauté flamande.
La minorité ne dit pas que ces informations sont inintéressantes. Elle dit qu’elles sont incomplètes.
Le taux de chômage élevé, la dérive des Institutions avec la pléthore de ministres et la dilution des responsabilités, les dégâts de l’industrialisation ancienne et récente sur l’environnement, le caractère irrationnel d’une économie « mondialisée » ne sont presque jamais pris en compte. Pourtant, c’est un échec permanent qui ne s’inclut dans aucune information ponctuelle.
Vous me direz, comment un élu local peut-il être directement concerné par ce qui se passe à Bruxelles, en Europe ou dans le monde ?

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Léon Lewalle, ex-patron de la SMAP, a déclaré sur RTL dimanche 11 janvier que 70 millions environ des sommes non déclarées ont été versées aux partis politiques en cadeau. Il posséderait la liste des bénéficiaires. Deux remarques : 1. Cette ex-force vive va en appel de sa condamnation à quatre ans avec sursis pour ce qui excède la préventive en prétendant avoir voulu constituer une réserve de fonds placés en Suisse pour la SMAP. Or taper dans la caisse à hauteur de 70 millions pour arroser les partis n’est vraiment pas une meilleure façon de faire fructifier le capital. 2. Cette fameuse liste des bénéficiaires suppose qu’il y a actuellement des membres actifs de la politique régionale ou nationale qui poursuivent leurs activités et que celles-ci sont rapportées fidèlement par les médias. Ceux qui nous informent trompent donc involontairement l’opinion en tressant des couronnes de laurier à des corrompus et concourent à endormir cette même opinion en leur servant la soupe.

Les informations d’intérêt général sont de nature à infléchir favorablement l’opinion ; ces informations cautionnent le système parce qu’elles ne prennent en compte que des actions plus ou moins réussies. Or, par leur parti, par le consensus qu’ils donnent par ailleurs des options économico-politique dans lesquels ils sont engagés, nos élus de base ne peuvent être dissociés du reste. Qu’ils le veuillent ou non, les professions de l’information concourent à rendre sympathiques ces élus.
Les mandataires qui réussissent au niveau local, qui font de leurs communes des modèles d’ordre, de propreté et d’initiative culturelle sont aussi des gens qui sont responsables du taux élevé du chômage, qui cautionnent la politique libérale de ce pays et qui sont tacitement d’accord avec les orientations de l’Organisation Mondiale du Commerce.
La minorité qui met en doute la véracité de ces acteurs politiques se sent frustrée quand s’escamotent ces vices rédhibitoires.
Il y a bien quelques articles sur les sujets qui « fâchent », mais si œcuméniques, que le sceptique loin d’y trouver un apaisement, n’y voit qu’une frustration supplémentaire.
L’anecdote est rarement utilisée, sauf celle qui, bénigne, donne une image bon enfant de la personne concernée. Pourtant, elles sont souvent révélatrices. Elles ont le tort de faire réfléchir au climat délétère. Exemple pris ailleurs : « Le ministre allemand de l’économie a été suivi par des caméras durant une journée. On l’a vu en slip à la télévision allemande. Au moment où la radio branchée dans sa salle de bain annonçait une augmentation du chômage, le ministre se rasait en sifflotant un air à la mode ! »
Une réelle démocratie est une démocratie dont les citoyens s’informent, raisonnent et critiquent.
« Conviction et responsabilité se complètent et c’est ensemble qu’elles constituent l’homme authentique, celui qui peut avoir la vocation pour la politique. La grandeur de la politique consiste à assumer ce « paradoxe éthique » qui implique de chercher le salut de la « cité » au risque du sien propre. » a écrit Weber.
On est fort éloigné de ce concept.
On peut regretter que les journalistes ne s’inspirent pas des Rochefort, Gohier, Londres, Beuve-Mery et autres Pulitzer ; qu’ils soient plus des agitateurs d’idées de progrès, plutôt que le reflet d’une classe dirigeante satisfaite d’elle-même.
Peut-être qu’un jour dans cette profession aujourd’hui mal en point, quelques courageux, atterrés par l’hécatombe professionnelle, se réveilleront pour vivre une nouvelle aventure.
Je le souhaite du fond du cœur.

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