La P(resse)... respectueuse !
Le sommeil de la raison produit des monstres. (El sueño de la razon produce monstruos)
Deux courants de pensée partagent inégalement ceux qui informent. La minorité outre un scepticisme irrationnel, a quelques raisons de se méfier de la pensée officielle. La majorité rend compte de la vie des régions, suit les ministères, les Parlements, les Partis, dans une relation la plus exacte possible des faits.
Exemples : au niveau local, on rénove la rue Saint-Gilles ; au provincial, le gouverneur promeut le tour de France ; au régional, on réfléchit sur lavenir de la taxe de la télévision ; au fédéral, on sinquiète du survol de la capitale dans un souci de cohabitation de la Région de Bruxelles et de la Communauté flamande.
La minorité ne dit pas que ces informations sont inintéressantes. Elle dit quelles sont incomplètes.
Le taux de chômage élevé, la dérive des Institutions avec la pléthore de ministres et la dilution des responsabilités, les dégâts de lindustrialisation ancienne et récente sur lenvironnement, le caractère irrationnel dune économie « mondialisée » ne sont presque jamais pris en compte. Pourtant, cest un échec permanent qui ne sinclut dans aucune information ponctuelle.
Vous me direz, comment un élu local peut-il être directement concerné par ce qui se passe à Bruxelles, en Europe ou dans le monde ?
Les informations dintérêt général sont de nature à infléchir favorablement lopinion ; ces informations cautionnent le système parce quelles ne prennent en compte que des actions plus ou moins réussies. Or, par leur parti, par le consensus quils donnent par ailleurs des options économico-politique dans lesquels ils sont engagés, nos élus de base ne peuvent être dissociés du reste. Quils le veuillent ou non, les professions de linformation concourent à rendre sympathiques ces élus.
Les mandataires qui réussissent au niveau local, qui font de leurs communes des modèles dordre, de propreté et dinitiative culturelle sont aussi des gens qui sont responsables du taux élevé du chômage, qui cautionnent la politique libérale de ce pays et qui sont tacitement daccord avec les orientations de lOrganisation Mondiale du Commerce.
La minorité qui met en doute la véracité de ces acteurs politiques se sent frustrée quand sescamotent ces vices rédhibitoires.
Il y a bien quelques articles sur les sujets qui « fâchent », mais si œcuméniques, que le sceptique loin dy trouver un apaisement, ny voit quune frustration supplémentaire.
Lanecdote est rarement utilisée, sauf celle qui, bénigne, donne une image bon enfant de la personne concernée. Pourtant, elles sont souvent révélatrices. Elles ont le tort de faire réfléchir au climat délétère. Exemple pris ailleurs : « Le ministre allemand de léconomie a été suivi par des caméras durant une journée. On la vu en slip à la télévision allemande. Au moment où la radio branchée dans sa salle de bain annonçait une augmentation du chômage, le ministre se rasait en sifflotant un air à la mode ! »
Une réelle démocratie est une démocratie dont les citoyens sinforment, raisonnent et critiquent.
« Conviction et responsabilité se complètent et cest ensemble quelles constituent lhomme authentique, celui qui peut avoir la vocation pour la politique. La grandeur de la politique consiste à assumer ce « paradoxe éthique » qui implique de chercher le salut de la « cité » au risque du sien propre. » a écrit Weber.
On est fort éloigné de ce concept.
On peut regretter que les journalistes ne sinspirent pas des Rochefort, Gohier, Londres, Beuve-Mery et autres Pulitzer ; quils soient plus des agitateurs didées de progrès, plutôt que le reflet dune classe dirigeante satisfaite delle-même.
Peut-être quun jour dans cette profession aujourdhui mal en point, quelques courageux, atterrés par lhécatombe professionnelle, se réveilleront pour vivre une nouvelle aventure.
Je le souhaite du fond du cœur.