Clercs contre laïcs, un vieux débat.
La volonté de certaines femmes musulmanes de garder le voile même à lécole est incompréhensible si on sort du contexte familial pour lexpliquer, contexte dans lequel plus que le coran qui ne parle de cette obligation du voile nulle part, cest le mari et le père qui font la loi.
Alors, oui, dans certains cas, ces femmes sont victimes des violences dun certain machisme.
La contrainte est plus forte quon limagine.
Une promenade à Droixhe, le soir, fait tout comprendre.
Les jeunes filles débarrassées de cette triste obligation dêtre voilées et soumises savent combien il est dangereux dy paraître habillée à leuropéenne, tête nue et mini jupe.
Alors, la plupart sacrifient à la loi du clan. Et cest tant pis pour la liberté et la laïcité qui devrait être la seule loi que chacun devrait respecter.
On en arrive à penser que désormais la rapidité dintégration démigrées dorigine musulmane est fonction du taux de mariages mixtes !
Nous traversons une période de grande précarité doù une sélection des urgences. On oublie quà côté de lemploi, du logement et de légalité des soins, il y a aussi une crise des valeurs communes.
La laïcité toujours en quête dun statut est pourtant un idéal où chacun y trouve son compte. Il y a tout juste cent ans que cette idée généreuse a avantageusement pris corps, lorsque le conflit entre les clercs et les laïcs a enfin conduit lEtat à exister en rompant ses attaches avec la religion. Or, qui ne voit dans les sociétés musulmanes linverse, cest-à-dire le retour à une religion dEtat prégnante et incontournable, avec ce que cela suppose dune odieuse dictature sur les consciences.
A-t-on envie de revenir en arrière ?
La société iranienne daujourdhui est le reflet de ce que la nôtre a été jusquà la fin du XIXme siècle.
Les voltairiens évoquent encore le souvenir du chevalier de la Barre mort sur léchafaud à dix-neuf ans pour avoir proféré quelques mots impies sur la vierge Marie !
Le refondement de la laïcité est nécessaire.
Il conviendrait que tous les partis dune seule voix la redéterminent vigoureusement.
Cela ne va pas sans risque dans la mesure où la laïcité nest un droit que lorsquelle est également partagée. Or, comment répartir équitablement ce droit, quand tant dinégalités font obstacle à ce que ses bienfaits soient à la portée de tous ?
Dans un foyer intégriste, comment donner ce droit à celles qui sont les victimes des inégalités ?
Dans des situations de pauvreté extrême, comment rendre la sérénité et le libre choix à celles et ceux qui dépendent souvent des Communautés religieuses ?
Enfin, dans lexclusion de fait pour lemploi et le droit dêtre un citoyen à part entière, comment parler démancipation par la force de la laïcité, alors que les bonnes intentions dun Etat laïque sont battues en brèche par la réalité dun capitalisme sauvage et inhumain ?
Bien sûr, nous savons que le capitalisme est le responsable premier de cette perte de confiance dans la laïcité et que lintégrisme pur et dur est avant tout un refuge des mal aimés de ce monde. Les divers intégrismes ne prospèrent souvent que grâce à cette brutalité aveugle du profit à laquelle na pas répondu un socialisme humaniste.
Il faudrait remettre en question le lien laïque entre les citoyens pour imaginer une nouvelle façon de vivre toutes communautés confondues.
Cette recherche nous conduirait à inclure le capitalisme dans les intégrismes les plus violents. Cest sans doute la raison de lhésitation générale et de lobstruction réactionnaire et bourgeoise dun tel projet.