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La P... respectueuse en Belgique !

Les Lois qui aboutissent aujourd’hui à limiter les moyens d’expression afin d’endiguer la montée d’un racisme et d’un antisémitisme sont elles bonnes ?
Car enfin même pavées de bonnes intentions, elles ne sont que des lois établissant une forme de censure. Or, l’Histoire nous le rappelle à chaque instant, la censure n’a jamais annoncé que des périodes noires de recul des libertés en faveur d’une dictature qui ne veut pas dire son nom.
Il est toujours fâcheux que le législateur s’en prenne à la conscience des citoyens les contraignant à dissimuler leurs pensées, par conséquent à les rendre aptes à l’hypocrisie.
Ne nous méprenons pas. La Loi contre le racisme et l’antisémitisme a été inspirée par le conflit israélo-palestinien, plutôt qu’à la façon dont on brocarderait les Noirs du bas d’Ixelles,
C’est que ce conflit pourrit littéralement la vie de ceux qui le vivent chez nous en partisans ou en adversaires des deux camps.
Je comprends bien qu’il ne faut pas attiser cette rivalité. La position du Belge coincé entre les deux n’est pas facile ; mais qu’on en arrive à suspecter la société belge de tomber dans le racisme est profondément immérité.
Sans doute le Législateur n’a-t-il pu résister aux pressions d’autres Etats européens où les communautés s’exacerbent. Il est clair qu’Israël a chez nous plus d’écoute et d’influence que son adversaire, ne serait-ce que dans les médias.
Des liens étroits nous unissent à la communautés juive implantée depuis longtemps. Cette longue cohabitation s’est traduite par le mélange des cultures et une intégration vieille de plusieurs siècles.
Si Dieudonné au lieu de brocarder l’intégrisme du rabbinat de droite, s’en était pris au népotisme des dirigeants palestiniens, dont Yasser Arafat, il n’y aurait pas eu un boycott de sa tournée.
Parfois, des sursauts de dignité et des remords salutaires saisissent les responsables.
Nous apprenons en dernière minute, que le spectacle supprimé de l’humoriste a réintégré le programme du Centre culturel de Seraing.
Voilà qui va réjouir tous les amoureux de la liberté d’expression. C’est tout à l’honneur des dirigeants de cette salle.
Faut-il éviter à l’avenir les sujets qui fâchent, c’est-à-dire finalement ne plus faire de l’humour aux dépens des religions, entre autres ?
Je soumets à votre appréciation un texte de Paul Léautaud tiré de son « Journal » de 1923, Tome IV, page 220 et suivantes, à l’occasion du cinquième anniversaire de la mort d’Apollinaire.
L’auteur brocarde la religion catholique qui semble à l’écart des remous actuels, de sorte que sa lecture ne met pas de l’huile sur le feu.

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Messe à Saint-Thomas d’Aquin, pourrait en être le titre.
« Je n’avais jamais vu de si près ce que c’est que de dire une messe. C’est à mourir de rire. J’avais pensé à me retenir. Le grotesque et la bêtise de la chose dépassent toute mesure.
Ce prêtre, qui tient en main un ciboire, qui l’élève, qui trace au-dessus, dans le vide, avec une main, des signes mystérieux, c’est absolument le prestidigitateur qui vous montre un chapeau, qui vous dit : « Voyez, Messieurs, Mesdames : il n’y a rien dedans », qui fait ensuite je ne sais quelle acrobatie de gestes, et vous remontrant le chapeau en tire une douzaine d’œufs. Il faut être doué d’une incurable et monumentale bêtise pour assister en crédule respectueux à une pareille singerie. Une petite troupe de fidèles, à figures spéciales, comme tous les « fidèles », sont ensuite venus s’agenouiller en demi-cercle devant la grille de la chapelle pour recevoir « le corps de notre seigneur ». Pendant cette opération, une sorte de bedeau officiant, accroupi au côté de l’autel, se mouchait, crachait dans un mouchoir, s’essuyait le nez, se grattait le crâne, spectacle ragoûtant au possible. S’étant ainsi réconfortés, les fidèles se sont relevés et ont regagné leur place, tous passant devant moi. Non ! La figure à la fois stupide et confite de ces gens ! Rien que cela vous dégoûterait de la religion. Un prêtre est venu ensuite s’agenouiller devant la grille et a prié pour les morts, avec une vraie figure de l’emploi. Je jure bien que je ne veux pas de ces bouffonneries pour moi quand je quitterai ce monde…
« Une femme s’approche de l’autel, tenant un petit enfant dans ses bras. Au moment où le prêtre lui présente l’hostie, l’enfant étend le bras pour la saisir : « Caca ! » lui dit le prêtre pour l’arrêter. C’est merveilleux. A la fois drôle et à la fois satirique touchant cette merveilleuse religion. »

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Je vois d’ici le tollé que ferait la publication d’un texte comme celui-là en ces jours de février 2004 de haute folie mystique. Quelqu’un qui s’essaierait sur les mœurs des habitués d’une mosquée, ou pire d’une synagogue sentirait combien nous glissons vers des temps où il ne fait pas bon mettre le nez hors de chez Bouvard ou de chez Ruquier, sans un solide alibi.
On peut se moquer de tout à condition de ne se moquer que des cocus, comme a dit le professeur Choron.

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