Le cadavre, fi ?... Il est indemnisé !
La morale des Etats na rien à foutre de la morale des citoyens.
Exemple : la Libye.
Voilà un Etat au banc de la société, boudé par les Nations Unies, convaincu dentretenir des terroristes à coup de pétrodollars, responsable dattentats dont deux au moins prouvés dans laviation civile.
Le Colonel Kadhafi est un dictateur qui ne sembarrasse pas déliminer ses opposants avec sa redoutable police politique. Les photos du raïs dans les rues de Tripoli font furieusement penser à celles aujourdhui arrachées de lautre guignol de Bagdad.
Et voilà que sentant le vent, le renard du désert déserte sa tente, se rue sur son bel uniforme blanc, épingle les innombrables médailles quil sest offertes et déclare la main sur le cœur quil nest plus le terroriste infâme que naguère des avions US ont cherché à éliminer, mais un citoyen du monde, admiratif des démocraties et des Nations Unies.
Il dédommage à coup de millions de dollars des gens dont les parents ont été ses victimes, sur le temps quil livre sans vergogne ses anciens sicaires en victimes expiatrices.
Ah ! la belle âme…
Puis, il promet que son arsenal nucléaire ne saurait plus être que civil. Et il frappe à la porte de Koffi Annam pour être réintégré dans le concert des Nations « démocratiques ».
Sans plus attendre, sans inspection, sans mettre en doute quelquun qui a passé sa vie à rouler les autres, nos diplomates se ruent à Tripoli avec dans leurs valises des projets et des coopérations pour lavenir.
En tête des sprinters, notre bon La Fontaine des affaires étrangères en personne. Pour tenir des discours moraux, comme il en a lhabitude avec nous ? Non. Pour ouvrir la voie à la FEB et à quelques juteux contrats.
Pourtant la déliquescence organisée en Libye a été et est peut-être toujours plus grande que chez son cousin Saddam.
Alors ? Deux poids, deux mesures ou plutôt désastre de la politique de Bush contre les Etats voyous dont la Libye est un des plus beaux fleurons ou realpolitik du tiroir-caisse ?
Peu importe. Le feu vert américain est donné et cest la course qui commence.
Si ça se trouve sous les sables blancs du désert, le sémillant colonel a peut-être engrangé de quoi noyer le reste du monde dans des épidémies, à côté de quoi le modeste bidon de mort aux rats découvert dans un palais de lex numéro 1 irakien paraît bien dérisoire.
Décidément, la politique étrangère de la Belgique échappe encore plus au contrôle des citoyens que tout le reste.
Il ne nous reste plus quà souhaiter que Loulou-la-Formule trouve des mots qui nous convainquent que nos peurs sont injustifiées. Je me demande dans quelle fable, il va les trouver. Pourvu que ce ne soit pas dans Le Loup et lAgneau.
On a peut-être eu tort denvoyer Michel jouer Orgon chez Tartuffe. Nous avons Ducarme et Fourneaux pour alterner lemploi de Sganarelle.
On les voit dici, ces amoureux de largent dire à lultime réplique :
« Mes gages !... »
…des fois que Kadhafi épongerait leurs dettes au Trésor public…