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Une affaire d’honneur.

Le récent jugement condamnant Alain Juppé à dix ans d’inéligibilité et une peine de prison avec sursis, pour les emplois fictifs à la Mairie de Paris dont Jacques Chirac était le maire à l’époque, a suscité parmi les élus de l’UMP la même indignation que chez nous, lorsqu’à l’affaire Cools, le juge d’instruction avait découvert des anomalies dans des contrats, hélicoptères, Dassault, etc. ainsi qu’une comptabilité pour le moins équivoque au PS.
Plusieurs remarques s’imposent.
Elles sont à la fois valables pour la Belgique et la France.
D’abord, solidarité totale entre membres du parti impliqué. Déclarations de certains parlementaires qui se croient au-dessus des Lois. Replacement immédiat des inéligibles qui se trouvent privés de leurs indemnités parlementaires.
C’est ainsi que chez nous, les élus du PS, à part quelques lampistes, ont été recasés dans des sociétés annexes du pouvoir politique.
Alain Juppé n’a donc aucun souci à se faire quant à son avenir, même s’il n’est plus élu. On se souvient que juste avant que Raffarin n’allonge les années de travail pour avoir droit à la retraite, Monsieur Juppé prenait la sienne d’un de ces fromages bien gras que l’Etat distribue à ses meilleurs serviteurs, selon des mœurs répandues aussi en Belgique.
Evidemment, ce n’est ni vous, ni moi, qui bénéficierions de telles largesses.
D’une même voix, les chiraquiens se sont indignés. Certains n’ont pas hésité d’accuser les Tribunaux de partialité, appelant l’UMP à faire du coupable une sorte de héros malheureux.
L’absence de tout remord et de tout sentiment de culpabilité à l’énoncé de la peine est le propre de tous les inculpés de ce genre.
Ces gens ne se sentent pas coupables, le clament bien haut et annoncent que dès la fin de leur inéligibilité ils se représenteront.
Et généralement, ça marche.
Pourtant, le public admet difficilement qu’un élu qui nie l’évidence échappe aux conséquences de ses actes et ne soit pas traité comme un voleur de bicyclette.
Comme Juppé se trouverait grandi, s’il acceptait le verdict, cherchant seulement à démontrer qu’il n’a agi que pour le seul profit de son parti.
Eh bien ! dussé-je être le seul à l’écrire, cette situation est grave pour la démocratie.
Un élu qui ment devant la Justice(1), ment aussi à ses électeurs. Par son attitude, il tend à déconsidérer le pouvoir judiciaire, qu’il essaie d’influencer.
Déjà, ce Pouvoir judiciaire ne les juge pas comme des prévenus ordinaires. Les condamnations paraissent plus légères, le sursis est la règle. Les magistrats marchent sur des œufs…
Les affaires requièrent des preuves certaines. Dans le détail des présomptions, la plus employée est celle d’innocence.
Le sang-froid, des condamnés, l’absence souvent de scrupule, ainsi que la pratique qu’ils ont des hémicycles, font qu’ils soutiennent leur point de vue avec une absolue mauvaise foi. Et ça marche !

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Lorsqu’ils déclarent ne pas s’être enrichis personnellement signifie bien – par l’absurde - qu’ils étaient au courant des faits qui leur sont reprochés.
Le comble, c’est qu’aucun des électeurs qui les réélit n’est dupe.
C’est aussi cette hypocrisie générale qui est scandaleuse.
Élit-on un mandataire parce qu’il est honnête ou parce que c’est un « malin » entendez par là un truqueur ?
C’est à se le demander ?
Décidément, ces partis français… on se croirait en Belgique !

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1. Il est possible que Monsieur Juppé revienne sur son évidente mauvaise foi, afin de présenter une autre défense en cassation. Il pourrait, par exemple, dire qu’il avait été mis devant le fait accompli. Ce qui est vraisemblable. Mais ce faisant, ce « fusible de luxe » comme l’appelle Besancenot, découvre et fragilise Jacques Chirac, vrai instigateur de la magouille et toujours sous la protection de son mandat présidentiel.
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