Un blog bien ciblé !
Le blog du 13 mars « Un calcul dAznar » – repris par Proxi-Liège – écrit le 12, cest-à-dire au lendemain des attentats de Madrid, était prémonitoire.
Pris en flagrant délit de mensonge le Parti Populaire, formation de la droite espagnole, a perdu les élections du dimanche 14.
Il y eut un jour de trop entre les attentats et les élections, un jour qui a permis à linformation de gagner du terrain et de lemporter sur la tromperie.
La leçon à tirer de ce scrutin, cest la puissance formidable des gens lorsquils sintéressent dun peu plus près à eux-mêmes et au sort de leur pays.
Voilà un genre de démocratie qui devrait plaire aux masses et créer du souci aux mégalomanes qui nous gouvernent.
Cest parce que lévénement précédait de très peu lélection que lélecteur a eu le sentiment de jouer enfin un rôle important en votant. Ce à quoi ils ne croyaient plus depuis longtemps.
Le référendum dinitiative populaire susciterait de façon permanente lintérêt des gens aux affaires de lEtat.
Aujourdhui, entre les décisions importantes prises au nom du peuple et celui-ci, il y a toute la mise en scène dune délégation des pouvoirs qui est un despotisme qui na souvent rien déclairé.
Hélas ! la Belgique avec le mal communautaire qui la ronge nest pas prête à linteraction entre les mandants et les mandataires. Il est clair quune pareille initiative verrait les pointus des deux Flandres proposer le confédéralisme au lieu du fédéralisme. Peut-être, serait-ce loccasion de se compter ?
Pour revenir aux tribulations du Parti Populaire espagnol, les sondages lavaient crédité de la majorité absolue, voilà quil perd tout en deux journées !
Que ce soit la ministre des Affaires étrangères, le ministre de lIntérieur, le Premier ministre, voilà des Espagnols qui auront difficile à se remettre en selle pour des jours meilleurs..
Il aurait fallu dire la vérité dès le 12 mars et poser la question aux électeurs « Sil ne convenait pas de lutter davantage contre Al Qaeda ? », après lavoir désigné comme lauteur des attentats, pour que le Parti Populaire ait une chance dencore gagner les élections.
Le nouveau premier ministre socialiste va se trouver devant lalternative de retirer les troupes espagnoles de lIrak, selon sa promesse, et créditer par là Ben Ladden dune victoire sur lOccident ou les maintenir et se trouver en porte-à-faux de lopinion.
Un seul événement serait de nature à tout arranger. Ce serait la reprise du pouvoir en Irak par les Nations Unies. Nous saurons après les élections américaines, ce quil en sera.
Tout cela à cause dun Aznar qui nécoutait personne et surtout pas ses homologues européens.
Aznar nétait pas prisé des Espagnols. Sa politique proaméricaine avait été dénoncée par une majorité dans la rue qui sétait confortée de labsence darmes bactériologiques en Irak et du mensonge américain.
Une mesure impopulaire, cest-à-dire qui mécontente la majorité des citoyens, est, par le fait même, une mesure antidémocratique.
Si nous navons pas en Belgique de ces coups de dés aznardesques, cest que le MR est cautionné sur sa gauche par le PS. Cette alliance perturbe les relations du PS et les gens qui ont un sentiment dappartenir à la gauche et qui se sentent mal devant le discours libéral. Et cette alliance dresse, en même temps, une barrière à ne pas franchir à la droite volontiers anti-sociale. Malgré les grands airs de Louis Michel et cet académisme giscardien selon lequel « la gauche na pas le monopole du cœur », on réplique que depuis le 11 mars, la droite à le monopole de limpopularité et quon le lui laisse.
Le Premier ministre socialiste désigné va-t-il ressouder lEspagne à lEurope « européenne » ou transatlantique avec les Anglais, les Danois, les Italiens et bientôt les Polonais ?
Nous le saurons dans les semaines à venir.
En attendant, cest toute la droite européenne qui devrait sinquiéter.
Les majorités abusées ont parfois de ces retournements !