Un calcul dAznar.
Dans ce monde plein de faux-culs, il faut avant dexprimer une opinion autre que celle généralement soufflée aux gens, user des plus extrêmes précautions.
Pour reprendre un exemple significatif : qui critique la politique de Monsieur Sharon risque de passer pour antisémite par des gens influencés par ou liés aux intégristes de Tel-Aviv.
Aussi avant daller plus avant dans la tragédie du réseau ferré espagnol, il convient de dénoncer les attentats avec la plus extrême vigueur.
En Belgique, nous avons beaucoup daffinités avec les Espagnols, des attaches aussi qui ne sont pas que liées aux vacances.
Personnellement, des sentiments profonds munissent par le cœur et la pensée à lEstrémadure et la Sierre de Gata. Ceux de là-bas, sils me lisent, comprendront.
Je nai pas de leçon à recevoir sur le respect que lon doit aux victimes de ce 11 mars 2004.
On ne peut pas en dire autant partout et y compris dans le camp des donneurs de leçon. Je suis effaré de la réaction à chaud de Monsieur Aznar et de son ministre de lintérieur Monsieur Angel Acebes qui accusent lETA de cette série dattentats au cœur de Madrid, sans savoir !
Non pas que jaie une sympathie quelconque pour lETA et ses tueurs, mais parce que accuser sans preuve aucune, rien que par convenance électorale est indigne dun chef de lexécutif et en dit long sur sa volonté de récupérer le retentissement de la tragédie à trois jours des élections.
Aujourhui 13 mars, il semblerait que El Qaeda soit seul impliqué dans ces explosions planifiées et en chaîne. Malgré les évidences, lExécutif espagnol ne varie guère dans ses propos.
Les simples lecteurs dune presse qui informe se souviennent des rapports des polices françaises et espagnoles au sujet de lETA, à savoir que cette organisation criminelle était décapitée et ses principaux responsables arrêtés. Selon les services de Monsieur Sarkozy, il nexisterait plus (En 2003) que de petites unités diminuées, fort dispersées et incapables de perpétrer des attentats denvergure.
Les témoignages dexperts espagnols confirment que ce nest pas dans les méthodes de lETA de mener des actions coordonnées dune exécution toute militaire que celles que les Madrilènes ont subies ce 11 mars.
En clair, Aznar a joué la carte américaine en Irak, contre lopinion majoritaire en Espagne. Sil savérait que cest à la suite de cet engagement que lattentat a été perpétré, il serait possible que le scrutin de dimanche sen trouve modifié. Par contre, le crime signé de lETA, cest le succès garanti de la droite espagnole et son parti « populaire ».
En laissant planer le doute, Aznar a de bonnes chances de gagner les élections.
Cest aussi simple que cela.
Quon ne vienne pas avec des raisonnements tordus comme jen ai entendus sur la radio dEurope n° 1 ce 12 mars, selon lesquels lETA aurait été capable de faire sauter les trains trois jours avant les élections pour que la droite lemporte à coup sûr, en raison de lopposition farouche de celle-ci à toutes solutions daccord !...
Jespère quen allant manifester avec les Espagnols dans les rues de Madrid, nos ministres nentreront pas dans le jeu dAznar. Ce serait à mon avis cautionner le délit de sale gueule que la droite espagnole accole à des gens, peu estimables certes, mais uniquement pour des raisons de cuisine électorale.
Les victimes ont droit à tous les respects. Ils ont droit à la recherche de la vérité sans laquelle les coupables risquent de courir longtemps.
Bien souvent les responsables de nos démocraties ne sont pas à la hauteur des enjeux dans des circonstances où la Justice et lHonneur sont plus que jamais nécessaires.
Cest aussi bête que ça, derrière les drapeaux en berne et les rubans noirs, il y a des malfaisants aussi, même sils ne sont pas si nombreux et si violents que chez Oussama Ben Ladden.
En temps de paix, sils ne font pas tant de dégâts que les terroristes, en temps de guerre, ils les dépassent. Alors, un peu de modestie dans les tribunes et les premiers rangs des défilés. Récupérer la douleur des gens pour conserver la conduite des affaires na jamais été quun exercice méprisable.