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Un candidat sérieux à la direction du Théâtre de la Place.

- Vous postulez l’emploi vacant de Directeur-général du théâtre de la Place. Quelles sont vos références ?
- Elles sont nombreuses et variées.
- Voulez-vous être plus précis.
- J’ai des dossiers sur pratiquement tout le monde.
- Et au point de vue artistique ?
- Vous savez bien que dans ce domaine tout le monde s’en fout.
- Vous aussi ?
- J’ai toujours eu beaucoup de respect pour le travail de Jean-Louis Colinet en ce domaine.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Ne comptez pas sur moi pour me mettre à dos le personnel de Liège comme Marie-Claude Pietragalla à Marseille.
- Je ne comprends pas.
- Je vais poursuivre le travail de mon auguste prédécesseur : un théâtre de gesticulations. Cela fait moins de textes à apprendre et moins d’efforts de compréhension pour le public.
- De la pantomime ?
- Non. Il y aura des bribes de phrase… des logorrhées principalement, entrecoupées d’onomatopées.
- Un théâtre politique ?
- Il aura l’air d’en faire tout en n’en faisant pas, avec une petite préférence pour une gauche légèrement centriste sous des dehors carrément gauchiste.
- Comme votre illustre aîné, en quelque sorte ?
- Il faut plaire à tout le monde dans le milieu.
- Pas trop de pièces intellectuelles ?
- Les jours où le personnel sera en grève nous programmerons ce genre de spectacle.
- Mais s’il n’y a personne sur scène ?
- En général, il n’y a personne dans la salle non plus.

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Un théâtre de genre. Avec des artistes chevronnés. Des gens sérieux et sûrs… des pros…

- A jouer à guichet fermé ?
- Bien entendu. Ce sera l’occasion de faire une soirée porte ouverte par la même occasion.
- Et les auteurs locaux ?
- Même politique que mon prédécesseur. J’accepterai tous les manuscrits sans jamais les lire.
- Vous allez décevoir nos écrivains locaux.
- Je les décevrais bien davantage en disant ce que je pense après les avoir lus.
- Et ceux qui vous sont recommandés ?
- S’ils nous apportent aussi les subsides dont nous avons besoin, ce sera avec plaisir et sans problème.
- Sans même les avoir lus ?
- Vous connaissez un membre du jury que ce soit de la poésie ou toute autre manifestation littéraire à Liège qui lit les manuscrits avant de décerner les prix ?
- Bien…
- Un jury conscient de ses responsabilités lit toujours les manuscrits après qu’ils aient été primés.
- Pourquoi ?
- Mais c’est du temps gagné, voyons.
- Ce ne serait pas le jury qui établit le classement ?
- Jamais. Vous voyez d’ici la pagaille ? Chacun pousserait son candidat. Il est bien plus raisonnable que ce soit quelqu’un de l’extérieur sur un simple coup de fil qui règle le problème. Eh bien ! qu’on se le dise, le théâtre de la Place fera la même politique. Comme il l’a toujours faite par le passé.

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- C’est-à-dire ?
- Nous attendons les coups de fil.
- Ça promet !
- Oui, nous engagerons une standardiste de plus.
- Vous quitterez bientôt la place pour l’Emulation. Qu’en pensez-vous ?
- Nous partirons avec tristesse, mais détermination.
- Pourquoi tristesse ?
- Parce que nous pensons au seul échec de Monsieur Colinet.
- Ah ! oui… ?
- Oui, malgré ses efforts, il n’a pas réussi à faire classer la tôlerie remarquable du bâtiment de la place de l’Yser. Et cela, pour l’art architectural à Liège, c’est un désastre !

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