Bush, Blair, Sharon et les autres...
Délaissant des projets modérés, Bush vient dapprouver le nouveau plan de Sharon, fort défavorable aux Palestiniens. Cela nest pas de nature à apaiser les esprits.
Se déjugeant de sa dernière proposition daccord, « la feuille de route », le Président américain poursuit son cavalier seul - si lon excepte Tony Blair, le compagnon zélé - dans son appui unilatéral à Sharon, malgré la désapprobation des Nations Unies et des partenaires européens.
Le dernier plan de Sharon est particulièrement préjudiciable à lensemble du peuple palestinien. Il remet en question le tracé de la frontière avant la guerre de 1967, entérine la mainmise des colonies « sauvages », à lexception de celles de Gaza, qui mordent allègrement sur la Cisjordanie et exclut tout rapatriement des exilés palestiniens sur leur terre dorigine.
Bref, cest le diktat dun homme et dune armée.
Israël devient « un cas » dans le concert des Nations, comme lont été jadis la Libye et lIrak.
Il ny a pas dexemple dun autre état, pour collectionner les résolutions des Nations Unies contraires à sa politique. LIrak sest fait envahir par lUS Army pour moins que cela.
Il ny a pas dexemple aussi dun autre Etat qui nait jamais tenu compte des mises en garde avec autant de désinvolture, confiant que les pays de la vieille Europe ne feront rien dhostile tant quil aura lappui américain.
A trop flatter lélectorat juif pour sa réélection, le Président Bush senfonce en Palestine dans une politique catastrophique pour le monde occidental. On comprend pourquoi Ben Laden est très attaché à sa réélection. Avec ce président-là, il est assuré dune escalade dans laffrontement. Le but final du terrorisme est lembrasement de tout lIslam, à croire que son ennemi partage aussi ses vues.
Avec lappui de certains médias occidentaux, Israël tente de reprendre son ascendant sur lopinion européenne, selon sa méthode habituelle : référence à la Shoah et dénonciation outrancière de ce quil tente de faire passer pour de lantisémitisme. Ses partisans sentent quils ont mauvaise presse, malgré quelques médias gagnés depuis longtemps à leur cause.
Le récent reportage du cinéaste Elie Chouraki dans un établissement public et un lycée privé à Montreuil, montre les limites dun plaidoyer exclusivement au service dune cause..
Ces déformations contraires à lobjectivité sajoutent à bien dautres manipulations de lopinion. Il y a un risque que cela fasse un effet contraire à ce que voulait la Communauté juive en Europe. Elle serait alors par les excès de zèle de ses prosélytes, mise en porte-à-faux vis-à-vis des autres communautés.
A force de souffler sur le feu de façon délibérée, les amis dIsraël seraient-ils en train dagir selon la même politique que Ben Laden, en poussant la partie adverse à la faute ?
Il y a dans ce rappel constant aux lois contre lantisémitisme une sorte de jeu du « Chat perché ». Israël fait ce quil veut, et parfois de façon discriminatoire et particulièrement raciste à lencontre des malheureux palestiniens. Dès que la réaction devant un tel déni de justice se fait sentir dans des terres où le citoyen a encore son mot à dire, il joue à la victime et hurle au racisme !
Cioran a eu une réflexion dans les années septante qui pourrait résumer un sentiment qui gagne du terrain en 2004. On ne peut mieux illustrer létat desprit de la population européenne, en général, même si, habilement à force de références au passé douloureux, les partisans dIsraël y trouveraient leur miel et loccasion belle de jeter lopprobre sur un racisme rampant.
« La raison profonde de lantisémitisme : les Juifs font trop parler deux, ils sont trop présents, ils ne se font pas oublier, ne serait-ce que par tactique, par habileté. Je me rappelle le mot quavait employé à leur sujet, le docteur Druard, type de Français modéré « vieux style » : ils sont encombrants ». (Cioran, Cahiers 1957-1972)
Pour nous Européens, la situation extérieure à lEurope que constitue le chaudron en ébullition palestinien pourrait nous entraîner dans des conflits dans lesquels nous navons aucun intérêt à nous immiscer, pour la bonne raison que la force ny fait pas bon ménage avec le Droit et quil est impossible de sinterposer entre des populations sans défense et un Etat super armé, sans prendre fait et cause pour ceux dont la faiblesse est criante.
A force den trop vouloir, la politique de Sharon conduit à un affrontement avec les populations arabes. Compte tenu des disproportions démographiques, même avec lappui des Etats-Unis, à terme, Israël devra composer ou disparaître. Et plus il attend, plus chère sera la facture.