Le comble de la vitesse...
Epoque à grande vitesse, les modes, les habitudes, les relations : bonjour, bonsoir. On na plus le temps. On dit que la vie sallonge. On va jusquà 80 piges, voire davantage.
En est-on sûr ? Comme tout va plus vite, on ne voit pas le temps passé... et comme on ne sest pas vu vieillir, on se retrouve au bout du compte plus vite à la fin que lorsquon mourait à 50/60 ans ! Cest la loi de la relativité appliquée à la société de consommation.
Les mariages, les divorces… on ne traîne pas en route. Sitôt marié, on se cherche un motif pour divorcer. Cest tellement rapide que - peut-être lavez-vous remarqué – il ny a plus de déclaration damour ! Vous me direz : les « Je taime pour toujours », même par le passé, ce nétait pas très honnête, mais enfin, cela faisait plaisir. On avait le temps de souffler les bougies : déjà deux ans que lon se connaît… Maintenant on dit : « deux mois quon fait lamour, tu ne crois que ça commence à bien faire ? »
On était romantique lorsquon offrait des fleurs deux fois par semaine à lêtre aimé. En 2004, on ne sait plus si on a souhaité lanniversaire de lannée dernière à la charmante qui partage votre couche, on se jure bien quon le fera cette année ; mais comme cest en septembre et quon est en mars, dici-là on a des chances de loublier.
A la vitesse où ça va, on peut plus sarrêter pour lire tranquille son journal à la terrasse dun café. Cest un exercice réservé aux vieux messieurs. Un journal, cest beaucoup trop long ! Il y a des pages et des pages, on sénerve rien quà lépaisseur. Les feuilletons nen finissent plus. Les épisodes sont en réalité des chapitres, tout ça finit par faire : 300 pages ! Qui est-ce qui a encore le temps de lire 300 pages ? Surtout sil faut intégrer 20/30 personnages aux noms à coucher dehors.
Je ne vous dis pas… dans Dostoïevski, ils vous tombent dessus par paquet de douze. Quand on fait une thèse à luniversité sur les bandes dessinées, ça fait mal. Retomber dans la soupente de létudiant qui assassine sa logeuse et qui se repent tout le reste de lœuvre, après Astérix, cest dur !
Aussi des opportunistes vous font des histoires de 6/7 lignes pas plus. Des haïkus pour lecteurs pressés, des histoires à suivre les péripéties avec le doigt. On a déjà des maîtres du paragraphe, Anne Gavalda, en forme, vous brosse une histoire en 20 pages gros caractères double interligne. Très pratique, jai lu un Christian Bobin en faisant la conversation et la vaisselle en même temps, sur une demie heure.
Pris par la frénésie, à bout de romantisme, je boucle cette chronique à moitié chemin de ce quelles sont dhabitude !
Et pour ceux que ça décourage à suivre mes méandres, je les remercie daller jusquau bout de ceux-ci.