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L’Europe des enfoirés.

Plutôt minable « la fête » à Bruxelles pour l’adhésion des dix nouveaux pays membres.
Les lances de l’averse de Verlaine ne concouraient pas à exalter la poésie lyrique, mais encourageaient plutôt les has been de kermesse à faire la gueule.
Le premier ministre au micro masquait à peine le vide derrière lui, malgré un cadrage très rapproché. Il semblait même, le pauvre, avoir perdu une dent de plus dans l’aventure. La téloche est impitoyable pour les plus de 40 ans. On finira par se demander si les épaves qui nous gouvernent ont encore le droit de se montrer à cause du bourdon qui nous saisit à leur spectacle ! Votez Glamour serait le slogan parfait de l’abstention pour le 13 juin.
On sent bien que l’Europe qu’on nous fabrique à grands renforts de bureaux, de nouvelles créatures sur des tapis plain épais comme les poils du sexe de la femme à barbe, avec des salaires à faire loucher le travailleur honnête, est une Europe qui n’est pas fréquentable pour tout le monde.
Les gens de la télévision qui se sont promenés entre deux draches ont eu bien de la peine à céder le micro au pékin enthousiaste. Et quand le hasard le permettait, ô stupeur, c’était l’interview d’un con… Cela nous montre bien la vanité de ces sortes d’exercice.
L’esprit fancy fair a résisté une heure ou deux, avant de sombrer dans le néant des baraques à merguez vides et des vendeurs de ballons bleus désolés de ramener pleines et lourdes les bonbonnes de gaz.. C’était l’esprit des patronages et des réunions scoutes. La religion s’est décantée ou a fichu le camp, est restée la pâte molle des gaufres au sucre. L’Europe en a déjà fait une large consommation pour sa propagande. On peut le dire, on est en plein dans l’Europe des petits marchands ambulants, chers à Mené qui sait comment nous tirer des larmes à leur propos.
Les patriotes, qui résistaient à l’envie de s’abriter chez eux, avaient de ces tronches à béret et médailles à se faire cuire un œuf sur la flamme du soldat inconnu, rien que pour les emmerder.

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Alors ?
Ceux qui vivent au ras des pâquerettes, qui triment dur pour pas grand-chose, que peuvent-ils attendre de cette foutue Europe ?
Une seule bonne chose : l’assurance qu’on ne se tapera plus sur la gueule entre Européens et l’assurance qu’on ne nous emmerdera plus à la périphérie.
En effet, à part l’Amérique ou la Chine qui pourrait attaquer 450 millions d’habitants sans se retrouver KO ?

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Pour le reste, c’est plus inquiétant.
Les Allemands de l’Ouest paient encore la facture de la réunification avec les Allemands de l’Est ! La différence du niveau de vie, si elle s’atténue, n’en est pas moins toujours là, alors que voilà quinze ans que le mur de Berlin a été détruit.
Les nouveaux adhérents à l’Europe vivent avec 40 % du revenu moyen des Quinze. Ce ne sont pas les quelques années d’adaptation qui nivelleront les différences.
Ce n’est pas que je sois adversaire de partager les richesses, au contraire, mais déjà qu’ici il existe une partie appréciable de la population qui frôle le seuil de pauvreté, dire à un pensionné ou à un allocataire social qu’il se pourrait que ses « revenus » soient diminués à cause de l’Europe, alors que nos baveux disent le contraire dans les micros, j’aime autant ne pas être Elio Di Rupo le jour où il faudra qu’il s’explique sur l’Europe de la solidarité.
C’est, une fois de plus, une lourde responsabilité que prennent les gauches européennes en mordant à pleines dents dans le gâteau des Institutions des vingt-cinq, sans se préoccuper outre mesure de monter une société plus juste, si ce n’est par des évocations et des discours du genre de ceux que nous avons entendu au kiosque d’Avroy le premier mai.
Je veux bien que la collection de gogos qui gravitait autour des sopranos du soap-opéras au muguet n’a pas varié d’un pouce dans sa contemplation imbécile des idoles, mais, elle n’est pas la gauche, elle n’en est qu’une partie chloroformée et pathétique… un avatar.
S’il y a bien une urgence, c’est de construire une gauche en Europe, sinon les « A bras le cœur » d’en face pourraient bien nous le briser avant de nous les briser par la même occasion.

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