Mickey contre Michael
Michael Moore, pour Fahrenheit 9/11, a obtenu la Palme dOr au festival de Cannes 2004 .
Je nai pas vu le film. Cest un documentaire.
En principe, les documentaires en 35mm dans une salle obscure grand format memmerdent prodigieusement. Le Commandant Cousteau et Francis Perrin ny ont rien changé.
Bowling for Columbine du même Michael Moore ma tenu éveillé jusquau trois quarts de sa projection. Pourtant, il dénonce lamour trop intempestif de lAméricain moyen pour les armes à feu et méritait toute mon attention. Mais, cest ainsi.
Je trouve que le documentaire nest pas fait pour le grand écran.
La télévision est son domaine et encore, par petites doses ou alors appuyé par des spécialistes dont il souligne le débat.
Le cinéma est fait pour raconter une histoire, pour faire rêver. Certes la vie de la crevette grise en mer du Nord a son intérêt, mais quon ne me vienne pas dire que cet intérêt passe par une grosse heure dimages de fonds marins et de commentaires sous-titrés.
A lire les commentaires, Michael Moore sen prend cette fois à Bush junior.
Bon sujet. Ce président, est sans doute, parmi les plus néfastes quaient eu les Etats-Unis.
Là-dessus nous sommes daccord.
Ce que je reproche au film – sans lavoir vu, je précise – cest laccumulation de bandes anciennes dactualité que nous avons tous – plus ou moins – regardées quelque part qui, collées bout à bout, font un documentaire-réquisitoire, du genre Columbine.
Je sais : jirai voir ce film. Je sais que jen sortirai somnolent tout en applaudissant Michael Moore pour son œuvre courageuse et en félicitant le festival qui a osé le récompenser.
Si ces documentaires ont une utilité, cest en regardant ce qui se passe autour : les réactions des intéressés, la machine dEtat, les intérêts financiers et les réactions de laudio-visuel.
La société Miramax de distribution de films et filiale de Walt Disney a refusé la distribution Fahrenheit 9/11 parce que les passages dirigés contre la famille Bush risquaient de compromettre les exemptions dimpôts de lEtat de Floride où cette entreprise à ses bureaux.
Pour la petite histoire, cest le frère du président, Jeb Bush, qui est le gouverneur de cet Etat.
Les intentions du Jury et de son président Tarantino ne sont pas nettes, non plus.. Personne nest dupe quant aux intentions purement esthétiques qui auraient prévalu à ce choix. On la bien vu comme ce président du Jury – dont je ne critique pas les choix – a propulsé au premier rang des acteurs et des films que lon na pas lhabitude de voir à Cannes.
Mais, encore une fois, cest très bien ainsi.
Nul ne sen plaindra.
Dautant que Moore est un bon gros sympa. Il était avec les intermittents du spectacle qui protestaient sur la Croisette. Il soutenait le personnel du Majestic en grève pour un salaire décent et lengagement ferme des femmes de chambre temporaires. Il a cassé la graine avec José Bové sur la plage municipale avec les « ignorés » du cinéma.
Il est bien Michael Moore. Il est bien.
Dommage quil ne se résolve pas à faire un vrai film du genre « Les temps modernes ». Il a tous les ingrédients quil faut. Le scénar, sil en veut un, il trouvera dix scénaristes prêts à travailler pour rien. Les vedettes, avec un type qui vient davoir la Palme dOr, elles se rueraient au casting. Les décors, lAmérique profonde lui tend les bras, même sil y était reçu à coups de revolver.
Je parie quavec les recettes escomptées, Mickey lui-même, ferait taire son patriotisme bushien pour plaire à lOncle Picsou.
Ah oui ! Evidemment, pour raconter une histoire avec des personnages qui se tiennent, il faut du talent. Peut-être, que Michael Moore en a aussi ?
Ce serait alors la véritable révélation, celle du festival en 2005, peut-être ?